Cet article fait partie de notre guide: OpenStack : le Cloud a trouvé son socle standard

La démocratisation d’OpenStack aura lieu dans un an et demi

Lors de l’événement Openstack In Action, LeMagIT a tenu à faire la lumière sur ce qui anime OpenStack en France. Avec une question à l’esprit : alors que la plate-forme Open Source fait les gros titres, les entreprises la considèrent encore de loin , au sein de projets pilotes.

OpenStack est toujours en avance de phase. La plate-forme logicielle Open Source qui permet de doter un cloud des mêmes fonctions d’élasticité qu’Amazon AWS, fait les gros titres mais l’essentiel de ses déploiements se situe encore dans des projets pilotes, chez des telcos, chez des banques ou chez de gros éditeurs en ligne, comme eBay ou ComCast. « La démocratisation d’OpenStack dans le tout venant des entreprises se fera lorsqu’il y aura une labellisation des applications pour OpenStack, d’ici à un an et demi », explique ainsi Nicolas Barcet, le vice-président des produits chez eNovance, l’intégrateur historique d’OpenStack. Ce label OpenStack-compatible, quand il existera, servira à identifier sur les app-stores en ligne toute application SaaS capable de venir s’exécuter dans un cloud privé, pour peu qu’il soit lui aussi OpenStack-compatible, ce qui présentera pour les entreprises l’avantage de ne pas envoyer leurs données sur des serveurs publics. Au pire, lors des pics d’activité, l’application pourra aller chercher des ressources de calcul supplémentaires dans un autre cloud, potentiellement public, mais les données resteront à demeure.

« Mais nous n’en sommes pas là. Il faut déjà repenser intégralement la manière de concevoir des applications en cloud », dit Nicolas Barcet. Selon lui, les early-adopters en sont plutôt à identifier les pratiques possibles. « Par exemple, nous avons des interlocuteurs qui testent OpenStack dans les domaines du calcul massif, ou encore du Big Data, où la plateforme permettrait de construire des moteurs d’analyse à la demande », ajoute-t-il, en rappelant qu’OpenStack n’est né qu’en 2010.

Les early-adopters sont surtout les industriels américains

Surtout, les premiers à déployer OpenStack sont ceux pour qui il est urgent de fournir les mêmes possibilités qu’AWS. Il y a les fournisseurs de services qui veulent se doter d’une offre IaaS leur permettant de se positionner face au cloud public d’Amazon. En France, seuls Numergy et CloudWatt l’ont fait. OVH s’y met, en adoptant dans son offre Hubic le module de stockage Cinder d’OpenStack. Il y a aussi les grandes entreprises qui ne peuvent se permettre d’aller chez AWS. Safran, Alcatel et Axa sont les françaises qui acceptent d’être citées. Il y aurait aussi des banques. « Mais il est certain que le marché américain a une bonne année et demie d’avance sur la France, laquelle est déjà en retard par rapport à l’Angleterre ou l’Allemagne sur OpenStack. Sans doute parce qu’il est plus culturel là-bas de mettre rapidement en production des technologies d’avant-garde », estime Raphaël Ferreira, PDG d’eNovance, qui estime que le chiffre d’affaires qu’il fera aux USA sera plus important que son CA en France d’ici à un an. eNovance est reconnu comme l’un des deux principaux intégrateurs OpenStack dans le monde, avec l’Américain Mirantis, alors qu’il s’agit paradoxalement d’une entreprise française.

Par ailleurs, les forces en présence dans le monde OpenStack semblent particulièrement mobilisées par les acteurs américains des télécommunications, principalement AT&T et Cisco, lesquels planchent sur des équipements virtuels capables de devenir élastiques dans le cloud. Mais aussi par des marques comme eBay ou ComCast (le plus gros opérateur du câble dans le monde) dont l’activité est telle qu’elle ne peut être hébergée que dans leurs propres datacenters. Sans solution générique déjà prête à l’emploi, tous ces acteurs demandent qu’on adapte OpenStack à leurs besoins.

Le marché français miné par les solutions propriétaires

Un constructeur de serveur, que LeMagIT.fr a rencontré lors de l’événement OpenStack in Action qui s’est tenu la semaine dernière à Paris, évoque également, sous couvert d’anonymat, le travail de sape que VMware ferait en France. L’éditeur, numéro 1 des offres de virtualisation, s’appliquerait plus qu’ailleurs à mettre en avant son produit concurrent vCloud, qui offre les mêmes capacités d’élasticité pour les applications SaaS qu’OpenStack, mais sur une base totalement propriétaire. « Mais ce que VMware ne dit pas, c’est que vCloud, ce sont des déploiements qui coûtent plus de dix fois plus chers qu’OpenStack et que, contrairement à ce que l’on pourrait croire, c’est autrement plus compliqué à mettre en route », révèle-t-il.

IBM et HP font également preuve d’un support important d’OpenStack en France, mais moyennant la fourniture de rouages propriétaires qui verrouillent la solution sur leurs propres technologies. EMC et VMware devraient prochainement arriver avec des offres censées mettre du cloud public OpenStack dans les clouds privés français, ici aussi par le biais de modules propriétaires ViPR et VNX qui remplacent respectivement les modules de stockage et de réseau d’OpenStack. « Tout ceci complique énormément le travail d’une start-up qui voudrait aujourd’hui se lancer en France pour proposer de l’OpenStack aux entreprises. Car, contrairement à ce qui s’est passé lors de la démocratisation de Linux, OpenStack est un produit Open Source qui est tout de suite devenu très complexe », résume Raphaël Ferreira. Lui-même dit qu’eNovance ne fera pas de distribution OpenStack prête à l’emploi, alors que des petits acteurs en assemblent dans d’autres pays : « il y a désormais trop de négociations à faire avec tel ou tel constructeur pour s’assurer qu’OpenStack sera correctement supporté par eux. » Il prédit néanmoins que cela devrait changer lorsque le processus de labellisation se mettra en place.

Les seuls OpenStack totalement Open Source et prêts à l’emploi en France sont pour l’instant les distributions classiques de Red Hat et Suse. eNovance propose en Europe une solution dite Pod, comprenant, outre son service d’intégration, un serveur PowerEdge VRTX tout en un de Dell et une distribution Red Hat préconfigurée. De l’aveu-même d’eNovance, il s’agit surtout de produits censés permettre aux entreprises de développer des applications compatibles OpenStack. La mise en production viendra plus tard.

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