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Blackberry abandonne le Pakistan

Dans un billet de blog, le Canadien explique que le gouvernement local souhaitait pouvoir intercepter les e-mails et messages instantanés transitant via des serveurs BES.

L’affaire a comme un parfum de déjà-vu. Blackberry s’apprête à mettre un terme à ses activités au Pakistan. Dans un billet de blog, il indique qu’il se retirera de ce marché au 30 décembre prochain : « nous regrettons de quitter ce marché important et nos clients de valeur là, mais rester au Pakistan aurait impliqué de trahir notre engagement à protéger la confidentialité de nos utilisateurs ».

Et Marty Beard, directeur opérationnel de Blackberry, d’expliquer que « le gouvernement pakistanais voulait avoir la possibilité de surveiller tout le trafic Blackberry Enterprise Service (BES) dans le pays, y compris tous les messages BES e-mail et BES BBM message. Mais Blackberry ne se conformera pas à une telle directive. Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, nous ne supportons pas portes dérobées offrant un accès ouvert aux informations de nos clients, et nous n’avons jamais fait cela dans le monde entier ».

C’est l’occasion, pour le Canadien, d’insister sur sa volonté d’accompagner les forces de l’ordre dans le cadre d’interception légales, mais rien de plus : « la demande du Pakistan n’était pas une question de sûreté publique ; nous sommes plus qu’heureux d’aider les forces de l’ordre à enquêter sur des activités criminelles. Mais le Pakistan demandait pour l’essentiel un accès illimité à toutes les informations des clients BES ».

Mais tout cela rappelle le bras de fer qui a opposé l’Inde et celui qui s’appelait à l’époque RIM. En juillet 2008, suite aux attentats d’Ahmedabad et de Bangalore, le ministère de l’Intérieur indien avait cherché à obtenir un assouplissement du chiffrement des transmissions sur les Blackberry utilisés dans le sous-continent – y compris pour le BES. En vain. Une demande réitérée quelque mois plus tard, à la suite des attentats de Mumbai, avec le même résultat.

Courant 2010, le gouvernement indien s’est engouffré dans la brèche ouverte par les Emirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite : cette dernière avait obtenu de celui qui s’appelait encore RIM l’installation de serveurs sur son territoire pour les utilisateurs du service à l’intérieur de ses frontières, afin de permettre les interceptions légales. Peu après, le gouvernement indien a menacé d’interdire les services de RIM sur son territoire, au 31 août 2010, en l’absence d’accord.

Il aura fallu attendre la fin 2011 pour que RIM ouvre une installation à Mumbai pour aider les autorités locales à conduire des interceptions légales sur ses services chiffrés grand public. Mais ce n’est qu’en juillet 2013 que RIM semble avoir finalement mis à disposition des autorités indiennes un système d’interception en temps réel des messages instantanés, e-mails et pièces jointes transitant via ses services pour le grand public.

De son côté, le gouvernement pakistanais a récemment indiqué que « le niveau d’accès est toujours en cours de discussion », donnant à Blackberry jusqu’au 30 décembre avant d’ordonner la fermeture de ses services. L’échéance avait initialement été fixée au 30 novembre. 

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