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Suse Cloud 6 allie OpenStack et Cloud Foundry pour donner l’IT aux DevOps

En plus d’automatiser l’administration des infrastructures virtuelles, la nouvelle version du système de Cloud privé de Suse devrait aussi déployer les applications qui tournent dessus en mode agile.

Coup double. Quelques jours après avoir annoncé la prochaine version 6 de sa distribution OpenStack (Suse Cloud), l’éditeur Suse dévoile qu’elle intégrera une distribution de la plateforme PaaS Cloud Foundry. « Aujourd’hui, quand un projet Cloud émerge dans une entreprise, il est piloté par les études. Elles veulent que tous les composants soient mis à jour en même temps. En associant Cloud Foundry à OpenStack, nous donnons aux développeurs les clés pour qu’ils mettent leur code de travail dans une boîte Docker qui va immédiatement fonctionner partout. Le but est de permettre aux entreprises de fonctionner en mode agile, de publier des applications sans contrainte et de revenir en arrière ou de les mettre à jour juste quand le code est prêt, sans avoir à manipuler de l’infrastructure en amont », a expliqué Christophe Le Dorze, ingénieur avant-ventes chez Suse France, lors du salon SUSECon qui s’est tenu à Amsterdam début novembre.

Le projet Open source OpenStack, qui sert à automatiser le déploiement de ressources virtuelles (VMs, stockage, réseau, etc.) selon des règles de haut niveau (quels utilisateurs pour quelles VMs selon quel contexte dans quel domaine réseau), est généralement vu comme une solution de migration vers le Cloud hybride. Mais pas chez Suse, où on le présente plus comme un moyen de rapprocher développeurs et administrateurs systèmes, comme le veut cette philosophie moderne du travailler ensemble que l’on appelle DevOps : « OpenStack ne sert pas à moderniser l’existant. C’est une solution pour lancer les nouveaux projets. Nous voulons donner aux développeurs les moyens de produire des proof-of-concepts et que ceux-ci partent en production sans plus attendre », revendique Mark Smith, le directeur produit OpenStack chez Suse.

OpenStack et Cloud Foundry connectés par Suse et SAP

Problème, si OpenStack est capable de déployer n’importe quelle infrastructure virtuelle n’importe où, il ne gère absolument pas les applications qui sont exécutées par-dessus. Cloud Foundry, au contraire, ne sert qu’à publier des applications dans un nom de domaine, sans tenir compte des machines virtuelles, règles réseau, droits utilisateurs et autres espaces de stockage nécessaires à leur exécution. Pour coller les deux solutions ensemble, Suse travaille désormais avec SAP à la création d’un connecteur, le CPI.

Basé sur le langage de script Bosh, celui-ci va lire les fichiers de configuration d’OpenStack pour mettre en route toute l’infrastructure dont une application a besoin lorsqu’un développeur commande sa mise en production. « Nos clients veulent de plus en plus migrer leurs applications en Cloud. C’est pourquoi nous collaborons avec Suse, un partenaire de longue date, pour intégrer le plus finement possible notre Cloud Foundry avec leur OpenStack », résume Björn Goerke, le vice-président de SAP. Et de rappeler que CPI est à la base une idée de SAP ; l’éditeur allemand plancherait dessus depuis un an.

Une stratégie qui semble couler de source pour Yves Dumazy, le responsable technique Linux d’Oxya, un intégrateur SAP français qui compte des clients dans le monde entier et qui vient d’être racheté par HDS. « Le socle Linux de Suse est celui que nous privilégions lorsque nous mettons en place des infrastructures très complexes autour de SAP. C’est l’OS recommandé pour exécuter la base de données SAP Hana et il existe aussi des versions de Suse dédiées aux logiciels SAP. A partir de là, une infrastructure Cloud qui soit pareillement conçue par les deux fournisseurs nous permettrait de déployer de manière automatisée des serveurs d’application SAP en 10 secondes, alors qu’il nous faut habituellement une bonne journée pour recréer à chaque fois la volumétrie, la machine virtuelle, pour installer Suse, pour installer les binaires SAP, pour faire les montages NFS, pour configurer les transferts de données, etc. », témoigne-t-il. Et d’ajouter que l’arrivée d’une solution dite Cloud va de surcroît lui permettre de vendre de la puissance à la demande à ses clients.

Outre Suse Cloud 6, OpenStack et Cloud Foundry sont également vendus ensemble dans la distribution Helion CloudSystem de HP, mais il s’agit plus d’un bundle que d’une intégration. Chez Suse, Cloud Foundry serait a priori vendu comme une option.

Un pack clé en main pour une solution pas encore stable

Reste à savoir si ce futur Suse OpenStack Cloud 6 connectable à Cloud Foundry, qui doit arriver début 2016, sera à la hauteur de ses promesses. Nils Brauckmann, le PDG de Suse, jure que ce sera le cas : « certes, OpenStack est encore jeune et connaît une évolution majeure tous les six mois. Mais nous nous engageons avec Suse Cloud à ne pas obliger nos clients à tout réinstaller à chaque fois. Vous pourrez passer de la version 6 à la version 7 en faisant une simple mise à jour et vous bénéficierez des nouvelles fonctions sans avoir à reconfigurer les anciennes », avance-t-il. Il concède toutefois qu’il y aura une limite : « il faudra impérativement installer les mises à jour au fur et à mesure pour que cela fonctionne. Il ne sera pas possible de sauter une étape, de passer directement de la version 6 à la 8, ou de la 7 à 9, par exemple », précise-t-il.

Et force est de constater que les clients sont a priori confiants : « Openstack est une grosse usine à gaz, tout le monde le sait. Tout le monde en a peur. Mais Suse arrive avec des solutions où la clé est sur le moteur et où il n’y a plus qu’à démarrer. Leur offre me paraît donc très intéressante », lance Ruben Bernardo-Alves, ingénieur système Linux chez Publicis. Il émet toutefois une réserve : « Cela dit, si je leur fais confiance, c’est surtout pour la partie IaaS d’OpenStack. Pour la partie PaaS avec Cloud Foundry, je demande à voir », lâche-t-il. 

Suse Manager 3, l’alternative qui reste aux mains de l’IT

Il faut dire que si le client Ruben Bernado-Alves, tout comme l’intégrateur Yves Dumazy sont si sereins dans la capacité de Suse à accompagner la transformation numérique des entreprises, c’est surtout parce qu’ils ne pensent pas avoir besoin de Cloud Foundry. « En terme d’orchestration et de déploiement automatique des applications, je suis très satisfait des annonces atour de Suse Manager 3 qui sera livré avec Suse Cloud 6 », se réjouit l’ingénieur système Linux de Publicis. Suse Manager sert à patcher et à déployer des machines virtuelles selon un squelette de base de manière automatique, quelle que soit la nature du Cloud privé sous-jacent. « Et dans la nouvelle version 3, désormais motorisée avec le logiciel Open Source SaltStack, on résume 90 lignes de règles d’administration en seulement 4 », se félicite Christophe Le Dorze.

Et de détailler : « Suse Manager 3 sert de couche d’abstraction. Typiquement, lorsque l’on veut déployer un exécutable, il faut le faire sur tous les serveurs alors que le format d’exécutable varie potentiellement d’un serveur à l’autre et il faut changer les règles DNS de partout alors que les syntaxes des fichiers de configuration ne sont pas forcément les mêmes. Suse Manager 3 va lire la configuration de chaque serveur, de chaque réseau et va se débrouiller pour installer un .deb ou un .rpm, et pour enregistrer les règles de fonctionnement partout et de manière propre. C’est à la fois moins de travail manuel et surtout l’abolition des erreurs humaines », détaille-t-il. Le logiciel serait même capable de repérer tout seul les failles existantes et de proposer à l’administrateur d’appliquer des patches.

« Nous n’utilisons que 30% des capacités de Suse Manager : nous ne nous servons pas du déploiement automatique ni de la fonction de monitoring, juste du patching. Mais c’est essentiel quand on gère du SAP, car cela nous permet d’éviter qu’un système vieillisse dans un parc qui comporte des bases de données, des serveurs d’applications, des environnements de production, des environnements de développement, des environnements des tests et où, malgré tout, toutes ces instances doivent rester homogènes. Avec Suse Manager, nous pouvons figer un repository dans le temps afin de mettre à jour les systèmes d’un client à une date donnée, une fois par mois, une fois que nous avons testé en amont le patch », se satisfait Yves Dumazy.

Surtout, utiliser OpenStack sans Cloud Foundry mais avec Suse Manager semble être privilégié par les informaticiens car cette solution leur éviterait de donner tous les pouvoirs aux développeurs.

 

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