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Réseau Social : Google ferme Google+ pour se concentrer sur une version dédiée aux entreprises

Suite à une faille et à un audit de sécurité interne, Google a décidé de fermer les portes de son concurrent de Facebook qui n'a jamais vraiment trouvé son public. A la place, Google va renforcer son offre de réseaux sociaux d'entreprise (tout comme Facebook).

Après une faille ayant touché plusieurs centaines de milliers d'utilisateurs - faille que l'entreprise a tenté de garder secrète après l'avoir colmatée - Google a pris la décision radicale de fermer Google+, son réseau social concurrent de Facebook, lancé en 2011. L'annonce a été faite ce lundi, après un article du Wall Street Journal révélant la faille au grand jour.

La faille a peut-être servi d'alibi à la fermeture d'un service peu rentable, mais quoi qu'il en soit, Google en a profité pour changer de stratégie et recentrer Google+ sur le marché des entreprises. Autrement dit pour en faire une plate-forme de média social interne (un RSE ou Réseau Social d'Entreprise) encore plus franchement concurrent d'un Yammer de Microsoft, d'un Chatter (Salesforce), d'un Jive, d'un Jam (SAP) ou d'un Facebook@Work.

Une faille qui fait couler Google+

Tout a donc commencé par une histoire de faille.

« Au fil des années, nous avons reçu beaucoup de retours de personnes qui voulaient mieux comprendre comment contrôler les données qu'ils choisissent de partager avec des applications via Google+. Avec le Projet Strobe (NDR : un projet d'audit technique interne), l'une de nos premières priorités a donc été de passer en revue toutes les API associées à Google+ », raconte Ben Smith, vice-président de l'ingénierie chez Google.

Ses découvertes vont le refroidir. L'examen , qui a débuté au début de l'année, a révélé plusieurs problèmes liés à la mise en œuvre de de l'API Google+ People, et un bogue. Le bug en question permettait à des applications tierces - celles qui utilisant l'API Google+ People - d'accéder aux champs des profils de l'utilisateur, même ceux qui n'étaient pas marqués comme publics.

A la différence de Cambridge Analytica, Google promet que les données exploitables par les tiers n'étaient pas critiques, même si cette notion reste relative. « Ces données sont limitées aux champs statiques et facultatifs du profil Google+, comme le nom, l'adresse e-mail, la profession, le sexe et l'âge », assure Ben Smith, « Elles ne concernent pas les données que vous avez publiées ou connectées à Google+ ou à tout autre service, comme les billets, les messages, les numéros de téléphone ou les contenus sur GSuite ».

Le bogue a été découvert en mars 2018 et aurait depuis été corrigé, en silence.

Google+@Work

Plutôt que de continuer à offrir un service (gratuit) aux utilisateurs, Google prévoit de développer une version améliorée de Google+ pour les professionnels.

Mais la vraie explication de ce recentrage vient certainement d'ailleurs. « L'audit a cristallisé ce que nous savions déjà depuis un certain temps : nos ingénieurs ont fait beaucoup d'efforts et fait preuve de dévouement pour construire Google+, mais ce service n'a pas été adopté massivement par les utilisateurs et les développeurs [...]. La version grand public de Google+ est actuellement peu utilisée et suscite peu d'engagement : 90 % des sessions utilisateurs de Google+ durent moins de cinq secondes ».

Dans ce contexte, la faille tombait à pic. « Notre audit a aussi montré que Google+ était plus adapté aux entreprises [qui] peuvent définir des règles d'accès et utiliser des contrôles centralisés pour l'ensemble de leur organisation [et] où les collaborateurs peuvent participer à des discussions internes sur un réseau social interne sécurisé », retourne à son avantage Ben Smith.

Conclusion : « nous avons décidé de concentrer nos efforts sur les entreprises et nous lancerons bientôt de nouvelles fonctionnalités spécialement conçues pour les professionnels ». Permettre aux clients de gérer eux-mêmes leurs clefs de chiffrement pourrait, par exemple, être une bonne première idée.

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