Nano 2017 : un programme de 3,5 Md€, dont 600 M€ publics, pour les semi-conducteurs en France

En déplacement sur le site de STMicroelectronics de Crolles dans la région grenobloise, le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault a inauguré le programme «Nano 2017». A la clé, un budget de 3,5 milliards d’euros pour accroître la capacité de développement de l’usine de ST, identifiée par Bruxelles comme un pôle d’excellence en matière de semi-conducteurs en Europe.

En déplacement sur le site de STMicroelectronics de Crolles dans la région grenobloise, le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault a inauguré le programme «Nano 2017». A la clé, un budget de 3,5 milliards d’euros pour accroître la capacité de développement de l’usine de ST, identifiée par Bruxelles comme un pôle d’excellence en matière de semi-conducteurs en Europe.

Le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault, accompagné de Fleur Pellerin, Ministre déléguée à l’Economie Numérique, Arnaud Montebourg, Ministre du Redressement Productif ainsi que Geneviève Fioraso, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ont inauguré ce lundi 22 juillet le programme de recherche «Nano 2017», à l’occasion d’un déplacement dans la ville de Grenoble.

Ce vaste programme de R&D, porté par STMicroelectronics, le spécialiste franco-italien des semi-conducteurs, par le laboratoire CEA Leti – très en pointe dans les technologies de puces électroniques depuis des programmes européens comme Jessi dans les années 80- IBM et une kyrielle de partenaires industriels du groupe, a pour ambition de dynamiser et d’accélérer l’innovation dans l’industrie des semi-conducteurs et de la nanoélectronique. Et ce, afin de permettre à la France, ainsi qu’à l’Europe, de rattraper son retard sur l’industrie américaine ou encore asiatique, dont l’appareil de production est aujourd’hui nettement plus avancé. Nano 2017 doit ainsi permettre de «réaliser d’ici 2017 un nouveau saut technologique dans la maîtrise et la diffusion des nanotechnologies et demeurer ainsi une référence mondiale de ce secteur très compétitif», explique le Premier Ministre sur le site Internet gouvernement.fr.

Au total, ce programme de R&D, de quelque 3,5 milliards d’euros, a reçu un financement de 600 millions d’euros de l’Etat, auxquels s’ajoutent un investissement de 1,3 milliard d’euros sur 5 ans de STMicro. Jean-Marc Ayrault a également confirmé que les collectivités locales contribueront à l’effort financier. Avec ce programme, le Franco-Italien entend doubler la capacité de production de son site régional de Crolles. Cette usine est l’une des plus avancées d’un point de vue technologique en Europe, capable de gravure inférieure à 0,22 nm. A terme, l’usine de Crolles sera dotée d’une capacité de production de 7 000 galettes de silicium par semaine , contre 3 500 actuellement, a confié Carlo Bozotti, PDG de STMicro, à nos confrères de l’AFP.

Dans un communiqué, le Franco-Italien indique que ce plan devrait également lui permettre de mettre l’accent sur le développement de technologies avancées, comme le FD-SOI (Fully Depleted-Silicon on Insulator, une technologie qui permet d’atteindre des niveaux de consommation énergétiques faibles sans perte côté performance), l’imagerie de prochaine génération (traitement de l’image, capteurs) et enfin la mémoire non volatile embarquée (eNVM). Des technologies que ST indique être au coeur des solutions de traitement embarqué du groupe, comme les micro-contrôleurs, les solutions d’imagerie, le numérique grand public ou encore les circuits intégrés dédiés.

Surtout, indique le Premier Ministre, «le projet Nano2017 permettra au pôle de Grenoble – Crolles d’être l’un des trois piliers du programme européen de recherche Horizon 2020 annoncé par la Commission européenne, qui vise à organiser une véritable filière européenne de la micro-nano-électronique». En mai dernier, dans le cadre d’un vaste projet de financement européen de 5 Md€ de l’industrie des semi-conducteurs, Neelie Kroes la vice président de la Commission, avait en effet identifié  le site de Crolles comme l’un des pôles de R&D capables de relever la fabrication des composants sur le Vieux Continent – aux côtés des sites de Dresde en Allemagne et d’Eindhoven /Leuven aux Pays-Bas et en Belgique. Ce programme européen sur 7 ans devrait ainsi contribuer au financement de «Nano 2017» – Bruxelles entend apporter 30% des financements, les 70% restants étant de la responsabilité des états membres. «Le soutien public à Nano2017 fera l’objet d’une notification à la Commission européenne et ne sera effectif qu’après l’autorisation de celle-ci», précise encore le Premier Ministre français, tout en affirmant que ce vaste programme entend également soutenir l’emploi de la région.

La région grenobloise est en effet l’une des plus dynamiques dans le monde en matière de composants électroniques. Outre ST et le Leti, on y trouve également le pôle de compétitivité Minalogic ainsi que le campus Minatech. Selon Jean-Marc Ayrault, 24 000 emplois dépendent de «cet écosystème grenoblois d’excellence mondiale en matière de nanoélectronique».

Nano 2017 vient ainsi succéder au précédent plan Nano 2012, amorcé en 2008. Doté d’un financement R&D de 2,3 Md€ (dont 457 millions d’euros par l’Etat), l’ancien plan Nano avait également pour ambition de développer le dynamisme technologique des semi-conducteurs de la région grenobloise, en soutenant les développements de ST Micro, du Leti, et de centres de recherche d’IBM. Il portait à l’époque sur les technologies CMOS (22 et 32 mn) et des systèmes dérivés sur puce.

Depuis, l’environnement a changé pour STMicroelectronics. Après plusieurs plans de restructuration sur notamment le site de Crolles, le groupe a récemment mis en place un plan de ré-organisation, dont l’une des composantes est le démantèlement  de sa co-entreprise ST-Ericsson avec le Suédois Ericsson. Au deuxième trimestre, le Franco-italien a annoncé avoir doublé sa perte à 152 millions de dollars. Sur la période, le CA a chuté de 4,8% pour s’établir à plus de 2 milliards de dollars.

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