Gartner encourage les DSI à regarder l’avenir

Cela ressemble à une vieille antienne : Gartner invite une fois de plus les DSI à faire évoluer leurs compétences pour mieux répondre aux enjeux métiers des entreprises, mais aussi, et déjà, à préparer la sortie de crise économique. Reste qu’à en croire certains témoignages, le cabinet n’a peut-être pas tord de marteler son message.

Gene Hall, PDG de Gartner, ne ménage pas le parterre de DSI et de prestataires venus écouter presque religieusement son discours d’ouverture du Gartner Symposium, qui se déroule actuellement à Barcelone : « les économies européennes sont en train de ralentir […] globalement les budgets IT devraient croître de 3,3 % en 2008 […] mais les études suggèrent une réduction pour 23 % des entreprises. » En fait, seules 15 % du millier d’entreprises sondées par Gartner devraient augmenter leurs dépenses IT cette année. Pour ne rien gâcher, « les conditions devraient rester difficiles en 2009. »

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Réfutant la perspective d’une récession sur le vieux continent, Peter Sondergaard, vice-président sénior en charge de la recherche chez Gartner, ironise : « ne paniquez pas ! », lance-t-il à l’audience avant de l’inviter, « plus sérieusement », à se « préparer activement pour la reprise. »

De nombreux défis à relever

Car, selon Gartner, le monde des systèmes d’information ne va pas manquer de défis à relever. Parmi eux, la question des compétences apparaît comme clé : « d’ici à 2010, la demande de personnels qualifiés dépassera l’offre. » Et il ne faudra compter ni sur l’outsourcing ni sur l’offshoring pour résoudre cette difficulté due, notamment, au vieillissement des populations.
L’informatique durable, le « green IT », devrait s’imposer comme une nécessité, économique, certes, mais aussi « sociale et politique » : « les citoyens et les politiques vont bientôt vouloir connaître le coût carbone des systèmes d’information. »

De nouvelles opportunités technologiques

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Et c’est sans compter avec ces technologies qui méritent, selon Gartner, l’attention des entreprises. C’est l’analyste David Cearley qui en dresse la liste. En tête, on trouve les processeurs multi-cœurs, homogènes ou spécialisés, qui, pour tenir pleinement leurs promesses, nécessitent des changements radicaux, comme la réécriture des applications ou le passage à la virtualisation. Cette dernière, justement, ne manque pas non plus de promesses, bien au-delà de la simple consolidation dans les centres de calcul. Réseaux et applications sociaux arrivent en troisième position dans la liste de David Cearley. Pour Gartner, ils doivent permettre aux entreprises d’améliorer la communication et la transmission des connaissances au sein de l’entreprise mais aussi avec l’extérieur. Et puis vient le « cloud computing ». Pour vaporeux qu’il puisse paraître, il représente « une vraie menace » pour Gartner, avec de nouveaux modèles d’affaires et beaucoup de questions telles que celles de la facturation et de la qualité de service.

Repenser le rôle du DSI

Au-delà, c’est sur leur rôle lui-même que Gartner invite les DSI à réfléchir, en amorçant notamment le virage du statut de fournisseur de solutions techniques à celui de fournisseur de services concentré sur les besoins. Mary Mesaglio va plus loin : « prenez des risques calculés », « intégrez SI et opérationnel », « communiquez », « développez votre influence » car, prévient-elle, « d’ici 2012, l’excellence technologique ne suffira plus. »

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Gilles Le Cotier, le DSI de Sita, a l’impression d’entendre un discours déjà ancien : « on retrouve cette logique habituelle d’alignement du SI sur l’activité. » Mais pour Lisbeth Gdalia, directeur sénior en charge de la transformation des processus métiers des laboratoires Merial, ça va plus loin : elle pressent une évolution du rôle et des prérogatives des DSI ; « il va falloir choisir », par exemple, entre se cantonner à des fonctions techniques, ou « gérer des partenaires tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’entreprise » dans une logique « d’intégration dans des projets globaux. »

Quant à s’imposer comme partenaire de l’exécutif, bien impliqué dans les grandes décisions, il reste du chemin à parcourir : « les DSI restent souvent rattachés aux directeurs financiers », remarque Colleen Young de Gartner. Axel Haentjens, vice président marketing d’Orange Business Services, ne fait pas un constat différent, ni même Jon Gibbs, de Capgemini UK, relevant au passage que le SI reste majoritairement « un bouc émissaire » au moindre problème.

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