Datacenter privé : la pression augmente pour réduire les investissements
Les investissements sur le long terme dans les datacenters privés risquent d’exposer les entreprises à des aléas concurrentiels notables.
Les entreprises doivent en avoir conscience : les investissements sur le long terme dans des architectures de datacenters privés pourraient bien, à terme, les exposer à des risques tant financiers que concurrentiels. C’est une des conclusions qu’il fallait retenir d’une intervention de Mark Thiele, executive vice-président de Supernap, un spécialiste du datacenter aux US, qui intervenait lors de l’événement Datacloud Europe qui s’est tenu à Monaco la semaine dernière. Au cœur des débats, les problèmes auxquels s’exposent les entreprises lorsqu’elles s’embarquent pour plusieurs années dans des stratégies visant à opérer leur propre datacenter.
Dans une discussion avec Jan Wiersma, vice-président des services Cloud chez SDL, Mark Thiele a laissé entendre qu’au final, opérer son propre datacenter privé n’avait pas beaucoup de sens pour nombre d’entreprises.
« S’il y a bien une chose à redouter lorsque nous réalisez un investissement sur 15 ans dans une infrastructure aussi couteuse, c’est le fait de ne pas savoir ce que vous allez déjà faire dans les deux prochaines années », a-t-il lancé. « En dépensant des dizaines ou centaines de millions de dollars dans une stratégie liée au datacenter, et ce, compte tenu des coûts et de la nature figée de votre infrastructure physique, vous définissez bien un business plan de 15 ans ». Et d’ajouter : « je n’ai jamais développé un business plan pour une entreprise qui allait au-delà de 6 ou 9 mois. »
Extraire la valeur
Pour créer le maximum de valeur d’un investissement dans un datacenter, les entreprises doivent le voir comme un sous-système de leur département IT et de leur entreprise en général, mais très peu d’entre elles le font, explique-t-il, se référant à sa propre expérience. « Je n’ai pas croisé une entreprise prête à considérer le datacenter comme il le faudrait », soutient-il. « Nous n’avons pas croisé de stratégies business ou financière qui prennent en compte la place du datacenter au sein de l’ état global de l’entreprise sur le long terme. Sans cela, je pense que le fait d’opérer un datacenter dans l’entreprise est une cause perdue. »
Cette idée est également celle de nombreux fournisseurs de Cloud public, comme Amazon et Google. Selon eux, l’infrastructure accapare de l’argent, qui pourrait être mieux dépensée dans l’innovation. Un point sur lequel Jan Wiersma s’accorde – il a géré un datacenter dans ces précédentes fonctions.
« En 2011, j’étais responsable d’une grande organisation gouvernementale aux Pays-Bas, qui opérait tous ses datacenters, devait les faire fonctionner à l’échelle, et était donc confronté à des coûts opérationnels associés », explique-t-il. « Nous en étions arrivés à ce que 80% de notre budget était lié aux opérations et 20% à l’innovation. Nous avons donc décidé qu’il fallait vraiment faire machine arrière pour résoudre ce problème », poursuit-il.
La co-location en profite
Les fournisseurs de Cloud public ne sont pas les seuls à en profiter. Pour Equinix, fournisseur d’espace en co-location, cette tendance – associée à celle de l’Internet des objets et des modèles de Cloud hybride – alimente aussi la demande pour ses propres services.
S’exprimant chez nos confrères et partenaires britanniques de ComputerWeekly (groupe TechTarget, propriétaire du MagIT), Eric Schwartz, président EMEA d’Equinix, reprend également ces propos, soulignant au passage que la pénurie de compétences en datacenter devient lui-aussi un facteur clé.
« Si vous comptez tous les datacenters dans le monde, trois-quarts d’entre eux sont internes, opérés et détenus par une entreprise. Nous avons profité du fait que les entreprises décident de moins intervenir et de sortir de cette activité qui consiste à gérer eux-mêmes leurs données », affirme Eric Schwartz. « Cela est gourmand en capitaux et en compétences. Les personnes avec les bonnes compétences sont parties à la retraite ou les postes ont été externalisés chez des prestataires. »
Traduit par la rédaction