Chômage partiel : Alten renvoyé dans les cordes

La direction départementale du travail rejette la demande de chômage partiel d'Alten. Selon un courrier de l'administration, celle-ci visait 400 salariés du spécialiste de la R&D externalisée. Mais ce dernier affirme lui que seuls 150 personnes étaient concernées.

Comme nous l'écrivions il y a quelques jours, plusieurs sociétés de conseil en technologies, affectées par la crise qui frappe le secteur de l'automobile, ont déposé des demandes de chômage partiel aux Directions départementales du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle (DDTEFP). Si certaines sociétés ont bénéficié du dispositif (chez Assystem et Segula), d'autres l'étudient, comme Altran ou Alten. Mais ce dernier s'est fait recaler par l'administration. La société de conseil en technologies demandait une indemnisation de l'état (contingent de 1 000 heures annuelles à 60 % de la rémunération brute) pour 400 salariés, selon des sources syndicales.

Interrogé sur le sujet, un porte-parole de la société indique que la direction du travail n'a pas refusé la demande du groupe, mais a simplement demandé un complément d'information. Alten affirme par ailleurs que la demande ne portait que sur 150 personnes - et non 400 - et qu'une précédente demande de chômage partiel pour 200 de ses salariés a, elle, été validée.

Embrouillamini sur les chiffres

Dans son courrier à la DRH d'Alten, que nous avons pu consulter, la DDTEFP parle pourtant bien d'une mesure touchant 400 salariés, dont plus de 350 cadres. Tout en s'étonnant de trouver, accompagnant la demande d'Alten, une liste de 125 consultants "sans rapport avec les chiffres susmentionnés".

L'administration renvoie sèchement dans les cordes la société de services : "rien ne permet de justifier et d’objectiver la mesure envisagée auprès des 400 salariés sur 3790 que compte l’entreprise, tant au regard du caractère collectif attaché à la mesure qu’à l’appréciation de l’ampleur des difficultés et de leur caractère conjoncturel, comparé à l’activité de votre entreprise telle qu’observée mensuellement au cours des trois dernières années."

Rappelons que ces recours au chômage partiel restent décriés par les centrales syndicales, notamment de la CFDT et de la CGT. Toutes deux, à l'origine pourtant d'une proposition cadre pour la branche Syntec permettant un recours au dispositif, critiquent le manque d'articulation de ces demandes avec la formation.

"La panne d'un secteur entier"

Président du Geicet (un groupement professionnel réunissant des sociétés d’ingénierie et de conseil en technologies), Emmanuel Arnould explique avoir mis en place une cellule de support dans son organisation guidant les sociétés dans leurs demandes d'accès au dispositif. "C'est une procédure contraignante", avance-t-il, tout en se félicitant de l'ouverture des pouvoirs publics, déterminés à éviter les licenciements. Le président du groupement souligne également qu'il ne s'agit pas, pour les sociétés de services, de gérer des situations habituelles d'intercontrat : "à situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle. Là, c'est un secteur économique entier qui tombe en panne", explique-t-il en faisant référence à l'automobile, domaine où seraient, selon lui, circonscrites les demandes actuelles de chômage partiel.

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