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La semaine de l’IT B2B en un article

30 mars : AI en marche - AI en France (étude TCS) - AI chez Microsoft (restructuration) - Toshiba plus sûr de vendre sa Flash - Oracle et Android : Google KO - Cisco : révolution de palais tardive sous la triple pression de la concurrence

Il est rare qu'une problématique IT fasse la Une de l'actualité généraliste. Mais ce fut le cas cette semaine avec la présentation, jeudi, de la stratégie du Président Macron pour soutenir le développement de l'AI en France et ne pas être distancé par les Etats-Unis et la Chine.

L'AI en marche

Sa mesure phare est l'annonce d'un plan investissement de €1,5 milliards d'ici 2022 - majoritairement à destination de la recherche - via le fonds pour l'innovation (doté de 10 milliards). Selon les points de vue, la somme sera jugée importante ou modeste (comparée aux moyens chinois ou à ceux des géants de la Silicon Valley).

Le Président Macron n'a en revanche pas retenu la proposition du rapport de Cédric Villani de doubler les salaires des chercheurs débutants dans l'IA. Il a, à la place, préféré favoriser les passerelles avec le privé : les chercheurs pourront à présent consacrer 50% de leurs temps à une entreprise - existante ou à créer - contre 20% aujourd'hui.

Dernière mesure clef, l'État s'engage à ouvrir ses données « de manière proactive » - et à inciter ses partenaires privés et européens à en faire de même. Le but est de nourrir en datas les projets d'Intelligence Artificielle français, tout en respectant la confidentialité et la vie privée des citoyens.

Dans la foulée, Samsung a annoncé la création en France de son troisième plus grand centre de recherche sur l'AI lors d'une visite de son DG à l'Élysée. Il sera dirigé par le français Luc Julia, co-créateur de Siri, aujourd'hui chez Samsung. Dans le même temps, Fujitsu a confirmé son intérêt pour la France. Le japonais va agrandir son centre de recherche au sein de l’Ecole Polytechnique à Paris-Saclay avec « l’accroissement de ses équipes d'experts dédiés à la recherche dans le domaine de l’IA ».

Enfin, ce vendredi, et toujours suite aux annonces du président français, le CNRS, Inria, l’Université PSL et un pool d'entreprises (Amazon, Criteo, Facebook, Faurecia, Google, Microsoft, NAVER LABS, Nokia Bell Labs, PSA, SUEZ, Valeo) ont annoncé la création d’un « lieu d’excellence en intelligence artificielle », l’Institut PRAIRIE (pour PaRis Artificial Intelligence Research InstitutE). Son ambition est de faire converger intérêts académiques et industriels et de devenir « une référence internationale de l’IA ».

L'AI en France (étude TCS)

Une étude de Tata Consultancy Services sur l'Intelligence Artificielle en France affirme pour sa part que 52 % des entreprises utiliseraient déjà des solutions IA - ou qu'elles en ont le projet. L'IT, la R&D et le service client sont les trois domaines les plus « consommateurs d'IA ».

L'étude souligne également la prédominance des acteurs financiers dans les déploiements : la moitié des projets d'IA en France viennent en effet de la banque et de l'assurance. Dernier enseignement, les budgets français sont certes en hausse, mais les coûts des projets de ce type restent un frein majeur.

Plus amusant - mais très révélateur du AI Washing et du flou sur la compréhension réelle de ce qu'est l'Intelligence Artificielle - 48 % des équipes métiers déclarent leur entreprise utilisatrice d’IA, contre seulement 23 % des DSI.

L'AI chez Microsoft

Ce jeudi, le PDG de Microsoft a fait savoir à ses employé que l'éditeur allait se réorganiser une nouvelle fois pour mieux répondre à l'évolution de l'IT. Une division entièrement dédiée à l'AI va ainsi être créée. Elle sera dirigée par l'historique Scott Guthrie, qui chapeaute également la division Cloud.

Un autre historique est en revanche sur le départ. Terry Myerson. Il était en charge de Windows et quitte la société après 21 ans. C'est un signe supplémentaire de la vision de Microsoft d'un monde où l'OS n'est plus aussi central dans l'expérience utilisateur. D'où la création d'une autre entité « Experiences & Devices ».

« Les expériences évoluent, elles incluent plusieurs sens et ne sont plus liées à un seul appareil à la fois. Les expériences sont de plus en plus liées à des appareils divers et multiples. Les besoins, les habitudes et les attentes modernes de nos clients nous poussent à faire de Windows, d'Office, des applications et des dispositifs tiers une expérience Microsoft 365 plus cohérente », résume le PDG.

Oracle et Android : Google KO

Mercredi, la « Court of Appeals for the Federal Circuit » a jugé que l'usage de Java par Google dans la création d'Android ne tombait pas dans le « fair use ». Il s'agit d'un retournement et d'une victoire pour Oracle. L'affaire a été renvoyée devant le Tribunal de San Francisco qui devra évaluer le montant des compensations que Google devra verser à Oracle. Big Red réclame $9 milliards de dommages-intérêts. Les réactions à ce revirement sont très mitigées. Certains craignent que le jugement ne mette une épée de Damoclès juridique au dessus de la tête des développeurs. Ce que réfute fermement Oracle.

Toshiba plus sûr de vendre sa Flash

Vendredi, Toshiba a fait savoir qu'il n'arriverait pas à respecter l'échéance qu'il s'était fixé à fin mars pour vendre sa division « Flash et processeurs ». En cause, le temps que prennent les autorités chinoises en charge de la lutte contre les monopoles pour donner leur accord.

Cette mauvaise nouvelle pourrait en être une bonne. Elle ouvre en effet la porte à une annulation de la vente, sans pénalité pour Toshiba. Le géant japonais - qui a depuis levé des fonds pour renflouer ses comptes - n'est plus dans l'urgence financière de céder son actif. Il pourrait au final choisir de spliter sa division et de l'introduire en bourse. Une option beaucoup plus lucrative, selon plusieurs investisseurs activistes qui considèrent que le prix initialement concédé de $18 milliards pour la Flash de Toshiba est une valorisation au rabais.

Cisco : révolution de palais tardive sous la triple pression de la concurrence

On retiendra également de cette semaine un réel virage historique. Cisco se rallie officiellement aux tenants de la désagrégation réseau. Réticent à l’idée pendant de longues années, le constructeur propose finalement d’acheter séparément ses matériels réseau et ses OS. En clair, il sera possible de faire tourner les OS de Cisco sur des commutateurs tiers ou d’installer des OS tiers sur des équipements Cisco.

Il s'agit d'une vraie révolution de palais pour cette entreprise qui est triplement sous pression : celle des nouveaux entrant (Arista, qui a conquis Microsoft pour Azure par exemple), celle des fournisseurs en marques blanches qui grossissent à vue d’oeil (EdgeCore, Alpha Networks, Delta networks), et celle du géant chinois Huwaei qui lui taille des croupières à l’international.

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