L’industrie IT face à la menace de la grippe mexicaine

Le niveau élevé de mobilité de certaines populations de l’industrie IT en fait une cible de choix pour la grippe mexicaine – ou porcine, ou A – liée au virus H1N1. LeMagIT a interrogé divers acteurs du secteur, SSII ou fournisseurs, sur les mesures mises en place pour concilier protection des personnes et continuité de l’activité.

En Inde, alors que les autorités assurent qu’aucun cas avéré n’a été constaté, la ville d’Hyderabad compte désormais deux cas suspects de grippe mexicaine, le second étant un informaticien revenant d’Allemagne, selon nos confrères de Times of India. Chez Infosys, un porte-parole indique que la SSII « surveille attentivement la situation » et, « si des cas venaient à se déclarer, nous travaillerons avec nos clients et nos employés pour prendre les mesures nécessaires. » Mais, pour l’heure, aucune restriction des déplacements, notamment vers et depuis les implantations mexicaines de la SSII indienne, n’aurait été décrétée. Même son de cloche chez Wipro, chez qui Laxman K Badiga, directeur de la communication, indique fournir « des recommandations pour les voyages, de l’information sur la grippe mexicaine, les précautions à prendre […] Dans le cas de menace sur l’activité dans des régions touchées, nous activerions immédiatement notre de plan de continuité afin d’apporter des réponses appropriées en coordination avec nos clients. Nos continuons de suivre la situation de près et nous nous conformerons aux recommandations des autorités sanitaires sur ce sujet. »

Chez TCS, qui dispose d’installations à Guadalaraja, capitale de l’état mexicain de Jalisco et Silicon Valley locale où sont notamment installés IBM, General Electric, Intel, HP, Flextronics ou encore Hitachi, la situation est quelque peu différente. Après avoir indiqué dans un premier temps que ses activités au Mexique n’étaient pas impactées par l’épidémie - « aucun projet n’est suspendu pour le moment ; tous nos employés sont suivis attentivement » - la SSII a demandé à ses 1 400 collaborateurs locaux de travailler, dans la mesure du possible, depuis leur domicile, tout en évoquant des « programmes forts de continuité d’activité » pour assurer « qu’aucun projet ne sera affecté. » De son côté, Genpact a décidé de fermer temporairement ses implantations mexicaines et de transférer leur activité sur d’autres sites, au moins jusqu’au 6 mai.

Des approches prudentes

L’implantation mexicaine de Capgemini est plutôt modeste, « une centaine de personnes », indique un porte-parole de la SSII. Mais des mesures ont néanmoins été prises. Localement, les collaborateurs sont ainsi « invités à suivre régulièrement les informations communiquées par le siège du groupe, les autorités locales et les organismes internationaux, et à appliquer les instructions données par le bureau de Capgemini à Mexico [lesquelles ne nous ont pas été détaillées, NDLR]. » En outre, les voyages vers le Mexique ou avec correspondance au Mexique sont interdits « jusqu’à nouvel ordre ; tout employé ayant été récemment au Mexique est invité à contacter un médecin s’il ressent des symptômes du virus. »

Cette mesure, concernant les déplacements, est également en vigueur chez HP, qui l'a étendue à San Diego et au sud de la Californie. Les employés mexicains de HP et de sa filiale EDS doivent pour leur part travailler depuis leur domicile - « à 98 %, les collaborateurs de HP sont équipés pour être mobiles », précise un porte-parole - ; une cellule sanitaire spécifique, interne, est à leur disposition et à leur écoute, depuis ce week-end du 1er mai : « les recommandations sont établies en coordination avec les autorités mexicaines qui fournissent des quotidiennement des informations actualisées sur l'état de l'épidémie. »

Chez Dell, en revanche, aucune restriction de déplacement n’aurait encore été mise en place – « on suit ce que font les autorités », indique un porte-parole – mais une cellule interne dédiée assure la veille et « des conseils ont déjà été diffusés. » Chez Logica, qui n’a pas d’implantation au Mexique mais est présente en Amérique du Sud et du Nord, aucune restriction n’aurait été imposée sur les déplacements. Le service de communication de IBM n’a pas été mesure de répondre à nos questions.

image 1

L’informatique au service de la lutte

Mais l’industrie IT n’apparaît pas seulement comme victime potentielle : elle contribue aussi à la lutte contre la maladie. Google a ainsi adapté son outil de suivi de la grippe saisonnière à l’épidémie en cours, avec le service expérimental Google Flu Trends for Mexico. Selon Veratect, l’épidémie aurait même pu être prise en compte plus tôt : le spécialiste américain du data mining assure en effet avoir averti les autorités sanitaires avec plus de deux semaines d’avance, en s’appuyant sur des modèles informatiques d’analyse de données sanitaires. Le centre américain de contrôle et de prévention de la maladie (CDC) n’a pas nié ces affirmations mais s’est refusé à tout commentaire.

Reste que, selon les modèles mathématiques du laboratoire  de simulation de l’université Virginia Tech, l’épidémie aurait été prise au sérieux suffisamment tôt pour être contenue, aux Etat-Unis. De son côté, CombiMatrix et STMicro proposent désormais un équipement électronique permettant de diagnostiquer précisément la grippe A/H1N1 en l’espace de 4 heures.

Pour approfondir sur Opérateurs et intégrateurs réseaux

Close