Logiciel : l’Ile de France 2ème région européenne en matière d’édition

L’Ile de France puis pas grand chose. En dépit de la présence de l’Ile de France à la deuxième place du classement Truffle des régions européennes en matière de logiciel, la France est toujours la troisième nation du vieux continent, loin derrière l’Allemagne et plus près du Royaume Uni. La faute à une économie centralisée en manque d’entreprises leaders d’envergure mondiale.

La France est bien installée dans le top 3 des pays européens en matière d’édition logicielle. Mais la centralisation à la française – qui voit l’Ile de France monopoliser une grand partie de la ressource économique de l’Hexagone – est finalement nuisible à l'économie du secteur. C’est ce que l’on peut conclure à la lecture du dernier classement Truffle 100 des clusters logiciels en Europe. Etabli avec le support de la Commission Européenne et celui des analystes de CXP, ce classement met en lumière les grands équilibres économiques régionaux de l’Europe en matière de logiciel. Si sans surprise le bassin Rhin-Main-Neckar (Région centrée autours de Francfort regroupant le sud du Land de Hesse et le nord du Land de Bade-Wurtemberg) arrive en tête avec 12,5 milliards d’euros annuels de revenus générés, l’Ile de France, avec ses 2,5 milliards d’euros de revenus, occupe de manière plus surprenante la deuxième place du classement, devant la région britannique South East England (1,9 milliard d’euros) qui comprend pourtant le Grand-Londres.
 
L’Ile de France et le désert français

Cette prééminence francilienne est cependant à assortir d’un bémol : l’Ile de France est la seule région française dans le top 10 européen, là où les Allemands en placent deux et les Britanniques trois. Certes la région Rhône Alpes – notamment emmenée par Cegid - est à la porte de ce top 10, mais si les revenus issus du logiciel pourraient lui permettre de sauter le pas, ses investissements en R&D demeurent insuffisants. Les entreprises des 10 principales régions européennes consacrent à la recherche plus de 1 milliard d’euros annuels tandis que les éditeurs de Rhône Alpes sont bien en deçà.  Si l’on étend l’analyse aux 30 premières régions de l'Union, les conclusions sont encore plus cruelles : en dehors du Nord Pas de Calais, aucune région française n’est classée, tandis que l’Allemagne, le Royaume Uni ou encore l’Italie ont chacun six représentants. Au final l’Allemagne est – de loin – le leader du logiciel européen devant le Royaume Uni puis la France.

Le tracteur SAP

Le leadership européen s’explique notamment par l’existence que quelques poids lourds à l’échelle mondiale. La région Rhin-Main-Neckar, présentée par Truffle comme « une véritable Silicon Valley à l’européenne », est ainsi en tête avec cinq entreprises importantes cumulant un CA cinq fois supérieur à celui de l’Ile de France avec 14 entreprises, souvent – à l’exception de Dassault Système - de grosses PME à l’échelle de l’industrie mondiale. Il existe donc bien un effet SAP mais pas seulement. Karl-Heinz Streibich, PDG de Software AG, la deuxième entreprise de la région Rhin-Main-Neckar, explique ainsi qu’« aujourd’hui, seulement 5 des 5 000 sociétés de logiciel que compte notre territoire sont classées dans le top 100 européen. Le potentiel de développement des Vallées Rhin-Main-Neckar est donc très important. A terme, notre objectif est de concentrer, dans cette région, 100 entreprises totalisant 100 millions d’Euros de revenus. Voilà qui constituerait une étape majeure pour faire de l’Europe un des leaders mondiaux du secteur ». Face à de telles ambitions, la politique logicielle hexagonale éprise de colbertisme et de parisianisme, parait bien en retard...

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