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Chips JU : le bras armé à 11 milliards € du Chips Act

La Commission européenne a lancé son entreprise commune « Semi-conducteurs », avec trois associations d’industriels. Chips JU doit concrétiser l’objectif du Chips Act – réduire la dépendance technologique de l’Europe dans les processeurs – en aidant à passer de la R&D à la production.

Ce 1er décembre, la Commission européenne a inauguré l’entreprise commune « Chips Joint Undertaking » (Chips JU) pour « renforcer l’écosystème européen des semi-conducteurs » (sic).

Pour mémoire, une entreprise commune est une structure publique-privée dont le but est d’aider la réalisation des programmes de recherche, de développement technologique et de démonstration de l’Union européenne. Elle regroupe généralement des organisations de l’UE et des associations de secteur industriel.

Chips JU regroupe trois associations industrielles

Chips JU ne fait pas exception. L’entreprise compte parmi ses membres la Commission, 29 pays (dont la France) et trois associations.

La première est l’AENEAS. L’Association for European NanoElectronics ActivitieS regroupe 547 organisations dont Airbus Defense & Space, Philips, Siemens, Bosh, NXP, Arm France, Nvidia, Intel, Fujitsu ou encore STMicroelectronics et Thalès.

La deuxième est INSIDE, 260 membres, dont font partie Schneider Electric, BMW, ou Valeo ainsi que plusieurs universités (Sorbonne CNRS). Certains groupes de l’AENEAS sont aussi présents comme Airbus, NXP ou Philips.

La troisième association industrielle à participer est EPoSS (European Association on Smart Systems Integration), 120 membres, avec là encore un mélange d’institutions (CEA, Fraunhofer-Gesellschaft), d’industriels (Bosch, Continental) et d’acteurs IT (Hitachi, STMicroelectronics, ou NXP qui fait donc partie des trois organisations).

Aider à passer de la recherche à la production de processeurs

Pour l’Union européenne, cette entreprise commune doit jeter des ponts entre la recherche – tout en la soutenant – et la production.

Chips JU déploiera par exemple des « lignes pilotes » dont les premières ont déjà été lancées.

« Les lignes pilotes sont à vocation pré-commerciale », précise la Commission. « Elles permettent à l’industrie de disposer d’installations de pointe pour tester, expérimenter et valider les technologies des semi-conducteurs et les concepts de conception de systèmes ».

Chips JU sera doté d’un budget total de 11 milliards d’euros d’ici 2030, financé en partie par les États et l’Europe (4,17 Mds chacun) et en partie par le privé (2,5 Mds).

Chips JU, « principal instrument » du Chips Act

« Avec 100 milliards € déjà investis dans les semi-conducteurs européens, le Chips Act est en marche. »
Thierry BretonCommissaire européen

Chips JU est « le principal instrument de mise en œuvre de l’initiative “Semi-conducteurs pour l’Europe” dans le cadre du règlement européen sur les semi-conducteurs (Chips Act) », resitue la Commission.

L’initiative Semi-Conducteur – bras financier du Chips Act – est un fonds d’investissement doté de 15,8 milliards d’euros. Elle est financée à la fois par le programme-cadre de recherche Horizon Europe et par le programme pour une Europe numérique (Digital Europe). Ce fonds participera à hauteur de 2,9 Mds au budget de l’entreprise commune qui sera, de fait, le bras armé du Chips Act.

« Avec 100 milliards d’euros déjà investis dans les semi-conducteurs européens, le Chips Act est pleinement en marche », insiste le commissaire chargé du marché intérieur Thierry Breton.

Objectif indépendance technologique dans les processeurs

L’objectif de ce règlement – et de Chips JU – est aussi politique, avec la triple volonté affichée de l’Europe de gagner en indépendance technologique dans un contexte géopolitique instable (en premier lieu à Taiwan), de se réindustrialiser et de digitaliser le Vieux Continent.

« Aujourd’hui, avec le lancement de l’entreprise commune et des lignes pilotes, nous faisons un pas en avant audacieux pour faire progresser notre industrie des semi-conducteurs. Dans un monde marqué par les ruptures de la chaîne d’approvisionnement et les tensions géopolitiques, l’Europe prend son destin technologique et industriel en main », confirme Thierry Breton avec emphase.

Quatre premières lignes pilotes

Concrètement, les premières lignes pilotes sont déjà lancées pour accrocher les premières réalisations.

Dotées en tout de 1,67 milliard d’euros, elles concernent les dispositifs silicium sur isolant totalement déserté (avec un objectif de 7 nm) – « une innovation européenne » se félicite la Commission – l’intégration et l’assemblage de systèmes hétérogènes, les semi-conducteurs à large bande, et les nœuds de moins de 2 nm.

Chips JU aura aussi vocation à soutenir le développement des processeurs quantiques et à déployer une plateforme cloud, baptisée Design Platform, pour les concepteurs de processeurs.

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