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Western Digital dotera ses prochains disques durs de technos inédites

Outre l’utilisation de neuf plateaux baignés dans l’hélium, le prochain disque dur 20 To du constructeur implémentera l’un des premiers dispositifs d’assistance d’écriture par micro-ondes.

Western Digital annonce plancher sur des disques durs mécaniques à base d’hélium, de 16, 18 et 20 To de capacité, qui utilisent neuf plateaux et disposent d’un dispositif d’assistance énergétique inédit lors de leurs écritures. Le constructeur espère lancer la production à grande échelle durant le premier semestre 2020. Il devrait néanmoins fournir d’ici à la fin de l’année un premier lot de disques aux grands hébergeurs de cloud public, friands d’unités très capacitives pour leurs services de stockage objet en ligne.

Les nouveaux modèles Ultrastar DC HC550 de 18 To, de type CMR (écriture des pistes conventionnelle), et DC HC650 de 20 To, de type SMR (pistes qui se superposent pour maximiser la surface de stockage utilisable) exploiteront une préversion de la technologie MAMR (microwave-assisted magnetic recording).

L’assistance énergétique, une technologie par encore maîtrisée

Présentée la première fois en octobre 2017, cette technologie consiste à mettre un oscillateur dans la tête de lecture qui lui permet d’écrire des informations très denses en réduisant le champ magnétique au niveau du pôle d’écriture. L’intérêt de cette technique n’est pas tant de réduire la consommation électrique des disques, mais plutôt de fiabiliser les écritures. 

La technologie MAMR est éventuellement une alternative à la technologie HAMR (Heat assisted magnetic recording), qui consiste à placer une diode laser près du pôle d’écriture pour chauffer la surface magnétique et permettre, là aussi, d’écrire dessus avec une meilleure densité. Western Digital, Seagate et Toshiba expérimentent la technologie HAMR depuis quelques années mais leurs progrès sont timides.

MAMR et HAMR sont des technologies dites « d’assistance énergétique » puisqu’il s’agit de faire intervenir une énergie supplémentaire, des micro-ondes ou un laser, pour améliorer l’écriture.

Western Digital assure qu’il continue à plancher en parallèle sur les technologies MAMR et HAMR, sans pour autant préciser s’il parviendra à les fournir ensemble, ni quand. Seagate a de son côté annoncé qu’il lancera des disques durs HAMR de 20 To en 2020. Et même de 40 To d’ici à 2023. De son côté, Toshiba refuse de se prononcer sur un quelconque calendrier, mais rappelle qu’il a été le premier à proposer des disques durs 14 To à base d’hélium et avec neuf plateaux. 

Des innovations de moins en moins universelles

« La remarque de Toshiba est importante car elle symbolise toute la difficulté des constructeurs à produire des disques avec assistance énergétique. »
John ChenAnalyste, Trendfocus

« La remarque de Toshiba est importante car elle symbolise toute la difficulté des constructeurs à produire des disques avec assistance énergétique. Selon moi, tous les disques durs du marché en 2020 devront plutôt leur grande capacité à l’utilisation de neuf plateaux, éventuellement un peu plus larges, probablement en conjonction de techniques plus simples comme l’enregistrement magnétique TDMR en deux dimensions », commente l’analyste John Chen, du bureau Trendfocus, spécialisé en technologies de stockage.

Dans le même ordre d’idées, la technologie SMR dont Western Digital entend équiper son prochain disque 20 To fait également débat. Si cette technique présente théoriquement un intérêt pour les écritures séquentielles, elle nécessite la plupart du temps un ajustement de la configuration au niveau du serveur. Dropbox, l’un des premiers à avoir adopté des disques de ce type a publié un rapport dans lequel il explique avoir dû aller jusqu’à repenser la manière dont ses services écrivent des données, afin de ne pas souffrir de ralentissements.

Selon Lenny Sharp, en charge de la gamme datacenter chez Western Digital, concède que les intégrateurs et les fabricants de baies de stockage ne se bousculent pas pour lui commander ces modèles SMR. Selon lui, parce qu’ils n’ont pas la main sur les logiciels qui seront exécutés dessus. A l’inverse, les fournisseurs de cloud seraient très enthousiastes.

« Le SMR permet de faire baisser encore plus le coût au Go. »
Lenny SharpWestern Digital

« Le SMR permet de faire baisser encore plus le coût au Go. Les hyperscalers consomment tellement de données et celles-ci sont à ce point importantes pour leur activité qu’ils ne peuvent pas se permettre de manquer la moindre opportunité d’économie », dit-il. 

Un marché du Go à 0,017 dollars

Selon l’analyste John Rydning d’IDC, la prochaine vague de disques durs devrait proposer un coût au Go de 0,017 dollars (1,7 cents). « Ce prix excessivement bas, fait que les disques durs traditionnels sont toujours très populaires, en particulier auprès des fournisseurs de cloud qui les achètent en très grandes quantités », dit-il.

Au second trimestre de cette année, les modèles de disques les plus vendus étaient ceux de 12 To de capacité. Ils représentaient 27 % de ventes de disques durs 3,5 pouces en 7200 tours par minute. Venaient ensuite les modèles de 4 To, qui représentent 16 % des ventes, selon les chiffres communiqués par Trendfocus.

Trendfocus note néanmoins que, sur cette même période, les ventes de disques durs en 14 To sont celles qui ont le plus progressé, atteignant un taux de 14 % de part de marché. Les disques durs de 14 To devraient d’ailleurs être les modèles les plus vendus au troisième trimestre de cette année, lorsque les statistiques finales seront dévoilées.

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