Entretien avec Christian Pinguet, DSI de Filhet Allard

Filhet Allard, un des tous premiers courtiers français, a basculé une partie de son informatique dans un cloud privé. Une stratégie audacieuse pour une ETI française dont les métiers de l’assurance demandent chaque jour plus d’agilité, témoigne Christian Pinguet son DSI.

Filhet Allard, un des tous premiers courtiers français, a basculé une partie de son informatique dans un cloud...

privé. Une stratégie audacieuse pour une ETI française dont les métiers de l’assurance demandent chaque jour plus d’agilité, témoigne Christian Pinguet son DSI.

LeMagIT.fr : dans quel contexte a été conduit le projet de migration vers un cloud privé ?

Christian Pinguet : la mise en œuvre d’un Cloud privé s’inscrit dans une stratégie globale d’alignement du SI sur les enjeux métiers du groupe, avec, en particulier, un objectif de recherche d’agilité. Le Comité de Direction du Groupe Filhet Allard, après une phase d’analyse, a validé le lancement du schéma directeur stratégique du système d’information (SDSSI), fondé sur la mise en place d’un système d’information urbanisé, privilégiant une architecture orientée services. Afin de permettre à la DSI de maîtriser cette rénovation avec efficience, tout en apportant une meilleure qualité de service, le SDSSI traite aussi des rôles, positionnement et organisation de la DSI et de la gouvernance du SI au niveau Groupe.

Le comité de Direction du Groupe a ainsi pris en compte l’approche tactique à court terme du SDSSI, visant à répondre aux enjeux immédiats du Groupe ainsi qu’aux risques opérationnels et à la sécurité, en même temps que la dimension stratégique moyen terme.

Dès lors, le Cloud s’est présenté comme un moyen pour répondre aux objectifs tactiques et comme un but au service de la cible stratégique.  La mise en œuvre du cloud privé a été réalisée en partenariat avec HP et Cheops.

 

LeMagIT.fr : quels ont été les autres facteurs de décision de la migration vers un cloud privé ?

Christian Pinguet : Nous avions, comme beaucoup de PME/PMI françaises importantes, puisque nous avons plus de 800 salariés, un historique à gérer sur notre SI, lié aux  rachats et aux différentes évolutions menées au fil des ans. Nous avions une informatique en silos, rattachée aux différents métiers du Groupe, au service de plusieurs milliers de clients. L’enjeu de notre démarche, à la fois économique et de compétitivité, est de capitaliser sur ce patrimoine tout en construisant un système d’information sécurisé et agile dans une logique Groupe.

Nous cherchons ainsi à créer de la valeur en favorisant l’innovation, à répondre aux nouveaux usages et aux attentes de nos clients, à améliorer encore la qualité de service, à garantir la pérennité de notre système d’information.

Nous avons aussi pris en compte les tendances marquées du monde de l’IT.

Nous avons enfin réfléchi au meilleur positionnement de la DSI dans ce contexte pour apporter de la valeur aux métiers. La DSI doit pouvoir faire le choix le plus adapté au besoin et avoir les moyens d’en assumer les conséquences dans la durée. Un mode de sourcing hybride cohérent et maîtrisé apporte me semble-t-il de bonnes réponses. Ce mode de construction implique que la DSI soit en capacité de jouer le rôle de fournisseur et de courtier de services.

Ainsi la migration vers un cloud privé a pour objectif de pouvoir mettre à disposition des métiers et des clients un portail de services en mode Saas, que ces services soient réalisés en interne ou à l’extérieur. Bien sûr, nous avançons par étape et avons commencé par miser sur la rationalisation de l’infrastructure et la mise en place du cloud privé en mode IAAS (Infrastructure As a Service), voire PAAS (Plate-forme As a Service) sur certains aspects. Nous avons sur cette partie démontré de l’agilité en permettant en quelques clics de disposer de ressources informatiques pour les projets métiers menés depuis. Nous tendons très nettement vers une banalisation des couches d’infrastructure.

Si les services de cloud publics véhiculent en terme marketing une image de simplicité, je peux vous assurer qu’il est nécessaire au niveau d’une DSI, pour une entreprise comme la nôtre,  de disposer d’une véritable expertise pour bien industrialiser ce type de service et les intégrer en cohérence dans un SI hybride global.

 

LeMagIT.fr : Qu’est ce que vous entendez par industrialisation ?

Christian Pinguet : Au niveau d’un cloud privé, il faut absolument automatiser certaines tâches pour garantir notre agilité, optimiser nos coûts de fonctionnement et réduire les risques liés aux manipulations humaines. Dans notre cas, nous avons travaillé avec HP et son offre de Cloud Service Automation  « HP Operation Orchestration » pour toute l’industrialisation de notre Cloud en aval des phases de provisionning.  Cela nous a permis de bâtir un socle solide et de développer des services d’infrastructures dont on a pu optimiser le coût. Nous avons par ailleurs construit un socle technologique scalable permettant de répondre à la demande, à la hausse comme à la baisse. Comme beaucoup, nous connaissons en particulier une augmentation importante du volume de données non structurées.

 

LeMagIT.fr : quelles sont les prochaines étapes que vous anticipez ?

Christian Pinguet : Après avoir travaillé sur les aspects infrastructures et middlewares, et la mise en place de briques fondamentales comme l’ESB, nous travaillons  naturellement à la mise à disposition de services pour nos clients. Par exemple, pour la fin de l’année, nous allons proposer à nos clients de nouveaux extranets plus riches fonctionnellement, plus ergonomiques et multi devices, pour prendre en compte la nécessité de mobilité. Nous allons aussi nous attacher à moderniser certains services internes, pour gagner en productivité tout en améliorant encore notre qualité de service. Nous aurons aussi à mieux exploiter la richesse de nos données non structurées afin de mieux connaître nos clients et leurs attentes. Nous allons poursuivre notre efforts d’industrialisation afin d’atteindre notre objectif de mise à disposition d’un « magasin » de services pour nos métiers. Nous devons pour cela améliorer notre collaboration avec eux pour un partenariat équilibré, afin d’être un promoteur des nouveaux usages mais dans le cadre d’un schéma directeur qui permet de conserver dans la durée un SI robuste, cohérent et sécurisé avant tout.

 

 

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