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Atos revend son activité d’infogérance au milliardaire Daniel Kretinsky

Souhaitant se scinder en deux entités depuis 2022, le numéro 2 des services informatiques français a finalement sauté sur l’occasion d’une revente. Il lui reste les activités de transformation (supercalcul, cybersécurité) sous la marque Eviden.

La scission aura finalement été plus rapide que prévu. Le groupe Atos, dont on sait depuis 2022 qu’il se dirigeait vers une séparation de ses activités en deux entités indépendantes, vient d’annoncer que la partie Tech Foundation, celle dédiée à l’infogérance, avait déjà trouvé un repreneur : le fonds EP Equity Investment (EPEI). Tech Foundation devrait normalement voler de ses propres ailes vers la fin de cette année.

EPEI est la société d’investissement de Daniel Kretinsky, l’homme d’affaires tchèque qui, depuis 2018, prend des parts dans les entreprises françaises en difficulté : Marianne, Elle, Le Monde, Fnac Darty, Casino, des parcs éoliens, des centrales électriques au charbon… On lui doit aussi la création de la chaîne de télévision B Smart, lancée pour concurrencer BFM Business.

EP Equity Investment entend racheter Tech Foundation pour la somme étonnamment modeste de 100 millions d’euros. Modeste, car la branche historique d’Atos qui emploie la moitié des salariés du groupe, soit 52 000 personnes, réalise encore un CA de 5,7 milliards d’euros. Néanmoins, EP Equity Investment reprendra aussi à sa charge le remboursement d’une dette de 1,9 milliard d’euros.

« Cette vente créera de la valeur pour les actionnaires d’Atos, en évitant le risque lié au redressement de Tech Foundation et à ses divers passifs, et en recentrant le Groupe sur Eviden et ses bonnes perspectives de croissance », a commenté Bertrand Meunier, Président du Conseil d’administration d’Atos, dans un communiqué.

Une fois que le vote des actionnaires d’Atos aura confirmé l’opération, à la rentrée, l’entreprise Tech Foundation sera rebaptisée Atos. L’autre activité du groupe informatique, celle dédiée à la vente de solutions de cybersécurité, de supercalcul et d’IA, prendra quant à elle officiellement le nom d’Eviden, la marque étant déjà mise en avant depuis le début de l’année.

Atos se focalise sur la vente de solutions critiques sous la marque Eviden

« Nous sommes très heureux de l’annonce faite aujourd’hui et nous sommes impatients d’écrire les nouveaux chapitres de Tech Foundation et d’Eviden avec nos employés, nos clients et toutes nos parties prenantes », ont pour leur part déclaré Nourdine Bihmane, Diane Galbe et Philippe Oliva, l’équipe dirigeante d’Atos.

« Les parties prenantes de Tech Foundation bénéficieront du soutien et de la vision à long terme d’EPEI pour mettre pleinement en œuvre sa transformation et son repositionnement (…) et Atos deviendra Eviden, un leader mondial de la transformation numérique, disposant d’une flexibilité stratégique totale et d’une structure de capital renforcée pour accélérer son développement », ont-ils ajouté.

En l’occurrence, Eviden devrait également bénéficier d’un investissement de 180 millions d’euros de la part de Daniel Kretinsky, qui détiendra dès lors 7,5 % de son capital. Il pourrait dans un second temps rajouter 37,5 millions à la faveur d’une nouvelle augmentation de capital.

Numéro 2 des services informatiques français, derrière Capgemini, Atos a essuyé une chute de sa valorisation depuis 2019. Selon certains, suite au départ de son charismatique PDG Thierry Breton. Selon d’autres, suite au signal envoyé par IBM en 2020, quand il annonçait se séparer de son activité historique d’infogérance pour ne plus se focaliser que sur l’innovation, avec Red Hat. Tech Foundation serait ainsi devenu pour Atos, ce que Kyndryl représentait pour IBM : une part importante des revenus menacée par une chute libre aussi imminente que violente.  

Reste à savoir si Atos/Eviden connaîtra le même succès qu’IBM/Red Hat. Le constructeur de supercalculateurs réalise actuellement un CA de 5,3 milliards d’euros et dit à qui veut l’entendre que ses efforts sur les simulateurs quantiques lui ouvrent les portes d’un marché qui devrait peser 76 milliards de dollars d’ici à 2040.

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