Verizon Cloud : un nouveau cloud pour rivaliser avec Amazon

Annoncé en octobre 2013, Verizon Cloud devrait prochainement faire ses débuts en Europe. La nouvelle offre de cloud public a pour but de permettre à l'opérateur de rivaliser avec Amazon.

En octobre dernier, l’opérateur américain Verizon a levé le voile sur Verizon Cloud, une nouvelle plate-forme développée par son entité Verizon Terramark, qui opère déjà le cloud entreprise de la firme basé sur VMware, une offre qui est venue enrichir l’offre historique de cloud d’entreprise de l’opérateur. Récemment, LeMagIT a pu s’entretenir avec Gavan Egan, vice-président Cloud pour l’Europe de Verizon Terremark. L’occasion de faire le point sur la nouvelle plate-forme de l’opérateur, encore en bêta, et qui devrait faire ses débuts en Europe dans le courant du premier semestre.

Verizon, un des acteurs de poids du cloud

Gavan Egan est VP Sales EMEA de Verizon Terremark

Verizon Cloud est le fruit de plus de trois ans de développement par une équipe bâtie autour d’une start-up acquise par Verizon en 2011, CloudSwitch. C’est d’ailleurs l’un des fondateurs de CloudSwitch, John Considine, qui est aujourd’hui le CTO de Verizon Terremark.

Verizon est surtout connu des entreprises françaises comme un géant du secteur des télécoms. La firme a hérité en France des infrastructures bâties par UUN et et MCI-WorldCom et elle est à ce titre l’un des leaders mondiaux de l’Internet. Dans l’hexagone, Verizon a une clientèle composée à 80% de grands comptes et de grosses PME françaises, le solde étant fourni par les filiales françaises de ses clients américains.

Comme l’explique Gavan Egan, vice-président Europe de Verizon Terremark, le cloud n’est pas une nouvelle activité pour Verizon : « Nous fournissons des plates-formes depuis six ans avec notre entreprise Cloud ». L'opérateur est d’ailleurs reconnu comme l’un des leaders du cloud d’infrastructure public dans le monde.  451 Research classait ainsi Verizon au 3e rang mondial derrière Amazon et RackSpace en 2012 et plaçait la firme au second rang du marché du cloud IaaS public en Europe derrière Amazon, mais devant Colt et Orange Business Services.

Selon Egan, Verizon a beaucoup appris de ses premières expériences avec ses offres de cloud basées sur VMware et a aussi beaucoup discuté avec ses clients des améliorations qu’ils souhaitaient voir apparaître. Il a fait le constat que nombre d’entre eux hésitaient à basculer leurs applications sur une infrastructure de cloud public. « Sur notre cloud, une large partie des applications déployées sont aujourd'hui des applications web ou des applications de test et de développement », explique Egan. « Les entreprises hésitent à mettre dans le cloud leurs applications critiques. » Selon lui, la raison est qu’aucun cloud n’est à ce jour à même de garantir les niveaux de SLA requis par les entreprises, sans compromettre les attributs de flexibilité du cloud.

Verizon Cloud : une architecture entièrement repensée

L’opérateur a donc tout simplement décidé de repartir d’une feuille blanche en concevant une nouvelle plate-forme de cloud à même de répondre à ces besoins. Et il n’a pas hésité pour l’occasion à innover massivement en s’appuyant sur certaines des approches technologiques les plus intéressantes du moment.

Pour la partie matérielle, Verizon fait le choix de s’appuyer sur l’architecture de microserveurs conçue par AMD SeaMicro. Les microserveurs utilisés par l’opérateur font à la fois usage de puces AMD Opteron et de puces Intel Xeon. Mais ce sont surtout les capacités uniques de la « matrice de commutation » interne des serveurs SeaMicro qui ont retenu l’attention de Verizon, car elle permet à l’opérateur d’allouer des ressources avec un niveau de précision et de granularité inconnu à ce jour. Pour la partie réseau, Verizon s’appuie sur les commutateurs Ethernet à faible latence d’Arista. Le stockage en mode blocs est quant à lui assuré par des SSD fournis par HGST (en fait des SSD conçus par STEC avant son rachat par Western Digital - HGST) tandis que le service de stockage objet est confié à une plate-forme distribuée maison déployée sur plusieurs datacenters pour offrir redondance et sécurité.

Pour piloter l’ensemble de ces éléments,Verizon s’est appuyé sur les travaux logiciels de CloudSwitch. Les ingénieurs de l’opérateur ont conçu une version de Xen lourdement modifiée pour tirer parti des capacités des serveurs SeaMicro, mais aussi pour fournir des services réseau avancés. La technologie de SDN embarquée dans Verizon Cloud permet ainsi aux clients d’accéder à leurs services au niveau 2 (et non pas au niveau 3, comme la plupart des concurrents, ce qui fait que les clients pourront créer leurs propres VLAN et contrôler les niveaux d’isolation entre leurs VM. Une autre modification d’importance - directement liée aux travaux de CloudSwitch - , permet à l’implémentation Xen de Verizon d’accueillir des images de VM conçues pour les environnements VMware avec un support des drivers VMware - et on peut imaginer qu’il en sera de même à terme pour les images Hyper-V).

Garantir les performances et la disponibilité

L'interface de Verizon Cloud permet de paramétrer très précisément les caractéristiques d'une VM.

En combinant les capacités de cet hyperviseur et celles des serveurs SeaMicro, Verizon est à même de garantir la performance délivrée par ses VM. Le client définit tout simplement la performance CPU souhaitée (de 1 à 8 CPU virtuels cadencés à 500, 1 000 ou 2 000 MHz), la mémoire (de 1 à 28 Go par incréments de 0,5 Go), le débit réseau (de 50 à 500 Mbit/s par vNIC) et le nombre d’IOPS (entre 100 et 5 000 pour un volume disque unique – il est possible de striper jusqu’à trois volumes pour obtenir 15 000 IOPS sur une VM). Ces paramètres sont garantis par l’infrastructure, éliminant ainsi le syndrome du « voisin incommodant » - en fait une VM d’un autre client sur le cloud public dont l’explosion des besoins peut dégrader les performances des VM voisines.

La gestion du cloud est quant à elle opérée par une version profondément modifiée de CloudStack, la pile d’administration de cloud de la fondation Apache et elle supporte les API AWS, CloudStack et OpenStack.

Un service encore en phase bêta, mais qui sera disponible en Europe

Encore en phase bêta, Verizon Cloud n’est pour l’instant déployé que sur le site de Culpeper en Virginie, mais selon Gavan Egan, le service devrait être opérationnel « dans 7 datacenters à travers le monde lors du lancement commercial », dans le courant du premier semestre (la bêta gratuite arrive à son terme le 31 janvier 2014). Londres et Amsterdam seront les deux premiers datacenters européens de l’opérateur à héberger l’offre Verizon Cloud. Le VP Cloud Europe de Verizon a expliqué que l’architecture de la plate-forme devrait offrir à Verizon un avantage en termes de coûts sur ses concurrents. Il a aussi indiqué qu’elle devrait être à terme déclinée en version cloud privé pour les clients disposant de contraintes réglementaires spécifiques.  Il s’est en revanche refusé à  indiquer si Verizon entendait à terme fournir un service de PaaS au-dessus de sa plate-forme.

Selon Egan, l’offre Verizon Cloud sera accessible à tous les types de clients et il sera même possible aux plus petits de payer par carte de crédit. Pour les clients sous contrat, l’offre d’infrastructure nue pourra aussi être complétée par les prestations de services managés de l’opérateur. Il est à noter que le lancement de Verizon Cloud ne signifie pas, au moins dans l’immédiat, l’arrêt des offres existantes. L’offre Terremark basée sur VMware continuera ainsi à être commercialisée.

 

 

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