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Open Source et circulaire Ayrault : des effets sur l’emploi IT, conclut la Harvard Business School

La circulaire Ayrault de 2012 aurait eu des effets sur le nombre de contributions et de contributeurs individuels en France mais aussi sur des enjeux sociétaux comme le nombre de start-ups et l’emploi IT. Harvard Business School y voit un moteur social et de compétitivité nationale.

La circulaire Ayrault de 2012 qui demande aux administrations françaises de privilégier les logiciels open source dans leurs politiques d’achat pourrait-elle avoir eu un effet sur la compétitivité de la France ? C’est à cette question que l’université américaine Harvard Business School s’est attaquée et vient de livrer ses premiers résultats. Le bilan ? Si certaines des conclusions sont ici empiriques et se reposent parfois sur des extrapolations, il apparait que réguler les achats IT en privilégiant l’open source a un effet positif sur le tissu industriel du pays, sa matière grise et son emploi.

Il est à noter que depuis la circulaire Ayrault, l’administration française a entamé nombre de démarches d’ouverture, tant en matière de logiciels et d’algorithmes, que de données et de politiques (dans le cadre de l’Open Government Partnership, notamment) - dans le cadre par exemple de la loi pour une République Numérique de 2016.

Au sein des ministères se sont également créés des groupes de travail chargés de faire la promotion et de sponsoriser l’usage de logiciels open source. Ils sont MiMo (pour les outils bureautiques), MimDev (pour les outils de développement), MimProd (pour les outils de production). Ces derniers sont également à l’origine du SILL (Socle Interministériel de Logiciels Libres) qui liste les outils exploités en production et pouvant, ou pas, être ré-utilisés par d’autres (voir aussi encadré).

Les projets informatiques de l’Etat, à commencer par la solution interministérielle d’archivage numérique Vitam, ou une plateforme de cloud privé, font dans les grandes lignes tous usages de socles open source. Avec le concept de start-up d’état, les méthodes agiles ont également fait leur apparition dans les procédures de développement des services de l’état. Ces groupes de travail prônent eux-aussi le recours à l’open source et contribuent avec le fruit de leurs travaux auprès des communautés open source.

Quelques 600 000 commits, une valeur de 20 M$ par an

Ce dispositif, qui a certes pris ces racines avant la loi Ayrault, mais dont cette dernière a contribué à accélérer la transformation, a eu un impact logique sur le nombre de contributeurs français dans l’open source, rapporte d’abord Harvard Business School. Selon les calculs opérés par Franck Nagle,  l’auteur de cette étude, il apparaît que le nombre de contributeurs français individuels contribuant à l’open source et donc de contributions, a augmenté de façon significative après la mise en application de la circulaire – il parle de presque 50 000 commits supplémentaires par mois.

Cela serait à la fois le fruit de contributions plus nombreuses d’utilisateurs déjà en place et de nouveaux contributeurs, précise l’étude. Sur l’année, ce sont donc 600 000 commits effectués par les utilisateurs français, conclut l’auteur qui s’est notamment reposé sur les données de Github. Au total, a-t-il également calculé en s’appuyant sur la méthode de calcul américaine COCOMO II, cela représenterait l’équivalent de 20 millions de dollars en jour/homme par an.

Autre conclusion : ces contributions ayant été effectuées lors des heures de travail ouvrées, l’auteur conclut que le nombre d’entreprises en France qui utilisent l’open source sont donc en hausse à leur tour, suite à cette loi – ce qui a pour effet de réduire l’usage de technologies brevetées, souligne également l’étude. Conjugué à la progression du nombre de contributions et de contributeurs qui comprennent mieux les mécanismes de l’open source, les start-ups bâties sur des socles open source se sont également multipliées à l’échelle nationale, reprend encore cette même étude. Celle-ci évalue la progression du nombre de création de start-ups comprise entre 9 et 18 % par an.

Mais là où l’étude voit plus loin : en injectant plus de compétences liées à l’open source (contributions aidant) et avec la montée en puissance des entreprises utilisatrices, c’est l’emploi IT qui y gagne, conclut encore l’auteur. Comme un cercle vertueux, en somme. Une augmentation évaluée entre 6,6 et 14 % par an pour l’emploi IT.

Kubernetes entre au SILL

Dans sa version 2019 qui vient d’être publiée, le Socle Interministériel de Logiciels Libres (SILL) référence pour la première fois Kubernetes dans sa partie « outils système et virtualisation ». L’orchestrateur de containers apparaît comme recommandé dans sa version distribution. Parmi les autres changements de cette édition 2019, Chromium passe en statut recommandé pour des usages de développement. Ce SILL 2019 référence 162 souches logicielles.

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