Microsoft tente de nouveau de se payer Yahoo

L’indépendance de Yahoo ne tient plus qu’à un fil : celui qui relie désormais l’un des acteurs Internet historique à Microsoft.

L’indépendance de Yahoo ne tient plus qu’à un fil : celui qui relie désormais l’un des acteurs Internet historique à Microsoft. Visiblement lassé de courir seul après Google, Redmond est prêt à mettre quelque 45 milliards de dollars sur la table, soit une valorisation supérieure de 62 % au cours de l’action (19 $ à la clôture le 31 janvier 2008) de Yahoo, la société fondée en 1994 par David Filo et Jerry Yang. 

Sur ce dossier, Microsoft fait preuve d'une belle opiniatreté. Cela fait plus d’un an que les premiers appels du pied sont partis. En janvier 2007, l’éditeur de Windows avait même demandé l’ouverture officielle de négociations, sans recevoir d'échos du conseil d’administration de Yahoo. Mais les temps pourraient bien avoir changé et, en terme de calendrier, Microsoft profite du flottement enregistré ces derniers jours autour de Yahoo. Le groupe californien peine à se trouver une stratégie et déçoit les investisseurs. Pour le 4e trimestre, le CA a bien grimpé de 8 % pour atteindre 1,832 Md$ mais les profits sont en baisse à 206 M$. Une restructuration est dans l’air qui pourrait voir la société se passer de 1 000 postes, soit 7% de son effectif. Yahoo s’est également séparé de Terry Semel. Directeur général jusqu’en juin dernier, il demeurait président non exécutif. Il était annoncé sur le départ le 30 janvier au soir.

En fait, le portail reste pivot, mais ne s’impose dans aucun secteur. Yahoo est concurrencé par Google sur le marché de la recherche en ligne et surtout sur les revenus publicitaires. Il est largement concurrencé par MSN – notamment aux Etats-Unis – en tant que portail et a vu exploser sur son flanc « participatif et communautaire » les MySpace et autre Facebook. De son côté Microsoft espère tirer des synergies en terme d’organisation. Dans un communiqué l’éditeur estime à 1 milliard de dollars les économies annuelles liées au rapprochement. Surtout, il s’agit de ne pas se faire distancer par Google sur le partage du gâteau publicitaire et des fonctionnalités online. A titre d’exemple du rapport de force engagé pour contrôler la toile, Google représente selon Médiamétrie plus de 23 millions de visites mensuelles en France contre 22 millions pour Microsoft (Microsoft France et MSN confondus). Avec Yahoo, celui-ci pourrait capitaliser 35 millions de visites… et l’ensemble des revenus publicitaires attenants, Yahoo disposant avec l’ex Overture de la seule régie de liens sponsorisés capable de rivaliser – même si c’est de loin – avec Google Adsense. Egalement en jeu les technologies hébergées en ligne et la recherche en entreprise. Microsoft parie là aussi sur les synergies et souhaite profiter des efforts de R&D de Yahoo.

Reste que le choc culturel sera grand. A titre d’exemple, comment Microsoft serait reçu par les utilisateurs et la communauté de développeurs du très prometteur outil de messagerie Open Source Zimbra récemment racheté par Yahoo pour 300 millions de dollars ?

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