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Confluent vend un cloud privé qui n’en est pas encore un
Avec Private Cloud, Confluent affirme, à la manière d’Oracle, qu’il reproduira le niveau d’automatisation de sa plateforme cloud sur site. Pour l’instant, c’est une solution de gestion de réplication et de migration vers le cloud.
Confluent a mis un pied dans le domaine de l’IA agentique. Mais il a aussi présenté, et c’est sans doute plus important pour les clients, Confluent Private Cloud.
Certains des grands clients de l’éditeur ont entamé une migration vers le cloud. Ils cherchaient à éviter les goulets d’étranglement causés par les déploiements on premise. Même avec la licence Confluent, Apache Kafka demeure une technologie complexe.
L’éditeur entend les atténuer avec cette édition Private Cloud. Une solution qui permettrait d’abaisser les coûts d’opération liés à Kafka de moitié.
Cloud hybride oui, privé pas encore
Au centre de la solution, une passerelle, un proxy pour se connecter aux applications orientées événements. Elle doit ingérer des données et de les envoyer vers des brokers. Cette passerelle/proxy/routeur doit simplifier le transit des données en quasi temps réel de manière bidirectionnelle entre les clients et les brokers Kafka. Les clients se connectent à des points de terminaison nommés « Routes ». Ceux-là sont sous le joug d’un contrôleur pour les envoyer vers des domaines, c’est-à-dire des représentations logiques des clusters Kafka. Il n’est plus nécessaire de connecter chaque client aux points de terminaison des brokers.
Cette passerelle existait déjà pour simplifier l’ajout de nouvelles applications et la migration de l’existant vers le cloud. Elle doit aussi permettre de gérer la reprise après sinistre.
Private Cloud ajoute ce que Confluent appelle de la « réplication intelligente ». Il était déjà possible d’extraire (pull) les données depuis les brokers. Un mode « push » existe désormais, ce qui réduirait la consommation de cycle CPU. La réplication est dite intelligente, car un algorithme permet de décider de manière dynamique d’enclencher le mode « pull » ou « push » en fonction des performances, et de la stratégie de reprise après désastre. Et de promettre que son système demeure performant même au-delà de 90 000 partitions sur un seul cluster.
Le troisième pied de la table Confluent Private Cloud n’est autre qu’Unified Stream Manager (USM). Cette interface doit permettre de gérer depuis une seule interface les déploiements sur site et dans le cloud, dans une approche hybride. Cette extension de Private Cloud ne s’appuie que sur les métadonnées des clusters Kafka déployées sur site, mais permet de gérer les schémas, le lineage des données et la santé des systèmes.
Mais il manque le quatrième pied de la table. Pour l’instant, la solution est au mieux un service de cloud hybride, au « pire », une solution de migration vers le cloud public.
Une promesse à tenir
C’est prévu. Confluent promet qu’il tirera les enseignements du déploiement de Kora, le nom donné à la modernisation de sa plateforme cloud. Les clients devraient pouvoir profiter des mêmes fonctionnalités d’automatisation sur site.
« De nombreux éditeurs cloud s’inspirent des leçons qu’ils ont tirées de la fourniture d’applications SaaS et les adaptent aux déploiements sur site », affirme David Menninger, analyste chez ISG, auprès de SearchDataManagement, une publication sœur du MagIT. « Pour les entreprises qui ont besoin de déploiements sur site, Confluent Private Cloud offrira des améliorations de productivité similaires ».
Une question subsiste : « oui, mais quand ? ». Confluent ne répond pas à cette question. L’éditeur promet pour le moment un système de gestion automatisé des charges de travail Kafka sur Kubernetes, des templates pour déployer un control plane dédié à l’aide de l’orchestrateur et une fonction de gestion des déploiements multitenants.
Actuellement, c’est aux entreprises de déployer Kubernetes, l’opérateur Confluent, les clusters Kafka Connect, Apache Flink et, enfin, la fameuse passerelle présentée plus haut. De gérer les ressources associées.
La pratique n’est pas nouvelle. Certains éditeurs et fournisseurs promettent des solutions devant leur offrir un plus grand niveau d’automatisation sur site, chez un infogérant ou dans un cloud souverain, tout en réduisant leur exposition à des risques légaux ou de sécurité. Et d’encourager leurs clients, en attendant, d’adopter les services tels qu’ils existent pour faciliter la transition plus tard.
Confluent prévient tout de même que Private Cloud est une solution « premium ». Reste à savoir si elle sera plus chère que l’achat et la gestion des déploiements de Confluent Enterprise actuellement en place chez certains grands comptes.
