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Messageries chiffrées : friture sur la ligne au gouvernement

Le 22 novembre, Élisabeth Borne appelait le gouvernement à renoncer aux messageries instantanées grand public au profit d’Olvid. Alors même que la DINUM lançait une opération de séduction pour Tchap.

Nos confrères du Point le révélaient le 29 novembre : une semaine plus tôt avait été publiée une circulaire signée de la main de la Première ministre, Élisabeth Borne, demandant formellement au gouvernement de renoncer aux applications de messagerie instantanée grand public. 

Visant les ministres, secrétaires d’État, directeurs de cabinet et membres des cabinets, la circulaire jugeait que « ces outils numériques ne sont pas dénués de failles de sécurité et ne permettent ainsi pas d’assurer la sécurité des conversations et des informations partagées par leur intermédiaire ». Et de promouvoir notamment Olvid, aux côtés de Tchap. 

Sur Twitter, Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé du numérique, a vanté les mérites de la première, assurant l’utiliser avec son équipe « depuis juillet 2022 ». Une prise de parole qui n’a pas manqué de déclencher de vifs débats. 

Et pour cause : 12 h avant son tweet s’ouvrait un webinaire organisé par la DINUM pour… faire la promotion de Tchap, la messagerie instantanée sécurisée développée et exploitée par l’État depuis plus de quatre ans. 

Car la DINUM s’est lancée dans une campagne de séduction au sujet de Tchap pour en accélérer l’adoption, comme le soulignait déjà notre confrère Émile Marzolf, dans Acteurs Publics, fin août : « mi-juillet, Tchap comptait 430 000 inscrits, et environ 150 000 utilisateurs actifs (au moins une connexion par semaine) sur les 4 derniers mois. Contre 350 000 inscrits et 100 000 actifs un an plus tôt ».

Tout récemment, les secrétaires généraux et directeurs du numérique ont d’ailleurs reçu une note de la DINUM assortie d’un kit de communication sur Tchap, que notre confrère a pu consulter, les invitant à « à engager [leurs] services respectifs dans une promotion large de l’usage de Tchap auprès des agents publics au sein de [leur] ministère ».

La circulaire d’Élisabeth Borne a fait réagir jusqu’à la tête de Signal, Meredith Whittaker s’alarmant des allégations de « défauts de sécurité » invoquées pour justifier la décision du gouvernement. 

Pour approfondir sur Outils collaboratifs (messagerie, visio, communication unifiée)

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