Cet article fait partie de notre guide: Oracle : le grand guide du CloudWorld 2022

Data management : Informatica portera IDMC sur le cloud d’Oracle

Dans le cadre de sa conférence annuelle, Informatica fait le point sur son offre, ses partenariats et les fonctionnalités qui attendent les clients. Le partenariat avec Oracle est l’une des annonces phares de l’événement qui illustre parfaitement la stratégie cloud de l’éditeur.

L’année dernière, après cinq ans de développement et d’acquisitions successives, Informatica annonçait fièrement avoir terminé la conception d’une architecture cloud native, multicloud et hybride. L’éditeur mise donc sur sa plateforme Informatica Data Management Cloud (IDMC), une PaaS construite sur les fondations de l’iPaaS Informatica Intelligent Cloud Services (IICS).

Ce socle a été pensé pour déployer petit à petit des produits et des solutions SaaS de data management sur AWS et Google Cloud, d’abord, sur Microsoft Azure, ensuite, et bientôt sur Oracle Cloud Infrastructure (OCI).

Lors d’Informatica World 2022, Informatica a en effet annoncé un partenariat stratégique avec Oracle pour porter IDMC sur OCI, sans toutefois préciser une date de disponibilité. « Cet accord technico-commercial avec Oracle est comparable à ceux que nous avons avec AWS, GCP et Microsoft Azure », déclare Denis Herriau, vice-président Europe du Sud chez Informatica, lors d’un entretien en amont de l’événement. « Nous portons IDMC sur son cloud et nos produits sont disponibles depuis la place de marché du fournisseur », résume-t-il.

Dans le détail, IDMC sera hébergée sur les instances OCI. Les données et métadonnées exploitables seront stockées à l’aide de l’architecture de référence Cloud Data Lake House d’Oracle. Les outils de data management s’intégreront avec Autonomous Database et le service de stockage objet d’Oracle, entre autres. D’ailleurs, IDMC est voué à devenir la brique de gouvernance et d’intégration de données « préférée » du fournisseur cloud.

Sur le papier, la plateforme IDMC doit supporter tous les produits cloud d’Informatica. Cependant, les deux partenaires mettent principalement en avant la possibilité pour leurs clients communs de migrer et « moderniser les fondations » de leurs architectures de stockage et d’analyse des données.

Les nerfs de la guerre ? Le cloud et l’intégration

De fait, IDMC, souvent présentée comme la terre d’accueil des nouveaux projets de gestion des données, est aussi (et surtout ?) l’instrument des migrations des clients d’Informatica.

En ce sens, malgré la croissance des sujets de gouvernance et de qualité de données dans le cloud, l’éditeur considère que le nerf de la guerre n’est autre que l’intégration, son métier historique.

« Le moteur principal, c’est véritablement l’adoption du cloud. À partir du moment où une organisation se pose la question de l’usage du cloud, que ce soit pour son patrimoine applicatif, que ce soit pour ses infrastructures ou que ce soit pour la conception et la mise en œuvre d’une plateforme de traitement de données, il y a besoin de mettre en place une solution de type iPaaS », juge Denis Herriau. « Puis, nous pouvons traiter les sujets de gouvernance et de référentiels de données ».

Ainsi, Informatica compte adapter sa Migration Factory afin de permettre aux utilisateurs de la solution ETL PowerCenter de migrer vers IDMC sur le cloud Oracle.

Quant à Oracle, il proposera des outils « gratuits » de migration de bases de données.

Interrogé sur l’intérêt des clients pour le cloud d’Oracle, Denis Herriau reconnaît que « la transition [vers OCI] est probablement un peu plus récente, tout comme ce partenariat ».

« En revanche, il serait inopportun de disqualifier Oracle, étant donné son empreinte ainsi que ses moyens, et étant donné son emprise sur certains domaines d’activité », juge-t-il. « Évidemment qu’Oracle sera un acteur incontournable de ce dispositif dans les prochaines années : un spécialiste du data management de l’envergure d’Informatica se doit de répondre à l’ensemble des problématiques que ses clients se posent. Dans beaucoup de situations, Oracle fait partie de ce paysage. Nous nous devons donc de fournir une réponse technologique adaptée ».

Transformer l’essai

Denis Herriau oublie de préciser qu’Oracle a investi dans Informatica lors de son introduction en bourse l’année dernière, comme le rappelle à juste titre le communiqué de presse consacré à ce partenariat.

Et si Oracle conserve une position dominante sur le marché des bases de données, son empreinte cloud demeure faible. En mars, le fournisseur désormais basé à Austin a dévoilé ses résultats financiers du troisième trimestre de l’exercice fiscal 2022. Sur cette période, ses revenus cloud (IaaS et SaaS) représentaient 2,8 milliards de dollars, soit 26,67 % du chiffre d’affaires total comptabilisé, environ 10,5 milliards de dollars. À titre de comparaison, lors de son premier trimestre fiscal 2022 terminé le 31 mars, AWS a généré un chiffre d’affaires de 18,4 milliards de dollars, en hausse de 37 % par rapport à l’année dernière.

Pourtant, comme son concurrent, Oracle observe une hausse à deux chiffres de ses activités IaaS et SaaS (24 % YoY). Il compte bien poursuivre ses efforts pour renforcer l’adhésion à son cloud, tout comme Informatica a noté une augmentation de 40 % de ses revenus récurrents annuels liés au cloud à la clôture de son exercice fiscal 2021, en février dernier.

« Nous sommes sur des facteurs d’accélération relativement importants dans le cloud, probablement un peu supérieurs au marché, mais cela est aussi lié à une logique de rattrapage », observe Denis Herriau. « Nous avons vocation à convertir un certain nombre de clients existants au cloud ».

Des « incitations financières » pour adopter IDMC et OCI

Ce partenariat s’inscrit dans cette stratégie centrée sur le cloud. Informatica et Oracle proposeront ainsi des « incitations financières » à leurs clients pour adopter leurs services professionnels (et ceux de Deloitte et Accenture à travers le programme Cloud Catalyst d’Oracle) et de maintenance.

« Il y a une espèce de vase communicant qui permet de prendre en compte les investissements [déjà] réalisés pour limiter ou contrôler le coût de la transition vers IDMC. »
Denis HerriauVP Europe du Sud, Informatica

Oracle complète le dispositif par des compensations pour les entreprises qui apporteront leurs licences SGBD (BYOL) sur son cloud. De même, le coût du support devrait être moins cher suivant le volume d’OCPU (un OCPU équivaut à l’usage de 2vCPU par heure) consommé.

Ceci étant dit, Denis Herriau ne préfère pas dévoiler publiquement les rouages de ces remises. « Le principe général, c’est qu’un client a un intérêt économique à continuer son activité avec Informatica », résume-t-il. « Il y a une espèce de vase communicant qui permet de prendre en compte les investissements [déjà] réalisés pour limiter ou contrôler le coût de la transition vers IDMC ».

Informatica n’oublie pas ses autres partenaires fournisseurs, loin de là. Avec Google Cloud, il a annoncé la disponibilité prochaine de Data Loader, un ELT « no-code » calibré pour alimenter des tables BigQuery. Avec Microsoft Azure, il présente la préversion privée de son MDM multidomaine et l’intégration entre IDMC et la suite décisionnelle Power BI.

Une segmentation calibrée sur les besoins des métiers

De ses partenaires Databricks et Snowflake, Informatica s’inspire pour mener sa stratégie go-to-market verticalisée. Après avoir présenté IDMC for Retail en mars dernier, l’éditeur a dévoilé IDMC for Financial Services et IDMC for Healthcare.

« Fonctionnellement, la plupart des sujets d’intégration et de traitements de données sont déjà couverts par la plateforme », indique le vice-président Europe du Sud. « Cette verticalisation apporte un formatage des cas d’usage qui permet d’adresser plus directement les enjeux métiers associés à chacun de ces verticaux, en définissant un ensemble de fonctionnalités », affirme-t-il.

De même, ces solutions ciblant des segments de marché disposent d’un support précâblé des protocoles d’intégration et formats de données spécifiques. À cela, Informatica ajoute des règles de qualité de données préconfigurées. « Par exemple, nous proposons des règles sur étagère pour que les établissements bancaires puissent se conformer à la norme BCBS », illustre Denis Herriau.

Informatica applique une stratégie similaire avec son MDM multidomaine, décliné en solutions telles Customer 360, Product 360 ou encore Supplier 360.

Les améliorations apportées sur GCP et Microsoft Azure, ainsi que les offres verticalisées sont prévues pour accélérer le déploiement des projets des clients et, idéalement, leur ROI. Elles sont pensées comme des instances par-dessus IDMC, et peuvent être consommées par tous les clients, pour de nouveaux projets ou en complément de dispositifs d’ores et déjà en place, selon le responsable français.

IA et no-code dessinent les contours du futur d’IDMC

Enfin, il y a les sujets d’innovation. De nouveau l’éditeur a mis l’accent sur l’orchestration no-code d’APIs, elles-mêmes générées automatiquement depuis la Gateway Informatica. Pour les data scientists et les data engineers, INFACore est un plug-in permettant d’appeler des capacités disponibles dans Informatica Data Management Cloud depuis leur IDE. Par exemple, l’éditeur a abstrait la conception de certains pipelines de traitements à des fonctions, qui sont pour la plupart propulsées par les algorithmes de traitement de métadonnées compilés dans le moteur d’IA, CLAIRE.

Quant à ModelServe, comme son nom l’indique, il doit permettre de déployer des modèles de machine learning à même les pipelines Informatica, après avoir importé les notebooks nécessaires d’un environnement de développement.

Pour les métiers, Informatica entend tirer parti des capacités de CLAIRE pour propulser le service Predictive Data Intelligence. Si les détails de cette offre semblent encore flous, il s’agit de fournir une solution unifiée de gouvernance, de data cataloging et de qualité de données fournissant des « recommandations prédictives » et permettant d’aligner des jeux de données sur les étagères d’une place de marché. Le concurrent belge Collibra a défendu peu ou prou la même approche lors d’un rendez-vous avec ses clients parisiens.

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