246 licenciements chez ST-Ericsson - filiale de STMicro - qui ferme son site de Caen

La direction de STMicro a détaillé le plan de licenciements touchant sa filiale ST-Ericsson. Comme le craignaient les syndicats, la France est particulièrement touchée avec 246 suppressions d’emplois dans la société et chez les sous-traitants. Le site de Caen fermera notamment ses portes. Un plan jugé inadmissible par des salariés qui ont pour principal actionnaire l’Etat français, censé soutenir la filière microélectronique.

On en sait un peu plus sur les licenciements envisagés par STMicro – le fabricant franco-italien – dans le cadre du plan de restructuration annoncé fin avril, au moment de présenter des résultats trimestriels en forte baisse. Si on savait que cette nouvelle vague portant sur 1 200 postes concernait ST-Ericsson, la coentreprise réalisée en août 2008 et détenue à 50/50 par Ericsson Mobile Platforms et ST-NXP Wireless, on ne connaissait pas la répartition des licenciements. C'est chose faite depuis hier et la réunion du comité européen d’entreprise. Sans surprise eu égard à l’origine des deux partenaires, la France et la Suède font pour l’essentiel les frais de la restructuration. 246 postes seront supprimés dans l’Hexagone, tandis que la Suède paiera le plus lourd tribut avec 430 licenciements. Derrière, on retrouve les Etats-Unis (220), l’Asie (50), le Royaume Uni (50), la Finlande (30), les Pays-Bas (30), l’Allemagne (30), la Norvège (20) et le Portugal (5).

Le site de Caen ferme ses portes

En France, cette vague de licenciements signifie, pour le groupe comptant l’Etat comme actionnaire de référence, la fermeture du site de Caen, employant 114 salariés. Parmi ceux-là, 18 se verront proposer une « relocalisation », selon un communiqué de la CGT STMicro. Ailleurs, 50 postes seront également supprimés, la direction ayant expliqué vouloir procéder dans un premier temps à un plan de départ volontaire puis, le cas échéant, à la mise en place d’un plan contraint. Selon le plan présenté par la direction France en comité central d’entreprise, 100 postes de sous-traitants à Sophia et Grenoble seront également sacrifiés.

Pour la CGT, « la fermeture du site de Caen – que la direction n’a pas justifiée – est scandaleuse et détruit non seulement les emplois des personnes, mais aussi des compétences importantes. Il est de plus demandé aux salariés de Caen de « terminer leurs projets » avant la fermeture du site. » Le 3 juin – veille du comité d’entreprise -, les syndicats avaient remis au ministère de l’Industrie une pétition ayant recueilli 1500 signatures sur les sites où la co-entreprise ST-Ericsson est présente en France.

Un groupe fortement subventionné par l'Etat

Les salariés sont d’autant plus remontés que l’Etat français est l’un des deux actionnaires de référence (avec son homologue italien). Lors d’une rencontre organisée mi-mars avec les syndicats du secteur, Luc Chatel, secrétaire d’Etat chargé de l’Industrie et de la Consommation, avait jugé la microélectronique stratégique pour l’Europe. C’est une activité particulièrement soutenue par l'Etat, qui a confirmé son engagement avec l’annonce par François Fillon – Premier ministre – d’un investissement fort sur le site de Crolles dans le cadre du plan Nano2012. Des subventions dont profite STMicro, fortement impliqué dans Crolles 3 et le pôle de compétitivité Minalogic. L'industriel revendique 340 millions d’euros alloués entre 2008 et 2012 pour son rôle de coordinateur sur le projet Crolles 3.

Jusqu’à présent, STMicro n’avait pas annoncé de restructuration liée à la crise, mais avait eu recours au chômage partiel en France, un recours qui s'est fortement accentué tout au long des premiers mois de l’année.

Au premier trimestre 2009, le groupe a enregistré une forte baisse de son chiffre d’affaires à 1,66 milliard de dollars et a creusé ses pertes (541 millions de dollars). Surtout, la marge brute s’est fortement réduite (-10 points sur un an) pour s’établir à 26,3 %.

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