Blockchain : Møller-Mærsk et IBM réussissent à rallier une centaine d'acteurs à leur projet

Huit mois après le lancement de leur blockchain « Trade Lens » pour le transport maritime, les deux géants danois et américains ont créé un début d'écosystème entre co-opétiteurs du secteur. Le potentiel est énorme mais le chantier encore en cours avant la mise en production réelle.

Le transporteur maritime Møller-Mærsk et IBM ont annoncé que 94 acteurs et organisations avaient rejoint leur projet de blockchain, lancé en janvier.

Le but de cette blockchain est de fluidifier et d’optimiser les échanges réglementaires, tout en réduisant les coûts administratifs du secteur.

Dans le transport maritime, un envoi réfrigéré partant d'Afrique de l'Est pour l'Europe peut passer par trente organisations différentes et impliquer plus de 200 communications, expliquait à l'époque Vincent Clerc, le Directeur Commercial de Mærsk dans un échange avec Reuters.

Le potentiel du projet est énorme. Chaque année, 4 billions de dollars (quatre millions de millions) de marchandises transitent par les mers. Or la documentation et la bureaucratie peuvent représenter jusqu'à un cinquième du coût total du transport d'un conteneur du fait que les échanges sont encore réalisés sur un support papier.

Création d'un écosystème de co-opétiteurs

Le défi de la joint-venture entre l'armateur danois et le géant de l'IT américain était d'arriver à convaincre des co-opétiteurs de rallier l'initiative (expéditeurs, destinataires, transitaires - qui organisent la liaison entre les différents transporteurs - transporteurs, ports et autorités douanières).

Quatre billions de dollars de marchandises transitent chaque année par les mers

Pour le relever, IBM et Møller-Mærsk avaient confié les rênes de la co-entreprise à un fin connaisseur de l'écosystème, Michael White, ancien responsable des opérations de Mærsk Line pour l’Amérique du Nord.

Fort du poids de Mærsk qui opère à lui seul 15% de la totalité des conteneurs maritimes, Michael White a réuni une petite centaine d'acteurs en moins de huit mois.

Parmi eux, on trouve les opérateurs portuaires de Singapour, Hong Kong, Bilbao et de Rotterdam, les autorités douanières des Pays-Bas, d'Arabie saoudite, de Singapour, d'Australie et du Pérou, ou encore le porte-conteneurs Pacific International Lines (PIL).

Un million d'évènements par jour dans le registre

La prochaine étape sera la mise en production réelle de la blockchain qui s'appuie sur Hyperledger et sur le cloud d'IBM. Le projet est dans sa phase exploratoire jusqu'à la fin de l'année.

Lors de sa phase de test, la plateforme a enregistré 154 millions d'évènements dans son registre

Baptisée « TradeLens », la plateforme a enregistré lors de sa phase de test plus de 150 millions d'évènements : des données comme les heures d'arrivée des navires et des conteneurs débarqués et des documents comme les dédouanements, les factures commerciales et les lettres de transport.

Un des points problématiques d'une blockchain privée est sa montée en puissance. Avec ce chiffre impressionnant, bien mis en avant par IBM, l'éditeur montre qu'il est en mesure de proposer un produit qui répond aux besoins des entreprises. Aujourd'hui, « TradeLens » se dirigerait même vers l'enregistrement d'un million d'évènement par jour.

« Notre travail avec Mærsk et d'autres entreprises de l'écosystème maritime a montré que la blockchain peut être utilisé pour former un réseau solide [...] dans lequel tous les membres sont gagnants en partageant des données importantes et qu'ensemble nous pouvons transformer une étape centrale dans la façon dont le commerce mondial fonctionne », se félicite Bridget van Kralingen, senior vice president, IBM Global Industries, Solutions & Blockchain.

Encore des chantiers en cours

Il reste encore des chantiers avant la disponibilité commerciale de cette blockchain dédiée au secteur.

Tout d'abord, des discussions autour des standards ouverts de l'industrie sont en cours avec OpenShipping.org.

Deuxième chantier, des travaux sont également menés pour rendre les APIs de TradeLens entièrement conformes aux standards UN/CEFACT des Nations Unies dont le but est rendre plus simples, plus transparentes et plus efficaces les procédures du commerce international.

Enfin, chose que n'évoque pas IBM dans le détail sur l'avancement du projet, il faudra numériser les documents, les formulaires et les procédures qui ne le sont pas encore.

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