eSanté : un catalyseur pour le IT américain

Face à une rénovation du système de santé global, le secteur américain de la eSanté représente un nouveau débouché pour l'industrie IT aux Etats-Unis ainsi qu'un nouvel havre en matière d'emploi d'informaticiens. Editeurs, constructeurs et SSII se battent pour obtenir un part de ce précieux gâteau. Un contexte qui tranche avec le Vieux Continent qui peine à se lancer sur ce marché.

Lorsqu'on aborde la question de la e-santé aux Etats-Unis, le monde de l'IT sourit. C'est le sentiment que l'on a, à la lecture de deux études, publiées séparément, et qui démontrent à quel point le secteur IT profite de la progression du marché du e-santé.

Et cela se traduit d'abord sur le marché de l'emploi. Dans son dernier rapport annuel, le cabinet américain Computer Economics pointe du doigt le secteur de l'e-santé comme une source d'embauches clé pour les informaticiens. En 2011, 61% des firmes liées au secteur de la télé-médecine, du télédiagnostique, aux systèmes verticaux médicaux ou liées aux DSI des hôpitaux ont affirmé avoir augmenté leurs effectifs IT. Un faible 17% rapporte une baisse d'effectif.

Une aubaine pour l'emploi et les fournisseurs

Plus globalement, les emplois informatiques dans le secteur de la santé et des soins médicaux devraient croître de 20% en moyenne jusqu'en 2018, relève également le U.S. Bureau of Labor Statistics (qui analyse le marché de l'emploi aux Etats-Unis). Faisant ainsi de la e-Santé une débouché supplémentaire pour les informaticiens américains, aux côtés des start-up dites sociales ou 2.0 de la Silicon Valley, notamment.

Le cabinet ABI Research envisage quant à lui un essor du Wi-Fi dans les hôpitaux. Terminaux connectés, services auprès du patient… Les points d'accès sans fil devraient se multiplier à un rythme de 20% en 2011 dans le secteur de la santé américain. Une aubaine, conclut le cabinet, pour les fournisseurs d'infrastructure Wi-Fi, comme Cisco, Aruba et Motorola.

Il faut dire que l'e-santé US devrait profiter de la modernisation et de la réforme du système de santé, initiée par l'administration Obama. Un plan qui prévoit notamment un programme de financement de quelque 20 Md$, injecté dans la mutualisation des ressources informatiques et dans le développement d'un dossier médical personnalisé (DMP).

Logiquement, les constructeurs et éditeurs IT outre-Atlantique s'y sont déjà préparés. On se rappelle des investissements d'IBM qui pousse par ailleurs Watson vers le segment de la médecine, ceux d'Intel qui a injecté quelque 250 M$ dans Care Innovation, notamment. Mais, plus subtile, les rachats de Perots Systems par Dell ou encore d’Affiliated Computer Systems (ACS) par Xerox. Deux sociétés de services IT, désormais tombées dans le giron de spécialistes IT,  bien implantées dans le secteur de la Santé, comme nous l'évoquions en 2009 dans nos colonnes.
Face à ce juteux marché à prendre, les fournisseurs de technologies aux Etats-Unis affutent leurs armes, prêts à se partager ce très gros gâteau.

L'Europe fait machine arrière ou stagne

En Europe, le contexte semble bien différent. Et à l'inverse des Etats-Unis, les systèmes informatiques de Santé peinent à voir le jour. Le DMP britannique par exemple, n'a pas résisté aux affres d'une gouvernance balbutiante, abandonnant 9 années de travaux - et quelque 2,7 Md£ - et le vaste projet d'un système informatique de santé centralisé. Pour revenir aux fondamentaux : ceux d'un système décentralisé qui laisse les hôpitaux de régions gérer eux-mêmes leurs systèmes informatiques.

En France, le DMP a tout du serpent de mer. Lancé en 2004, le projet a été maintes fois retardé. Son déploiement officiel est prévu quelque part après 2012. Pourtant, la France affiche elle-aussi ses ambitions dans le secteur de l'e-Santé. Le gouvernement a ainsi lancé un appel à projets de 30 millions d'euros en juillet dernier consacré au "développement de services numériques pour la santé et l’autonomie"  dans le cadre des investissements d'avenir du Grand Emprunt. Mais avec des ambitions somme toute limitées : on ne parle ici que de "mise en place de démonstrateurs de services". Il reste donc encore un peu de chemin à parcourir. Selon le Xerfi, le marché de l'e-Santé en France est estimé en 2011 entre 1,8 Md€ et 2,5 Md€ et devrait enregistrer une croissance comprise entre 5% et 10% d'ici à 2015.

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