DK Sareen, ESC : «le marché français a toujours été un marché difficile»

Directeur exécutif du conseil indépendant de promotion des exportations indiennes de logiciel informatique et d’électronique, l’ESC, organisateur d’IndiaSoft, DK Sareen commente les objectifs de ce salon et les enjeux du marché français pour les SSII indiennes.

p10http://beta.lemagit.fr/wp-content/uploads/2010/04/crmeygjafzhnipjiyp4ra36pfpzw7sib0834rp08w03fh05a.jpgLeMagIT: Cette édition 2011 d’IndiaSoft est la onzième. Avez-vous des indicateurs objectifs sur les résultats de ce salon ?

DK Sareen : Tout d’abord, c’est la première fois qu’IndiaSoft prend la marque The India Show, une marque qui recouvre des événements dédiés à des industries spécifiques avec un double objectif commercial et culturel de promotion de l’Inde : il y en a pour la mode et le textile, la bijouterie, et donc maintenant pour l’industrie IT, le logiciel et les services. Ce changement doit nous permettre de renforcer l’efficacité de l’événement en matière de networking.

Quant aux résultats d’IndiaSoft, je dois bien sûr préciser qu’en tant qu’organisateurs, nous encourageons nos participants à nous faire part de leur bilan du salon. Pour autant, quantifier strictement le bilan du salon est impossible. Cela dit, nous ne pouvons que constater la croissance globale de nos exportations dans ce secteur depuis 10 ans. Et, comme à Jaipur l’an dernier, nous avons observé que les participants souhaitaient profiter du salon pour passer quelques jours de plus sur place. Ce qui permet de valoriser l’offre de villes de second rang par rapport aux Bangalore et New Delhi. Des villes moins chères aux PME dynamiques et ouvertes.

LeMagIT : IndiaSoft vous permet de promouvoir vos entreprises IT de second et troisième rang. D’où en vient l’idée ?

D.S : La première édition d’IndiaSoft a eu lieu en plein pic de mise à jour des systèmes dans le cadre du passage de l’an 2000. Les entreprises du monde entier étaient en quête de main d’oeuvre. Mais alors que nous étions en délégation au Canada, un Pdg d’une grande banque m’a dit : «nous avons besoin de sous-traiter mais personne ne veut venir d’Inde pour nous aider.» L’idée est partie de là : permettre aux PME indiennes de gagner en visibilité et de proposer leurs services à l’étranger, seules ou en se regroupant. En 10 ans, IndiaSoft devenu un événement de networking global majeur.

LeMagIT : N’est-ce pas aussi une façon de libérer vos PME de l’IT de la dépendance aux gros acteurs du secteur ?

D.S : Tout à fait, mais pas seulement. Nous avons remarqué que les entreprises de premier rang sont déjà très occupées et surtout très dépendantes de certains marchés comme l’Amérique du Nord - jusqu’en 2005, 80 % de nos exportations étaient dirigées vers les Etats-Unis. Et c’est trop de dépendance à un seul marché. Nous avons dit à nos adhérents que ce n’était pas très sain. 

De notre point de vue, il fallait une campagne de long terme en faveur de la diversification de nos marchés. Et pas seulement pour les plus grosses entreprises IT. Cela vaut également pour les entreprises de second et troisième rang qui peuvent adresser des marchés plus modestes, trop modestes peut-être pour leurs grandes soeurs. 

En cela, notre réengagement sur le marché français, depuis 2/3 ans, nous a été vraiment été bénéfique. Mais nous avons découvert à cette occasion que nous pouvions aussi utiliser la France comme point d’entrée sur les marchés africains francophones. L’Afrique est un énorme continent avec une moitié de pays anglophones et une moitié de pays francophones. Jusqu’ici, nous nous concentrions sur les pays anglophones et laissions de côté les pays francophones. Alors qu’il y a là une véritable opportunité.

LeMagIT : Où concentrez-vous vos efforts en France et quelles sont les principaux obstacles ?

D.S : Nous avons renforcé notre engagement vers les régions, en dehors très grandes villes comme Paris. Sofia Antipolis nous a très fortement impressionné; c’est une très belle infrastructure. Et notre expérience à Nancy a également été très profitable en termes de perspectives. Nous pouvons dire à nos adhérents : s’il vous est impossible de vous installer à Paris pour des questions de coûts, regardez en direction des régions; de là vous pouvez faire des affaires sur Paris.

Mais la France a toujours été un marché difficile pour l’Inde. Le langage est bien sûr un obstacle très important. Même s’il y a bon nombre de personnes francophones en Inde. Et nous devons capitaliser là-dessus. Et il est temps que nos entreprises appréhendent la langue comme une vecteur d’entrée sur un marché. On l’a fait pour le Japon, en enrôlant de jeunes ingénieurs pendant six mois dans des programmes de formation linguistique. Nous avons déjà essayé de répliquer cela pour la France, avec des résultats mitigés. Mais je pense que la réouverture du marché français nous permettra de relancer l’initiative. 

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