Informatica multiplie les partenariats pour accélérer sa stratégie « cloud only »
Entre la fin du mois de novembre et la première semaine de décembre, Informatica a annoncé des partenariats ainsi que des intégrations avec les solutions d’AWS, de Microsoft Azure, de MongoDB, de Databricks et de Snowflake. L’éditeur indépendant entend accélérer sa stratégie « cloud only ».
Ces annonces s’inscrivent dans la continuité de son événement Informatica World, ayant eu lieu en juin 2023.
Il y a d’abord l’annonce d’un partenariat étendu avec Microsoft. Informatica révèle qu’il s’appuie sur Azure OpenAI Service pour développer Claire GPT, un assistant de gestion de données infusé dans Intelligent Data Management Cloud (IDMC), propulsé par des modèles OpenAI fine-tunés. Claire GPT pourrait aider à « découvrir, comprendre, gouverner et consommer » les données surfacées à l’aide de la plateforme de gouvernance et d’intégration.
Informatica vante les qualités de ses MDM en SaaS
Avec AWS, Informatica dévoile une intégration d’IDMC avec Amazon Bedrock, la plateforme d’IA générative du concurrent de Microsoft. IDMC peut également traiter les données médicales des patients américains dans la solution éligible à HIPAA, AWS HealthLake. Informatica doit fournir un golden record des données patient à travers son MDM (Master Data Management), des connecteurs vers MedPro, Veeva, Salesforce Health Cloud, entre autres et un moyen d’appliquer des règles de mise en qualité de données.
Surtout, l’éditeur prendra en charge la fonctionnalité Access Grants dans Amazon S3. Celle-ci doit permettre aux clients d’AWS de contrôler les accès aux données placées dans les buckets S3 tout en assurant un historique des accès via AWS CloudTrail. Celle-ci sera actionnable depuis IDMC pour les clients communs des deux entreprises, afin d’assurer une gouvernance unifiée « de produits de données ».
Encore une fois dans le monde MDM, mais cette fois-ci au service de l’expérience client, Informatica renforce ses liens avec MongoDB. Il s’agit de rapprocher les solutions Customer 360, Product 360, Supplier 360 et Reference 360 d’Atlas, la plateforme DbaaS Atlas. Les deux éditeurs ne précisent pas la nature de ce partenariat, hormis la volonté de remplacer des applications MDM legacy.
« L’association de MongoDB et d’Informatica MDM permettra aux développeurs et aux entreprises de créer des applications professionnelles “data-first”, dans lesquelles les données guideront les fonctions et les actions des utilisateurs et offriront davantage d’opportunités d’automatisation », interprète Stewart Bond, vice-président de la recherche sur les logiciels de Data Intelligence et d’intégration chez IDC, dans un communiqué d’Informatica.
Des outils d’intégration « lakehouse native »
Avec Databricks, Informatica se montre bien plus claire. Il intègre officiellement Cloud Data Integration (CDI) avec Unity Catalog, le catalogue de données des fondateurs de Delta Lake. Cloud Data Integration permet d’ingérer des données en provenance de plus de 300 sources dans Databricks, de gérer automatiquement les emplacements de stockages dédiés aux pipelines de données en séparant les données primaires des données temporaires, ainsi que de transformer les données nativement via Databricks SQL (Spark SQL) dans les clusters du « lakehouse ». Par ailleurs, l’édition freemium de CDI est prise en charge par Unity Catalog pour 40 sources de données et la transformation de 20 millions de lignes ou 10 heures de calcul par mois.
Avec Snowflake, l’éditeur a évoqué la disponibilité générale d’Informatica Superpipe for Snowflake. Cette fonction dérive d’une hybridation entre les capacités de CDI et de celles de Snowpipe Streaming, une capacité d’ingestion de données pour les flux de type Apache Kafka dans le data (warehouse) cloud. Selon Informatica, ce produit permettrait d’accélérer jusqu’à 3,5 fois les jobs d’ingestion et de réplication de données.
En disponibilité générale également, l’éditeur donne la possibilité d’effectuer en mode « no-code » des tâches ETL et de préparations de données stockées dans des tables au format Apache Iceberg, cela même alors que la prise en charge de ces tables externes est encore en préversion publique dans Snowflake.
Par ailleurs, Informatica lance la préversion d’une application native accessible depuis la Marketplace de Snowflake. Enterprise Data Integrator est un pot-pourri de fonctions ETL et de réplication présentes historiquement dans IDMC, mais hébergées à l’aide des sous-jacents PaaS de Snowflake. « Les clients peuvent intégrer de manière bidirectionnelle les données depuis et vers le Snowflake Data Cloud avec d’autres applications et bases de données clés de l’entreprise, telles qu’Oracle et SAP », promet Informatica. Justement, plus tôt dans l’année, il avait étendu son partenariat avec Oracle en Amérique du Nord et lancé une solution MDM SaaS interconnectée à Google BigQuery.
Enfin, le second volet du partenariat avec Microsoft porte sur l’intégration d’IDMC avec les composants de Microsoft Fabric, un environnement qui unifie la suite Power BI, Azure Synapse Analytics, Azure Data Factory par-dessus un data lake, OneLake. Cette plateforme concurrente de Snowflake, dont le lancement en disponibilité générale est prévu pour la première moitié de 2024, pourra héberger IDMC comme une application native. Celle-ci pourra propulser les cas d’usage de profiling, de mise en qualité ou encore d’observabilité des données pour les charges de travail analytiques dans Fabric. En outre, Informatica entend répondre au besoin d’ingestion de données dans les espaces Fabric OneLake, Lakehouse et Datawarehouse de la plateforme à des fins analytiques. Une série de connecteurs prendront en charge les points de terminaison SQL et les fichiers Parquet… comme avec Databricks.
Informatica accélère (à marche forcée) sa transition vers le cloud
Clairement, l’éditeur suit et pousse ses clients vers le cloud. Dans son Magic Quadrant consacré aux outils d’intégration de données, publié le 4 décembre 2023, Gartner place Informatica au-dessus de la mêlée des leaders, devant Oracle, Microsoft, IBM, Qlik, Talend, Denodo, SAP et Ab Initio. Le cabinet d’analystes considère que sa vision du FinOps et du DataOps est la bonne, que l’éditeur dispose d’un vaste écosystème de partenaires dans le cloud et que son modèle pay-as-you-go, bien qu’imparfait, gagne en traction.
Informatica aurait également amélioré son offre et son processus de migration de PowerCenter à IDMC. Pour autant, certains clients sont encore confus ; ils « manquent de visibilité pour comprendre pleinement les activités de migration », principalement en raison du changement de modèle économique.
Dans le bilan de son troisième trimestre fiscal terminé le 30 septembre 2023, Informatica rapporte que son activité de ventes de licences perpétuelles est passée de 1,2 milliard de dollars au Q3 2022 à 205 millions de dollars au Q3 2023, tandis que son activité de souscriptions a grimpé de 214 millions à 261,8 millions de dollars au cours de la même période. Les revenus liés aux logiciels, eux, ont simultanément grimpé de 215,2 à 262 millions de dollars.
Si Gartner note que l’activité on premise d’Informatica a largement baissé d’une année sur l’autre, cette chute s’explique en « grande partie » par la croissance de sa solution iPaaS. Cependant, l’éditeur indépendant se verrait concurrencer par les fournisseurs cloud.
« Gartner a également constaté un regain de pression concurrentielle, car certains clients potentiels d’Informatica (en particulier ceux qui prévoyaient une migration vers un SGBD en cloud) ont privilégié les outils d’intégration de données natifs des SGBD en cloud (dont certains sont des partenaires d’Informatica) par rapport à Informatica », poursuivent les analystes.
Qu’à cela ne tienne, ce troisième trimestre 2023 a permis à Informatica d’enregistrer une hausse de 37 % de ses revenus annuels récurrents liés au cloud. Dans un même temps, il a annoncé un plan de restructuration touchant 10 % de ses effectifs, soit 545 employés. Cette opération est présentée comme une étape nécessaire de la rationalisation des coûts liés à sa stratégie « cloud only », présentée aux investisseurs en janvier 2023.
Au troisième trimestre 2023, Informatica a signalé un chiffre d’affaires de 408 millions, en hausse de 10 % par rapport à l’année dernière et un bénéfice net de 79 millions de dollars, mais une perte nette de 189,5 millions sur les neuf premiers mois de 2023 (contre -49,2 millions en 2022).