Cet article fait partie de notre guide: Prism : un scandale aux vastes retombées

Huit géants d’Internet ensemble pour limiter les pratiques de surveillance en ligne

Aol, Facebook, Google, LinkedIn, Microsoft, Twitter et Yahoo ont joint leurs forces pour appeler les gouvernements du monde entier à réviser leurs pratiques et législation relatives à la surveillance des individus en ligne.

Le fait est rare. Mais Aol, Facebook, Google, LinkedIn, Microsoft, Twitter et Yahoo viennent d’adresser une lettre ouverte, ensemble, aux gouvernements du monde entier, pour leur demander de se pencher sur leurs pratiques et législations relatives à la surveillance des personnes en ligne, ainsi qu’à l’accès aux informations personnelles. Reconnaissant le besoin de protéger la sécurité des personnes, ils estiment que « les lois et pratiques actuelles ont besoin d’être réformées ».
 
Cinq principes pour encadrer la surveillance

Et de proposer cinq principes qui doivent, selon les signataires de l’appel, guider ces réformes. Par exemple, les agences de renseignement devraient opérer dans « un cadre légal clair » assurant le contrôle et l’équilibre des pouvoirs exécutifs. Des cours de justice indépendantes devraient pouvoir superviser le respect de ce cadre légal. Pour les signataires, la transparence est essentielle et « les entreprises devraient pouvoir publier le nombre et la nature des demandes gouvernementales d’informations d’utilisateurs » Et d’appeler les gouvernements à publier eux-mêmes ces détails. 

Surtout, les huit géants de l’Internet semblent attachés à éviter toute forme de balkanisation d’Internet : pour eux, des gouvernements ne devraient pas empêcher leurs citoyens à accéder à des informations légalement disponibles en dehors de leurs frontières. Ils ne devraient pas non plus demander aux fournisseurs de services d’implanter leurs infrastructures au sein de leurs frontières. 

Enfin, afin d’éviter les conflits juridiques, les signataires appellent à « un cadre robuste, bâti sur des principes, et transparent pour régir les demandes légales d’informations entre juridictions, de même qu’un traité d’assistance légale réciproque amélioré ».  

Apple se joint aux signataires pour une lettre ouverte complémentaire, visant directement Barack Obama et les membres du Congrès américain et les appelant à prendre les devants dans cet effort de réforme auquel sont appelés les gouvernements du monde entier. 

Le risque économique en toile de fond

Les huit géants de l’Internet justifient leur démarche en invoquant les « normes mondiales établies de libre expression et de protection de la vie privée ». Mais il serait difficile de ne pas voir poindre derrière cet objectif louable la question commerciale. De fait, le scandale Prism pourrait coûter de 22 Md$ à 35 Md$ pour l’Information Technology & Innovation Foundation, voire jusqu’à 180 Md$ pour James Staten, de Forrester, sur trois ans, à l’industrie IT américaine. Lors de la présentation de ses derniers résultats trimestriels, Cisco n’a pas manqué de relever que les révélations du scandale Prism ont suscité « un certain degré d’incertitude ou d’inquiétude » et ont contribué au recul des ventes. Déjà, fin août, Dylan Tweney lançait dans les colonnes de VentureBeat un appel au sursaut économique, s’inquiétant de l’impact des activités de la NSA sur l’industrie des services Cloud. 

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