Edge computing : une startup transforme un PC de l’ISS en datacenter
Lonestar vient de déployer sur un matériel restreint, qui se déplace à 27 700 km/h à 400 km d’altitude, une puissance informatique capable de stocker, transformer, encoder et communiquer des données.
Lonestar, un tout nouvel acteur sur le marché de l’informatique embarquée, qui se spécialise dans le domaine spatial, vient de faire la première démonstration de son savoir-faire. La startup a installé sur l’un des vieux PC de la station spatiale Internationale ISS un système qui le transforme en serveur de stockage et de traitement sécurisé.
L’expérimentation a consisté à installer depuis la Terre une machine virtuelle Ubuntu, laquelle est conçue pour capturer des informations, les transformer par Intelligence artificielle en images, les sérigraphier selon une blockchain et renvoyer le tout vers la Terre.
Dans cet exercice, l’application mise en œuvre avait été développée par le studio d’artistes danois ARTificial Minds, qui se spécialise dans la génération d’images photo-réalistes depuis des algorithmes. Le but de l’expérience était de démontrer qu’il était possible d’engendrer automatiquement, d’après les informations capturées par l’ISS, des vues d’artistes de l’espace et d’en faire des œuvres picturales uniques en les signant avec un numéro infalsifiable.
Ce prétexte amusant était censé mettre en pratique l’enjeu véritable de la technologie de Lonestar : faire d’un site aussi isolé et aussi informatiquement démuni que l’ISS un véritable centre de production de données numériques. Lonestar se positionne à ce titre comme un nouvel acteur des solutions serveurs sur sites de production, un domaine plus connu sous le nom d’informatique en Edge.
Les fonctions d’un datacenter dans des milieux improbables
« Ce qui a frappé le milieu spatial, c’est que nous demandions à envoyer vers l’ISS une technologie qui, pour la première fois, n’avait pas de masse. Nous leur avons dit que c’était ça notre technologie : changer le rôle d’un équipement à bord de l’ISS pour en faire le nœud en Edge d’un réseau plus vaste », explique Chris Stott, le PDG et fondateur de Lonestar, dans un communiqué. Il ajoute que d’autres expérimentations seront dévoilées au cours de cette année, « ce sont des tests qui iront plus loin qu’aucun datacenter n’est allé auparavant », dit-il.
Selon Lonestar, plusieurs entreprises privées aspireraient à déployer les fonctions d’un datacenter en orbite et la technologie de Lonestar leur permettrait d’atteindre ce but. Surtout, Lonestar se vante de mettre au point des machines virtuelles optimisées au maximum de sorte qu’elles ont besoin d’un minimum de ressources informatiques pour fonctionner.
Chris Scott PDG et fondateur de Lonestar
Non seulement les entreprises n’auraient pas besoin d’envoyer des serveurs massifs dans l’espace, mais celles qui ont déjà envoyé des satellites pourraient reconfigurer leurs contrôleurs à distance pour qu’ils exécutent plus de fonctions.
« Nous venons de démontrer qu’il était possible de mixer deux industries qui n’ont rien à voir : le cloud et le spatial. Et si nous sommes parvenus à la faire à bord de l’ISS qui orbite à 400 km d’altitude à la vitesse de 27 700 km/h, imaginez de quoi nous serions capables ailleurs », ajoute Chris Stott, sans préciser s’il ne pense qu’à l’espace, ou aussi aux fonds marins, aux sommets des montagnes, aux véhicules légers, voire plus simplement, aux zones d’activité éloignées des infrastructures urbaines en termes d’énergie et de connectivité.
Les partenaires : l’éditeur Canonical et l’équipementier RedWire
Parmi les partenaires de Lonestar, on trouve au premier plan Canonical, l’éditeur d’Ubuntu, qui aurait pour l’occasion réécrit le noyau de son système afin qu’il nécessite un minimum de ressources. Canonical édite déjà une version de son système pour l’embarqué, Ubuntu Core, mais Lonestar ne précise pas si c’est cette version-là qui a été utilisée ou une autre, encore plus légère. Ubuntu Core occupe moins de 300 Mo d’espace disque et fonctionne sur des machines aussi petites que des Raspberry Pi 2.
Mais la startup cite aussi le nom de RedWire, un industriel qui s’est spécialisé dans les composants prêts à l’emploi à installer dans les missions spatiales. Son savoir-faire comprend des caméras, des antennes, des cellules photovoltaïques et même des systèmes d’impression 3D en gravité zéro.