Serveurs Unix : Sun et Fujitsu contrent le Power6 avec le Sparc64 VII quadri-coeur

L'arrivée de la puce quadri-coeur Sparc64 VII permet à Sun et Fujitsu de doper leur offre de serveurs Unix et d'offrir à leurs clients une alternative crédible aux systèmes haut de gamme d'IBM et Bull à base de Power 6. Les nouvelles machines se permettent même de luxe de pulvériser certains des scores du très récent System Power 595 notamment au benchmark Sap SD et au test LinPack.

A défaut de jeter des pierres à ces clients (les serveurs « Rock » étaient à l'origine attendus pour la mi-2008), Sun Microsystems poursuit sa collaboration avec Fujitsu autour des processeurs Sparc64. Presque un an après le lancement des premiers serveurs APL à base de Sparc64 VI bi-coeur, les deux constructeurs ont annoncé hier la disponibilité de serveurs Sparc Entreprise Server, à base de  puce quadri-coeur Sparc64 VII (voir à ce propos notre article Unix quadri-coeur : Sun compte encore sur Fujitsu). 

Les serveurs Sparc Entreprise sont le fruit de l'alliance APL (Advanced Power Line), annoncée en 2004 par les deux constructeurs. Cette alliance a donné naissance l'an passé à une gamme de serveurs Unix d'entreprise baptisés Sparc Entreprise et composée de  serveurs d'entrée de gamme à base de puces UltraSparc T1 et T2 de Sun et de serveurs de milieu et haut de gamme à  base de puces Sparc64 VI de Fujitsu. Selon Sun, elle est à ce jour la gamme de serveurs Sparc la plus populaire jamais lancée par le constructeur.  Ce succès est compréhensible. Tout d'abord, les serveurs Sparc Entreprise de milieu et haut de gamme (series M) ont remplacé une gamme vieillissante de serveurs UltraSparc IV+ en apportant des avancées importantes, notamment en termes de performances et de virtualisation. Ils ont de plus bénéficié de la conversion de la base installée de Sun à la dernière version de son système d'exploitation, Solaris 10.  

Sparc64 VII : un quadri-coeur rapide et peu gourmand

Les nouvelles machines annoncées hier sont équipées de la dernière génération de puces Sparc64  de Fujitsu, le Sparc64 VII de Fujitsu (nom de code « Jupiter »). Ce processeur est une évolution de l'actuel Sparc64 VI (nom de code « Olympus »). Gravé en technologie 65 nm, contre 90 nm pour  son prédécesseur, il embarque quatre coeurs chacun capable de traiter deux threads (technologie dite SMT ou Simultaneous MultiThreading). Les quatre coeurs disposent chacun de 128 Ko de cache de niveau 1 et partagent 6 Mo de cache de niveau 2.

Les puces Sparc64 VII installées dans les serveurs de milieu de gamme Unix  Sparc Enterprise M4000 et M5000 servers, sont cadencées à 2,4 GHz, contre 2,15 GHz pour les anciens Sparc64 VI, tandis que dans les serveurs haut de gamme M8000 et M9000 elles sont disponibles à des fréquences de 2,4 et 2,52 GHz (contre 2,28 et 2,4 GHz précédemment). L'un des points forts des nouveaux Sparc64 VII est leur consommation très modérée, puisqu'un modèle quadri-coeur à 2,52 GHz consomme environ 135 W contre 120 W pour le Sparc64 VI bi-coeur. Sun annonce ainsi une réduction de 44% de la consommation par coeur entre les deux versions de processeur.

Une transition qui préserve l'existant

Un autre intérêt des nouvelles puces Sparc64 VII est qu'elles s'insèrent de façon transparente dans les systèmes existants. Les cartes processeurs Sparc64 VII intègrent leur propre horloge et peuvent cohabiter avec les anciennes cartes Sparc64 VI dans un même système tout en conservant leur propre fréquence de fonctionnement.  Cela devrait permettre aux possesseurs actuels de systèmes Sparc Entreprise de doper en douceur les capacités de leurs systèmes existant. Il faut toutefois noter que les nouvelles cartes processeurs nécessitent une mise à jour firmware pour être reconnues par les serveurs de la série M et qu'elle ne fonctionnent qu'à partir de l'Update 4 de Solaris 10 (moyennant l'application d'un correctif). L'update 5 du système d'exploitation lancée au printemps intègre déjà le support des nouvelles puces. 

Selon Jean-Yves Migeon, en charge du marketing des serveurs chez Sun France,  les nouvelles puces devraient sensiblement améliorer les performances des systèmes de Sun et Fujitsu. Sun annonce ainsi des gains de 50 à 100% selon les applications.  Un exemple de ces gains est le score réalisé par le Sparc Entreprise M9000 au test SAP SD. Configurée avec la totalité de ses processeurs Sparc64 VII (cadencés à 2,52 GHz) et avec 1 To de mémoire vive, la machine établit un nouveau record de 196570 SAPS, contre 129420 SAPS pour le Sparc Entreprise M9000 équipé de 64 processeurs Sparc64 VI à 2,4 GHz. Au passage, Sun et Fujitsu améliorent de près de 15% le score de la machine la plus rapide à ce jour, le fleuron des serveurs IBM, le system Power 595 équipé de 32 processeurs Power6 à 5 GHz. Les deux partenaires font aussi la démonstration que leur architecture est loin d'être ridicule par rapport à celle d'IBM en calcul. Le haut de gamme des Sparc Entreprise affiche ainsi un score près de 10% supérieur à celui du  System Power 595 au benchmark Spec Int Rate 2006 (2290 contre 2080 spec_Int_Rate_2006). De même le M9000 affiche un score deux fois supérieur à celui du Power595 au test LinPack (2023 contre 1028 Gflops). Dans la pratique les applications transactionnelles devraient pour la plupart voir des gains de l'ordre de 50 à 60% tandis que les applications de calcul  pourront voir leurs résultats améliorés de près de 90 à 100%. 

Outre les performances pures, l'arrivée des nouvelles puces permet à Sun et Fujitsu de disposer en haut de gamme d'une machine capable d'accueillir 256 coeurs processeurs et capable de traiter simultanément 512 threads, soit plus que tout autre concurrent. Cet argument pourrait être important pour les applications de consolidation, surtout lorsque l'on connait les aptitudes des serveurs Sparc Entreprise en matière de partitionnement physique et de virtualisation. Les nouvelles machines devraient en tout cas permettre à Sun et Fujitsu de contrer IBM et Bull en haut de gamme en attendant le lancement par HP au printemps 2009 de ses nouveaux serveurs à base de puces Itanium quadri-coeur. A ce moment, les deux partenaires devraient riposter avec des versions plus rapides des Sparc64 VII avec des fréquences de 2,7 GHz et au delà. Si le calendrier est tenu, cela devrait permettre à Sun de disposer d'une offre compétitive en attendant le lancement de ses serveur Rock (nom de code Supernova) attendus pour le second semestre 2009.

Nouveaux tarifs

Comme à l'habitude chez Sun, le lancement des nouvelles machines à base de Sparc64 VII s'accompagne d'une baisse du prix des équipements de génération antérieure. Un serveur Sparc Entreprise M5000 équipé de deux puces Sparc64 VI à 2,1 GHz, de 8Go de mémoire et de deux disques SAS est ainsi désormais facturé 37 500 € HT tandis que la même machine avec deux puces Sparc64 VII à 2,4 GHz coûte 42 100€ HT.

Une carte bi-processeur Sparc64 VI pour serveurs M8000 et M9000 affiche quant à elle un prix public de 89600€ contre 108700€ (prix catalogue) pour la même carte à base de puce  Sparc64 VII quadri-coeur à 2,52 GHz. Bien sûr, ces prix restent relatifs, la plupart des grands clients achetant ces équipements disposant de remises significatives pouvant dépasser les 50%. Notons pour terminer que le rafraichissement des gammes Sparc Entreprise devrait se poursuivre jusqu'à la rentrée, puisque Sun et Fujitsu doivent encore dévoiler un serveur 2U mono-socket à base de puce Sparc64, nom de code Ikkaku, et qu'ils devraient aussi lancer sous peu une version quadri-socket de leurs serveurs UltraSparc T2+, le T5440.

En savoir plus:

la page de lancement des nouveaux serveurs chez Sun (en anglais)

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