NeoNephos : la Linux Foundation lance le Gaia-X de Kubernetes
En rejoignant la Linux Foundation Europe, l’initiative NeoNephos menée par SAP et supportée par l’Allemagne et l’UE cherche à fournir les briques nécessaires pour que Kubernetes devienne la couche d’interopérabilité entre les clouds, de préférence souverains, et l’Edge.
À l’occasion de la conférence KubeCon 2025 à Londres, la Linux Foundation Europe a lancé NeoNephos, une sous-fondation dont l’objectif vise à soutenir le projet de l’UE « de créer un continuum souverain de l’informatique en cloud à la périphérie, une plateforme numérique couvrant de multiples fournisseurs, infrastructures et logiciels ».
Il s’agit de développer et de promouvoir des technologies cloud interopérables répondant « aux besoins des entreprises et des Administrations européennes », d’assurer un contrôle souverain sur les données et les infrastructures, ainsi que de favoriser la collaboration entre des contributeurs. Ceux-là seraient principalement des entreprises et des instances gouvernementales. En clair, ce qui semblait être l’idée à l’origine du projet Gaia-X, devenu l’organisation qui supervise la création d’espaces de données sectoriels européens.
NeoNephos serait « l’un des premiers apports concrets » du Projet important d’intérêt européen commun sur l’infrastructure et les services d’informatique cloud de nouvelle génération (IPCEI-CIS), lancé par la Commission européenne en 2023.
Pour rappel, l’IPCEI-CIS soutient 19 projets dirigés par 19 entreprises dans 12 pays européens.
Plus concrètement, NeoNephos est une émanation du projet ApeiroRA (RA pour Reference Architecture) lancé par SAP, celui-là même qui a reçu les fonds de l’IPCEI-CIS en Allemagne.
« SAP a pour objectif de développer un plan de référence pour une infrastructure ouverte, flexible, puissante et sécurisée de la prochaine génération du cloud », expliquait l’éditeur.
NeoNephos étend les prérogatives d’ApeiroRA en rassemblant un plus large écosystème, rassemblant pour le moment SAP, l’hébergeur souverain StackIT, T-Systems, 23 Technologies, Clyso, Cyberus Technology, TNO et l’écosystème ECOFED.
ECOFED est un projet de cloud souverain soutenu par plusieurs entreprises hollandaises. Siemens et Bosch seraient également intéressés par NeoNephos.
Un projet mené par SAP
Comme ApeiroRA, NeoNephos est soutenu par le ministère fédéral allemand de l’Économie et de l’Action climatique.
« Notre vision est celle d’un continuum de services cloud [proposés par] différents fournisseurs. ».
Ernst Stoeckl-PukallChef de division, industrie 4.0, numérisation, ministère fédéral de l’Économie allemande
« Nous investissons stratégiquement, non pas pour choisir des gagnants, mais pour démocratiser les éléments constitutifs de notre avenir numérique », déclare Ernst Stoeckl-Pukall, chef de division, industrie 4.0, numérisation, au ministère fédéral de l’Économie allemande. « Notre vision est celle d’un continuum de services cloud [proposés par] différents fournisseurs », poursuit-il. « Cela signifie un écosystème diversifié où l’innovation s’épanouit et où aucune entité unique n’exerce d’influence indue ».
Et d’ajouter que les ONG supportant les technologies open source cloud native comme la CNCF et la Linux Foundation sont « absolument cruciales ». « L’Allemagne et l’UE s’engagent à soutenir cette approche collaborative ouverte », affirme Ernst Stoeckl-Pukall, dans une vidéo diffusée lors d’une conférence de la KubeCon 2025, le 2 avril.
« Nous avons au moins deux écosystèmes, qui doivent en quelque sorte jouer ensemble, mais qui peuvent avoir des objectifs commerciaux différents », explique pour sa part Vasu Chandrasekhara, VP Cloud Native Strategy, chief architect chez SAP. « Les fournisseurs d’infrastructures veulent se différencier et plutôt verrouiller les clients, tandis que les éditeurs de logiciels veulent plutôt être en mesure de se déplacer librement avec leur logiciel dans de nombreuses infrastructures ».
Kubernetes comme couche d’interopérabilité entre le cloud et l’Edge
Toutefois, les exigences européennes, dont le Data Act et l’incidence du verrouillage propriétaire sur les entreprises, pousseraient l’écosystème à trouver une couche d’interopérabilité. Les membres de NeoNephos se sont « tous stratégiquement alignés sur le dénominateur commun du cloud Native, sur Kubernetes en tant que couche d’interopérabilité standard ».
« [Les membres de NeoNephos se sont] tous stratégiquement alignés sur [...] Kubernetes en tant que couche d’interopérabilité standard ».
Vasu ChandrasekharaVP Cloud Native Strategy, chief architect chez SAP
Pour l’instant, NeoNephos rassemble 11 projets open source (IronCore, CobaltCore, Garderner, Garden Linux, Platform Mesh, GreenHouse, Katalis, OCM, Open Micro Front End Platform, Open Resource Discovery, OpenMCP). Ils sont principalement rattachés à ApeiroRA. Il s’agit principalement de librairies pour gérer des clusters Kubernetes et les applications associées à l’échelle sur des infrastructures cloud et on premise, par-dessus OpenStack et Linux. Selon Vasu Chandrasekhara, les projets ouverts par SAP ont été validés en production.
Néanmoins, NeoNephos n’en est qu’à ses débuts et doit encore convaincre un plus grand nombre d’acteurs. En ce sens, elle ne se ferme pas totalement aux contributions d’acteurs extraeuropéens, comme le prouve le fait de rejoindre la Linux Foundation.
Dans un même temps, l’IPCEI-CIS finance d’autres projets similaires à NeoNephos et à ApeiroRA. En France, Eviden est à la tête d’E2CC (Eco Edge to Cloud Continuum) qui « vise à fournir une couche d’intégration standardisée de bout en bout permettant l’interopérabilité et créant un continuum de l’Edge au cloud ».
Ce projet, davantage porté sur le volet industriel et l’IA en Edge, est soutenu par le ministère français de l’Économie et des Finances. Les promoteurs ne font pas mention s’ils préfèrent faire d’OpenStack, Kubernetes, ou les API, la couche d’interopérabilité. Pour l’instant, les porteurs d’E2CC semblent tester ProvenCore, un RTOS sécurisé porté par la startup française ProvenRun..