Cloud souverain : « Nous écoutons, nous apprenons, nous nous adaptons » (SAP)

Dans un entretien avec LeMagIT, SAP explique pourquoi il a revu à la hausse ses investissements dans le cloud souverain. Entre écoute des clients et anticipation des besoins futurs, l’éditeur détaille une stratégie qui vise à conquérir le secteur public et les industries régulées, tout en maintenant son approche « Public Cloud-first ».

Après l’annonce de SAP de multiplier par dix son investissement dans ses offres souveraines – passant de 2 à 20 milliards d’euros –, nous avons rencontré Thomas Saueressig, membre du directoire de SAP, et Martin Merz, président Sovereign Cloud chez SAP, pour comprendre les ressorts de cette stratégie ambitieuse et les enjeux autour des nouvelles offres SAP Cloud Infrastructure et SAP Sovereign Cloud On-Site.

LeMagIT : En un an, SAP a décidé de multiplier par dix son investissement dans des offres souveraines. Vous prévoyez à présent d’y allouer 20 milliards €. Doit-on en déduire qu’un marché « du souverain » a subitement émergé ?

Thomas Saueressig : Nous constatons effectivement que les évolutions géopolitiques et réglementaires façonnent la demande des clients. Il ne s’agit pas d’une émergence soudaine, mais plutôt d’un processus engagé depuis plusieurs années, et nourri par différents facteurs.

Martin Merz : Aujourd’hui, la souveraineté est devenue un critère clé dans les décisions de nos clients. Nous poursuivons notre approche « Public Cloud-first », mais tout en étant conscients des contraintes réglementaires. Nous proposons notre Sovereign Cloud pour permettre à nos clients de tirer parti du cloud tout en gardant un maximum de contrôle.

LeMagIT : SAP a-t-il pris cette décision d’augmenter son investissement en réponse aux demandes de ses clients, après des conversations avec eux ? Thomas, vous avez également évoqué une anticipation sur les besoins futurs. Ce qui pourrait laisser entendre que la demande n’est pas encore totalement là.

« Nous constatons que les évolutions géopolitiques et réglementaires façonnent la demande des clients. »
Thomas SaueressigMembre du Directoire de SAP

Thomas Saueressig : L’un des grands atouts de SAP est d’entretenir une relation étroite avec ses clients : nous écoutons, nous apprenons, nous nous adaptons.

Notre offre de Cloud Souverain reflète les défis auxquels nos clients sont confrontés. Elle est le fruit de nombreuses discussions avec eux, ainsi que d’échanges avec des régulateurs partout dans le monde, parce que nous sommes déterminés à ne pas laisser de côté les clients du secteur public et des industries régulées.

Nous voulons leur permettre de réussir leur transformation vers le cloud. Notre investissement reflète à la fois la demande existante et celle à venir.

LeMagIT : Quelle proportion des clients de SAP est ciblée par ces deux nouvelles offres ?

« Notre investissement reflète à la fois la demande existante et celle à venir. »
Thomas SaueressigMembre du Directoire de SAP

Thomas Saueressig : SAP reste fidèle à son approche Public Cloud-first. Sovereign Cloud est une offre spécifiquement dédiée aux clients du secteur public et des industries régulées, qui opèrent les fonctions les plus critiques de la société et qui ont besoin d’une alternative pour tirer parti des avantages du cloud.

Martin Merz : Nous constatons en tout cas une demande croissante, ce qui justifie un investissement substantiel de 20 milliards d’euros.

LeMagIT : Quels sont les objectifs business qui devront être atteints pour que vous considériez que ces deux nouvelles offres soient un succès ?

« Aujourd’hui, la souveraineté est devenue un critère clé dans les décisions de nos clients. »
Martin MerzPrésident Sovereign Cloud chez SAP

Thomas Saueressig : L’objectif est de permettre aux clients de bénéficier des technologies cloud, même lorsqu’ils évoluent dans un environnement fortement régulé – par exemple pour la gestion de données classifiées gouvernementales. Notre indicateur de succès est simple : sommes-nous capables de fidéliser ou de conquérir des clients qui rencontrent des défis complexes dans l’exploitation de leurs systèmes IT dans le cloud ?

LeMagIT : Ces offres permettent-elles d’accéder à toutes les innovations de S/4 (Green Ledger) et de la BTP (IA, etc.) ?

Martin Merz : Nous avons défini une feuille de route claire pour les produits et fonctionnalités de SAP Sovereign Cloud. Bien sûr, rendre un produit totalement souverain nécessite du temps, ce qui crée un décalage entre la disponibilité des offres commerciales et souveraines. Toutefois, nous sommes déterminés à apporter un maximum d’innovations à nos clients souverains. Cela inclura des fonctionnalités telles que l’IA, le BDC (N.D.R. : Business Data Cloud), et potentiellement le Green Ledger, en fonction de la demande.

« Rendre un produit totalement souverain nécessite du temps, ce qui crée un décalage entre la disponibilité des offres commerciales et souveraines. »
Martin MerzPrésident Sovereign Cloud chez SAP

LeMagIT : En France, la cible de ces deux offres sera-t-elle la même que celle de la future offre de SAP sur Bleu ?

Thomas Saueressig : Nous avons effectivement annoncé notre intention de collaborer avec le Cloud Bleu afin d’apporter en France des services de cloud souverain conformes au standard SecNumCloud.

Les discussions avec Bleu progressent et nous communiquerons plus de détails une fois l’accord finalisé.

Martin Merz : Les offres annoncées aujourd’hui ne contredisent pas cette intention, je dirais même qu’elles la complètent.

LeMagIT : Une certification SecNumCloud (SNC) est-elle envisagée ?

Martin Merz : Oui, la certification SNC est clairement envisagée et elle sera très probablement demandée par les clients français.

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