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La gestion des services Cloud : une difficulté pour les DSI

Les entreprises ne se posent plus de questions sur la migration de leurs workloads dans le Cloud public, mais doivent désormais composer avec des systèmes ramifiés, dont le coût et les performances sont difficiles à évaluer.

Les entreprises qui débutent avec le Cloud citent généralement la sécurité comme leur principale préoccupation. Mais il existe d’autres défis à relever bien plus complexes, déjà identifiés par les vétérans, ceux qui se sont déjà essayés au Cloud. La gestion des performances dans un environnement hétérogène et le contrôle des coûts pourraient ainsi dérouter même les plus aguerris.

Il est un constat sur le marché : les entreprises basculent de plus en plus leurs workloads dans le Cloud public et contribuent à augmenter le niveau d’adoption de ce modèle IT. Mais vient ensuite le plus dur.

Aujourd’hui, l’expression management du Cloud est source de grande confusion et de chaos. Pour administrer ses déploiements Cloud, il est nécessaire que les DSI comprennent que la gestion des systèmes Cloud est différente de celle opérée sur les systèmes traditionnels et qu’il faut passer au crible une kyrielle d’outils pour choisir le plus adapté.

Le Cloud public a envahi les datacenters : 79% des entreprises utilisent au moins un service Cloud public en production et 35% en ont plus de 4, si l’on en croit Torsten Volk, directeur de recherche chez Enterprise Management Associates (EMA). L’adoption du Cloud suit une courbe ascendante et croit à un rythme soutenu. En 2017, les entreprises prévoient de migrer 19% de leurs applications dans le Cloud public, assure-t-il.

Avec cette migration vers le Cloud, ce dernier occupe désormais une place centrale dans les opérations. Résultat : les priorités IT ne sont plus les mêmes. Le contrôle des coûts du Cloud public est aujourd’hui en tête de liste des préoccupations des entreprises en 2017, selon EMA. Dans de nombreux cas, les entreprises ont pu identifier certains problèmes dans leurs déploiements – on parle par exemple de verrou-vendeur ou encore de leur incapacité à prévoir le montant de leur facture mensuelle.

Gérer les silos

Une partie du problème est d’ordre organisationnel : à chaque équipe correspond une plateforme Cloud. Dans certains cas, les départements métier en ont le contrôle. Les équipes DevOps gèrent souvent leurs propres services Cloud, et le support IT est dispersé. Dans certaines entreprises, les équipes sont divisées par plateforme, avec un groupe sur AWS, et un autre sur Azure. Dans d’autres, l’IT administre, ensemble, toutes les applications Cloud.

« Les systèmes d’administration du Cloud ont été déployés de telle façon que cela a créé des silos », assure Mindy Cancila, vice-président de recherche chez Gartner. En résulte un méli-mélo d’applications, d’outils de gestion et de processus métier. Un dispositif alors inefficace.

Et dans la pratique, résoudre ce problème n’est pas tâche aisée, au regard, par exemple, du nombre élevé d’outils de gestion sur le marché. Difficile de s’y retrouver.

Généralement, ces systèmes traditionnels prennent en compte deux éléments : les performances et la disponibilité. Par exemple, ils monitorent – si l’on observe les solutions de BMC, CA Technologies, HPE, IBM et Microsoft – les performances du réseau, des systèmes de stockage et des serveurs. L’accès aux données historiques permet également d’identifier les éventuels problèmes.

Mais, leur intérêt s’est désormais quelque peu fané. La virtualisation et le Cloud ont changé la donne. Les workloads ne sont plus associées à du hardware spécifique, ils peuvent migrer d’un système à l’autre. Les patterns en matière de trafic sont si variés que contrôler le réseau d’un unique serveur n’est que peu utile.

Néanmoins, les acteurs traditionnels du secteur ont ajusté leurs offres, pour intégrer ces dimensions Cloud privé et public dans leurs solutions. Les entreprises qui connaissent bien ces systèmes les considèrent autrement. L’interface utilisateur est souvent cohérente et le client sait comment dialoguer avec son prestataire.

Le Cloud public complique la donne

Les fournisseurs de services Cloud, comme Microsoft, AWS et Google, proposent des services de monitoring pour leurs propres services. Le problème est que justement, ils sont centrés sur une plateforme spécifique, ce qui est une vraie limite.

Le  Cloud public a également contribué à l’émergence de nouvelles approches en matière de gestion de systèmes. Les entreprises doivent de plus en plus justifier leurs coûts en matière d’administration, et cette perception selon laquelle le Cloud public est moins cher que le reste n’est que peu réelle. Les entreprises ont peu à peu perdu le contrôle du pricing et ont découvert que ces services sont finalement plus couteux que prévu. La gestion financière de ces services est aujourd’hui au centre d’offres, comme celles de Cloudability, Cloudyn et Digital Fuel.

Enfin, des outils conçus spécialement pour l’administration du Cloud sont apparus, à commencer par ceux de Cisco (CliQr), CloudBolt Software, DivvyCloud, Roghtscale et Scalr.

S’adapter au chaos

Face à un tel chaos, il convient de s’adapter, et cela demande beaucoup de travail. Les entreprises doivent d’abord identifier le nombre d’applications Cloud en interne. Généralement, ce nombre est plus élevé que le pensent les DSI. Faire un inventaire est un bon point de départ.

Pour mettre en place une stratégie de gestion cohérente, la DSI doit prendre le lead. « Nous voyons les DSI monter d’un cran et prendre à leur charge les outils d’administration du Cloud », soutient Peter Scott, le COO de DivvyCloud. Ensuite, l’IT doit opérer de façon collaborative. Il doit obtenir le soutien de la direction pour mettre en place des processus cohérents, mais la décision d’achat est souvent prise du côté métier – par la finance ou le juridique.

Des signes de consolidation

Avec l’arrivée de nombreuses sociétés sur ce marché ces dernières années, le marché est devenu très volatile. « Le marché est passé rapidement dans un mode acquisition », lance Mindy Cancila. En mars 2016, par exemple, Cisco a annoncé le rachat de CliQr pour 260 millions de dollars. En janvier dernier, HPE à son tour s’est jeté sur Cloud Cruiser.

De leur côté, les grands éditeurs s’organisent également. Chez VMware, Cross Cloud Services devrait proposer des fonctions de management qui englobent vSphere, AWS et Bluemix. Torsten Volk s’attend à ce que Microsoft améliore son AzureStack afin qu’il cohabite avec des systèmes tiers.

Les entreprises basculent vers le Cloud et doivent désormais implémenter des fonctions de management claires pour leurs plateformes. Avec un contexte très changeant, identifier les bons outils de gestion de Cloud s’apparente souvent à une vraie bataille.

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