
Christoph Burgstedt - stock.adob
Infrastructures Internet : en mer Baltique, des accidents, pas des sabotages
Les multiples ruptures de câbles Internet sous-marins qui ont eu lieu en fin d’année dernière dans la Baltique n’étaient a priori dues qu’à des équipages inexpérimentés voguant en mer peu profonde.
Il ne s’agissait donc a priori pas d’un sabotage russe. Selon le quotidien américain Washington Post, des agences de renseignement européennes et américaines auraient conclu que les ruptures de fibres optiques sous-marines survenues en décembre dernier en mer Baltique seraient le fait de simples accidents. Dans un premier temps, les Européens soupçonnaient des actes de malveillance russes dans le but d’endommager le trafic Internet en Europe.
D’après l’enquête menée par les agences de renseignement européennes, citées de manière anonyme dans l’article, la rupture des câbles sous-marins aurait été causée par des ancres que des équipages inexpérimentés auraient oublié de remonter dans les navires. Ces ancres auraient arraché les câbles en traînant au fond de la mer. L’interception de communications radio par les autorités indiquerait finalement que ces destructions étaient accidentelles et non intentionnelles.
En fin d’année dernière, quatre câbles sous-marins véhiculant les communications Internet entre l’Estonie et la Finlande, puis un cinquième reliant la Finlande à l’Allemagne avaient été mystérieusement sectionnés. Les autorités finlandaises avaient alors soupçonné le pétrolier Eagle S, battant pavillon des îles Cook (Pacifique Sud) et naviguant à ce moment-là en mer Baltique, d’en être le responsable.
Une thèse d’autant plus probable que le Eagle S, arraisonné par les garde-côtes finlandais, s’est révélé faire partie d’une flotte « fantôme » dont Moscou se servirait pour exporter son pétrole malgré les sanctions européennes. Depuis ces derniers mois, le trafic maritime en provenance de Saint-Pétersbourg aurait significativement augmenté, certaines voies maritimes étant parcourues par plus de cent vaisseaux par semaine contre à peine une dizaine par semaine en 2022.
Des tensions géopolitiques qui exacerbent les soupçons de sabotage
En novembre, déjà, deux câbles de télécommunication sous-marins, l’un reliant la Lituanie à la Suède et l’autre la Finlande à l’Allemagne, avaient déjà été sectionnés. Cette fois-ci, le responsable était un navire chinois.
Depuis le début de la guerre en Ukraine et le sabotage du pipeline sous-marin Nord Stream – intentionnel, lui –, les autorités européennes sont sur le qui-vive concernant les infrastructures qui sillonnent le fond de la mer Baltique, qui se situe en moyenne à seulement 55 mètres sous le niveau de la mer. La semaine dernière, l’OTAN a mis en chantier l’opération Baltic Sentry visant à envoyer des renforts militaires dans la région pour surveiller les tentatives de sabotage.
De ce que l’on en sait, la coupure de câbles sous-marins n’a qu’un impact relatif sur le trafic Internet, dont l’infrastructure est hautement redondante. Pour autant, les pays situés dans des zones reculées, comme la Finlande dans l’UE, sont moins desservis en connexions alternatives. Si la Finlande, qui entretient des liens particulièrement tendus avec la Russie, dispose bien de connexions terrestres avec le reste de l’Europe, l’essentiel de son trafic passe par des câbles sous-marins bien plus faciles à poser.