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Rust ou Go : quel langage choisir pour développer des microservices ?

Les langages de programmation Rust et Go offrent tous deux des fonctionnalités adaptées au développement de microservices, mais leurs capacités respectives les rendent plus adaptés à certains scénarios qu’à d’autres.

En matière de développement de microservices, les programmeurs s’appuient sur la rapidité d’exécution, la prise en charge de la concurrence, la fiabilité des services et des capacités sophistiquées de traitement des erreurs pour créer des applications qui répondent aux objectifs de l’entreprise. Ces fonctionnalités permettent aux équipes de développer des applications web et des microservices complexes.

Rust vs Go : pourquoi utiliser ces deux langages pour programmer des microservices

Rust et Go offrent des structures de code claires et des fonctionnalités de programmation de haut niveau. Les programmeurs se sont tournés vers ces deux langages puisqu’ils sont des alternatives fiables et open source aux standards ouverts ISO/ANSI, tels que C et C++.

Ils sont également considérés comme des langages de programmation « Web et cloud native ». Par exemple, Kubernetes est écrit en majeure partie en Go, tandis que Rust propulse certains programmes ou services d’infrastructure modernes. Mais les entreprises les mettent de plus en plus à contribution pour développer tout ou partie de projets back-end ou front-end.

Examinons les fonctionnalités disponibles dans chaque langage, les avantages en termes de développement d’applications et de microservices, ainsi que les inconvénients potentiels qui pourraient frustrer certains développeurs.

Quels sont les bénéfices de Go ?

Go est couramment utilisé pour créer des outils d’interface en ligne de commande, ainsi que pour aider à la conception d’infrastructures et au développement de microservices.

Go, parfois appelé Golang, est un langage de programmation compilé à typage statique qui privilégie la rapidité d’exécution, la concision du code et la lisibilité de la syntaxe. Go est couramment utilisé pour créer des outils d’interface en ligne de commande, ainsi que pour aider à la conception d’infrastructures et au développement de microservices. Ce langage offre également un support pour les applications évolutives qui nécessitent une optimisation de la concurrence et de l’utilisation des processeurs.

L’une des caractéristiques les plus attrayantes de Go est son utilisation de threads d’exécution légers connus sous le nom de goroutines pour traiter simultanément un grand nombre de tâches discrètes et maximiser l’utilisation d’un cœur. Go est par ailleurs un langage fortement typé, permettant aux développeurs d’identifier les erreurs intégrées et d’accéder aux types de données intégrés, tels que les matrices, les tranches (slices) et les cartes (maps).

Go offre la possibilité d’écrire du code modulaire et testable grâce à des types d’interfaces personnalisés. En utilisant des ensembles de signatures de méthodes, les développeurs peuvent découpler les dépendances et les mettre de côté pour les réutiliser ou les tester. Les programmeurs peuvent ensuite simuler ces dépendances dans différents contextes ou identifier le code à réutiliser, tout en évitant les conflits de noms. Enfin, la fonction de collecte des déchets de Go optimise la gestion de la mémoire, et son catalogue de types de valeurs prédéfinis accroît l’efficacité de la programmation.

Quelles sont les limites de Go ?

Pendant un certain temps, Go n’a pas pris en charge les génériques et, semble-t-il, a encore des problèmes à ce sujet. Alors que Go a été conçu pour réduire la complexité, l’omission des génériques a diminué la productivité et la gestion du développement. Les génériques ont été ajoutés à la version 1.18 de Go, mais l’absence de prise en charge des nouveaux paramètres génériques peut obliger certains à effectuer des contournements fastidieux.

L’utilisation implicite d’interfaces complique inutilement le processus de développement en Go. L’identification d’une interface en Go nécessite souvent une compilation – un inconvénient significatif lorsqu’on travaille avec de grandes applications.

La communauté Go propose des bibliothèques limitées, et leur support est minimal. Par exemple, les programmeurs travaillant sur le développement iOS peuvent avoir des difficultés à trouver des ressources. Le Go peut poser des problèmes aux nouveaux développeurs, car il n’a pas les caractéristiques des langages établis en matière d’interface utilisateur, comme les grandes collections de bibliothèques de code intégrées. Go est davantage adapté au développement de systèmes, moins au traitement de données.

Bien qu’il ne bénéficie pas de contributions communautaires établies, Go suscite un fort intérêt. Parmi les professionnels du développement interrogés par HackerEarth en 2020, 32 % ont indiqué que le Go était le langage de programmation qu’ils souhaitaient apprendre le plus.

Quels sont les bénéfices de Rust ?

Rust a été conçu comme un langage de programmation de systèmes mettant l’accent sur des éléments tels que la sécurité des types et la concurrence. Avec Rust, les développeurs peuvent écrire du code avec des temps de compilation rapides et garantir une faible empreinte mémoire. Contrairement aux exigences de gestion manuelle de la mémoire que l’on trouve souvent dans des langages comme C et C++, le compilateur Rust fait appel à des protocoles stricts pour garantir la sécurité de la mémoire.

Rust utilise des fonctions de contrôle d’état, telles que les closures et les itérateurs, ainsi que la prise en charge d’un typage statique fort et de processus d’inférence de type. Cependant, bien qu’il soit considéré comme un langage de programmation polyvalent, la syntaxe et la structure uniques de Rust peuvent rendre son apprentissage difficile pour certains.

Grâce à sa prise en charge de la concurrence, Rust convient aux applications modernes et aux microservices. Il fournit des garanties au niveau des types pour les valeurs qui peuvent être partagées simultanément entre les threads. Rust permet également à des threads individuels d’acquérir des valeurs de threads voisins en se désignant comme propriétaire et en transformant la portée globale de la valeur.

Le code Rust se compile en code machine natif sur de multiples plateformes. Il minimise aussi les frais d’exécution en offrant une abstraction à faible coût pour simplifier et accélérer les tâches de développement. Rust gère la mémoire à la compilation et utilise la répartition statique des génériques pour mettre en œuvre les appels de fonction. En termes d’applications web, Rust peut être compilé dans le format de code binaire WebAssembly, qui s’exécute dans tous les principaux navigateurs Web à des vitesses quasi natives.

La conception de Rust est axée sur la sécurité.

La conception de Rust est axée sur la sécurité. En principe, les développeurs ne peuvent pas écrire facilement du code non sécurisé. Le langage offre des mécanismes de recherche d’erreurs qui laissent souvent des failles de sécurité dans les navigateurs Web – et ensuite éliminer toutes les classes contenant ces erreurs. Des fonctions de sécurité robuste permettent de réduire la génération de code erroné et de limiter les processus de construction instables. Par exemple, la syntaxe de Rust garantit la sécurité de la mémoire en éliminant les erreurs de programmation courantes telles que les pointeurs sautillants (dangling pointers en VO, des pointeurs qui ne pointent pas vers le bon type d’objet en mémoire), et les data races (des bugs d’accès concurrent à une variable modifiée par plusieurs threads).

Les développeurs qui utilisent Rust doivent adhérer aux principes de sécurité par défaut et envisager ce qui peut mal tourner dans un programme ou un microservice avant la compilation. Grâce à la flexibilité de Rust, les programmeurs peuvent partiellement suspendre les fonctions de sécurité pour effectuer certaines actions, comme la manipulation directe de la mémoire pour déréférencer un pointeur brut. Les programmeurs qui travaillent avec des systèmes embarqués ou des kernels de certains systèmes d’exploitation peuvent omettre la bibliothèque standard s’ils veulent construire des binaires sans dépendance vis-à-vis de la plateforme.

Quelles sont les limites de Rust ?

Le système de types sophistiqué, mais complexe, de Rust, exclut l’utilisation d’un collecteur de déchets (garbage collector). Cela rend sa courbe d’apprentissage abrupte. La syntaxe de Rust peut parfois devenir assez difficile à manier et à explorer, en particulier lors de l’utilisation d’annotations de durée de vie pour valider les emprunts.

En plus du manque de maturité de la bibliothèque Rust, de nombreux crates nécessitent des dépendances non documentées. Bien que Rust bénéficie d’une communauté vivace, des portions importantes du support de développement global font défaut. Les développeurs doivent revoir le code une fois que ces domaines sont stabilisés et complétés. Malgré ces limites, 87 % des personnes interrogées, dans le cadre d’une enquête StackOverflow en 2022, qui ont déjà utilisé Rust, le désignent comme leur « langage préféré ».

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