Crédit Agricole, EDF, FT, Natixis, etc. : quand les grands font sortir des datacenters "verts"

Alors que leurs vieilles installations arrivent à saturation et ne sont plus à même de faire face aux besoins des architectures modernes, les grandes entreprises françaises investissent massivement dans une nouvelle génération de datacenters plus verts. Situés hors de Paris, où le manque de puissance électrique et le coût du m2 rendent la construction de nouveaux équipements impossible, ces nouveaux grands datacenters sont l'œuvre de sociétés comme Crédit Agricole, EDF, France Télécom ou Natixis. Sans compter bien sûr le datacenter du CEA destiné à héberger le supercalculateur pétaflopique Tera100.

Après l'éclosion en France des premiers "eco-datacenters" en 2009, avec notamment la mise en service de nouveaux centres chez HP (à l'Isle d'Abeau) ou IBM (à Montpellier), 2010 et 2011 devraient voir entrer en service une nouvelle génération de grands datacenters mâtinés de préoccupations vertes chez plusieurs grands comptes français parmi lesquels France Télécom, EDF, Crédit Agricole et Natixis.

Dans tous les cas, ces nouveaux centres informatiques ont pour mission de faire face aux impératifs des nouvelles architectures informatiques. Ils doivent notamment répondre aux besoins électriques nés de la densification des équipements (on parle de puissances de l'ordre de 2 à 2,5 KW par m2 en moyenne - ce qui laisse de la marge pour des îlots à très forte densité). Dans tous les cas, la redondance est de mise avec des bâtiments classifiés Tier 4, soit le plus haut niveau de disponibilité pour un datacenter (ou "Tier 3+", puisqu'il est difficile en France d'avoir plusieurs fournisseurs d'électricité différents…). Ainsi, dans la plupart des cas, l'ensemble des chemins d'alimentation sont redondés, que ce soit pour l'alimentation entrante du bâtiment ou pour la desserte électrique des racks. Le refroidissement des salles est lui aussi systématiquement doublé de même que la connectique réseau avec des chemins de câbles passant par des salles de brassages disjointes... Bref de quoi obtenir une disponibilité des services supérieure à 99,995 %.

22 MW/h pour chacun des deux centres de France Télécom

Si toutes les techniques récentes sont mise en œuvre pour minimiser l'impact environnemental de ces nouveaux datacenters, la voracité énergétique des petits derniers est tout simplement phénoménale avec des consommations pouvant excéder 22 MW/h pour les plus importants, comme les deux centres jumeaux qu'entend mettre en service France Télécom à Val de Reuil, au Sud-Est de Rouen. Soit deux fois quelque 4 % de la puissance d'un réacteur nucléaire moyen.

Il faut dire que l'on ne parle pas de petits centres, mais bien d'investissements de grande ampleur. Ainsi, le premier des deux nouveaux datacenters HQE (haute qualité environnementale) que Natixis a mis en service dans l'Est parisien a une surface au sol de 11 000 m2, tandis que celui qu'achève actuellement EDF à Val de Reuil (également) aura une surface de 16 000 m2, un vrai géant par rapport au datacenter voisin d'Altitude Telecom (mis en service en 2009), qui aura tout de même coûté la modique somme de 10 M€ pour 3 000 m2 de surface. Le datacenter d'EDF aura pour mission d'héberger les infrastructure de calcul de consommation de l'électricien et son coût global, équipements informatiques compris, devrait friser les 50 M€. Natixis et EDF ont confié l'architecture de ces bâtiments au cabinet ENIA Architectes.

Val de Reuil ou le nouveau "datacenter land"

EDF ne devrait toutefois pas rester longtemps le plus gros pourvoyeur de datacenters de Val de Reuil (une ville nouvelle créée au début des années 70) puisque France Télécom prévoit la mise en service début 2011 du premier des quatre bâtiments informatiques occupant chacun près de 10 000 m2. Ces nouveaux datacenters doivent, selon l'opérateur, répondre à des critères de haute qualité environnementale. Il n'empêche : une fois l'ensemble des infrastructures en service, la consommation des datacenters locaux de l'opérateur devrait atteindre 2 x 22 MWh.

Notons enfin que Crédit Agricole Immobilier devrait prendre livraison en septembre 2010 de deux centres de production informatique pour le groupe, tous deux situés en banlieue de Chartres, à Mainvilliers et à Fontaine-La-Guyon. Ces deux sites, de près de  13 000 m2 chacun, pourront à terme être ouverts à des clients externes. Le seul site de Mainvilliers représente, selon l'agglomération de Chartres, un investissement de près de 25 M€ pour la banque verte.

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