Des licenciements massifs toucheraient les activités systèmes d'Oracle

Un mois à peine après le départ de John Fowler, le patron historique des systèmes de Sun, Oracle aurait entamé des licenciements massifs au sein de l'activité. L'érosion accélérée des ventes de systèmes Sparc/Solaris mettrait aujourd'hui en péril leur survie à long terme.

Après s’être séparé de 441 salariés dans sa division systèmes de Santa Clara au mois de mars — et après sans doute en avoir licencié plusieurs centaines d’autres sur d’autres sites —, Oracle aurait lancé une nouvelle vague de licenciements touchant principalement son activité systèmes.

Selon les informations échangées sur le forum The Layoff.com, plus de 500 employés affectés à la division systèmes d’Oracle (héritée de l’ex Sun Microsystems) auraient fait les frais de l’opération. Les équipes en charge du développement des systèmes Sparc et de Solaris auraient été particulièrement touchées, de même que celles responsables du stockage.

Pour l’instant, ces suppressions d’emplois ne sont pas confirmées officiellement, l’État de Californie n’ayant pas encore publié les informations WARN (Worker Adjustment and Retraining Notification Act) de la fin du mois d’août et du début septembre — la loi WARN contraint les employeurs à notifier l’État des plans de licenciement touchant plus de 50 personnes 60 jours avant leur mise en œuvre effective.

Mais elles sont renforcées par les messages et billets de blog de plusieurs anciens de Sun qui font état du départ de plusieurs de leurs ex-collègues. L’un des plus vocaux est Simon Phipps, ancien évangéliste, puis directeur open source de Sun de 2005 à 2010, qui écrit sur son blog : « Oracle a finalement tué Sun ».

Une lente descente aux enfers depuis le rachat de Sun Microsystems

L’activité système d’Oracle est née de l’acquisition de Sun MicroSystems en 2008. En 2007, avant le rachat, Sun réalisait environ 10 Md$ de CA avec ses systèmes, dont un peu moins de 6 Md$ en serveurs, et le solde en système de stockage et de sauvegarde, en équipements réseau divers, etc.

Durant l’année fiscale 2011 d’Oracle (de juin 2010 à mai-2011) 2011, les ventes matérielles d’Oracle n’étaient déjà plus que de 5,1 Md$. Depuis, elles ont continué à s’effondrer pour atteindre un plus bas de 2 milliards au cours de l’année fiscale 2017, tout juste achevée.

En dix ans, Oracle aurait donc vu ses revenus matériels baisser de près de 80 % et ce sont en particulier les ventes de serveurs Unix qui auraient été affectées.

Le marché Unix pesait approximativement 17 Md$ en 2008, selon les chiffres d’IDC, dont environ 6 Md$ pour le seul Sun Microsystems. À la fin 2013, ce marché était déjà tombé à 6,5 Md$, toujours selon IDC.

Sur l’ensemble de l’année calendaire 2016, il n’était plus que de 3,1 Md$ d’après Gartner. IBM contrôlerait 55 à 60 % de ce total selon les trimestres avec ses systèmes Power/AIX, tandis qu’Oracle en détiendrait environ 22 à 23 %. HPE de son côté contrôlerait 13 à 15 % du marché avec ses plates-formes Itanium/HP-UX, le solde provenant pour l’essentiel de Fujitsu (partenaire d’Oracle sur Sparc).

Oracle ne réaliserait donc plus que 660 à 690 M$ de chiffre d’affaires avec ses systèmes Sparc, soit environ 11 % de ce que Sun réalisait en 2008. Ce montant, comme c’est aussi le cas pour HPE, ne permet vraisemblablement plus d’amortir la R&D intense que nécessite la conception et l’évolution de ces systèmes complexes. Et il serait la cause des licenciements en cours. Des problèmes similaires affecterait les activités stockage et sauvegarde, sans que l'on sache exactement quels produits survivront à la purge en cours (la baie FS1 a déjà été retirée du catalogue).

Vers une mise en maintenance de l’écosystème Sparc/Solaris ?

Une autre nouvelle ne devrait guère rassurer les utilisateurs de la plate-forme Sparc Solaris. John Fowler, l’historique patron des systèmes de Sun qui a piloté le design de la plupart des systèmes d’Oracle depuis dix ans,  a été limogé le 2 août dernier. Il y a encore quelques mois, c’est lui qui avait été envoyé en tournée dans le monde pour tenter de convaincre les clients du futur de la plate-forme Sparc Solaris.

Les responsabilités de Fowler seraient désormais assumées par Ed Screven, le Chief Corporate Architect d’Oracle. Celui-ci est par ailleurs en charge des efforts de la firme de Larry Ellison autour de Linux, de la virtualisation et de MySQL et de sa stratégie en matière d’open source, de standards et de sécurité.

Selon les informations publiées sur TheLayoff.com, Oracle aurait achevé le développement du Sparc M8 (qui est vraisemblablement le Sparc .Next prévu par la roadmap Sparc pour la fin 2017) et mettrait la dernière main à Solaris 11.4. De nouvelles machines équipées du nouveau processeur et de l’OS devraient donc prochainement faire leur chemin au catalogue d’Oracle, mais le futur est ensuite plus que brumeux.

Il est possible que, comme l’a récemment fait HPE avec les Itanium Kittson, Oracle ait décidé de lancer une dernière génération de machines Sparc avant de placer silencieusement sa plate-forme Sparc Solaris en mode maintenance après la sortie des M8. Une telle décision contredirait toutefois la roadmap publiée en janvier 2017, qui annulait Solaris 12, mais promettait toujours une évolution du Sparc M8 pour 2021.

Pour approfondir sur Unix (Risc et Itanium)

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