Le numérique ne sera pas l'oublié du grand emprunt, le Syntec et l'Afdel soulagés

Un soulagement ? Peut-être est-il trop tôt pour aller jusque là. En tout cas, l'Afdel - association d'éditeurs - et le Syntec Informatique - la chambre patronale des SSII et éditeurs - ne cachent pas leur satisfaction à l’issue du séminaire organisé ce jeudi 10 septembre par Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat à l’Economie numérique. Certaines propositions formulées par les acteurs du secteur semblent en effet avoir trouvé une oreille attentive. Mais il n’en reste pas moins de nombreux défis.

A l’issue du séminaire organisé par Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique, Patrick Bertrand, directeur général du groupe Cegid et président de l’Association française des éditeurs de logiciels (Afdel), ne cache pas sa satisfaction, évoquant « le haut niveau en termes de participants. » Surtout, il relève l’implication des membres du gouvernement – avec trois tables rondes animées par des ministres et l’intervention, en clôture, de François Fillon, le Premier ministre, mais aussi, au fil du séminaire, celles de Michel Rocard ou encore d’Alain Juppé. Et Patrick Bertrand d’y voir « une véritable prise de conscience » de l’importance de l’économie numérique pour l’activité en France. « La relance et le futur, ce ne sont pas que le béton et l’automobile », plaide-t-il, écornant au passage quelques-uns des choix faits jusqu'à présent par le gouvernement.

Des politiques prêts à entendre les enjeux du numérique

Du côté du Syntec Informatique, la chambre patronale des SSII et éditeurs, l’heure est également à l’enthousiasme. Un porte-parole de l’organisation se satisfait ainsi que le travail « commencé au mois de juillet » sur la place du numérique dans le projet de grand emprunt ait porté ses fruits : « nous avons répondu début juillet à une demande du cabinet de Nathalie Kosciusko-Morizet pour une présentation, à l’Elysée, sur le pourquoi et le comment dynamiser l’industrie française du logiciel. Dans le cadre du grand emprunt, nous avons travaillé sur des idées de projets d’investissement structurants […] La plupart des idées que nous développions se retrouvent dans les thèmes mis en avant par la ministre.  » Le Syntec avait ainsi insisté sur quelques priorités, parmi lesquelles l’extension de l’accès au numérique pour tous les Français – avec le développement du très haut débit -, mais aussi l’accompagnement des « natifs du numérique » via une adaptation des structures pédagogiques, ou encore la consolidation d'un secteur des logiciels et des services « trop peu capitalisé ». Surtout, un secteur « en voie de consolidation au détriment des acteurs français », selon le Syntec. Message écouté : ce point apparaît en seconde place des priorités de la ministre.

Mais l’Afdel et le Syntec Informatique semblent aussi avoir réussi à faire entendre leur voix en ce qui concerne la stimulation de la demande intérieure, en particulier celle venant des TPE et des PME. Pour François Fillon, « un programme ambitieux d’incitation à la mise en place ou à la mise à jour des services d’information des PME mérite de voir le jour. » Du pain béni pour les SSII et éditeurs.

Trop de retard, pas assez de moyens ?

Lors de son discours de clôture, François Fillon a ainsi relevé que « le numérique, c’est un gisement de croissance […] que notre pays n’exploite pas suffisamment. » Et de relever que la part du numérique dans la croissance du PIB français « est de 0,4 à 0,7 point inférieure à ce qu’elle est dans d’autres pays comparables en Europe et dans le monde. » Un retard notamment expliqué par un « effort de recherche et développement insuffisant : 0,3 % du PIB ; c’est le double aux Etats-Unis et au Japon. »

Pour le Syntec Informatique, ce constat abouti à l’incapacité de notre pays à faire émerger des acteurs de poids dans le logiciel. Dans une note de synthèse, l’organisation s’inquiète ainsi que « les Etats-Unis perçoivent 90 % des droits liés aux logiciels dans le monde ». Pas étonnant, dans ce contexte, que l’économique numérique représente plus, dans le PIB américain que dans son homologue français. Mais les moyens seront-ils à la hauteur des enjeux ? Si chacun semble vouloir l’espérer, personne n'est dupe : « avec le grand emprunt, on ne tutoiera pas des sommes astronomiques », nous confiait ainsi l’un des participants au séminaire.

Les infrastructures ne se limitent pas aux tuyaux
Si la question des investissements pour le développement de l’accès au haut et au très débit en France a occupé une bonne place dans les débats – dans le discours de clôture de François Fillon ; et en pôle position de la liste de priorités arrêtées par Nathalie Kosciusko-Morizet –, d'autres enjeux liés aux infrastructures ont également été évoqués. Didier Lamouche, PDG de Bull, est ainsi intervenu pour défendre le rôle « mal connu » des « centrales numériques », autrement dit des centres de calcul. Selon lui, « se profile une rupture : le développement des grandes centrales numériques distribuées sur le territoire (le cloud computing). Le grand emprunt peut permettre aux entreprises françaises – comme le font des entreprises comme Google – d’investir dans ce domaine. » Un avis largement partagé par Patrick Bertrand, président de l’Afdel. L’association d'éditeurs de logiciels avait ainsi placé en seconde position de sa liste de priorités la « création d’un grand datacenter français », avertissant sur l’absence de la France dans la montée du cloud computing. Et de militer en faveur d’une « dynamique de co-investissement public-privé pour construire un grand datacenter français », pour éviter, selon l'Afdel, « de perdre la maîtrise d’un élément crucial de la chaîne de valeur de l’informatique de demain. » Message entendu : Nathalie Kosciusko-Morizet place ce type d’investissement en 4ème place de sa liste de priorités.

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