Cdiscount lancera en 2020 des services B2B cloud avec Volterra

Le champion de l’e-commerce proposera aux entreprises qui ont une activité en ligne des fonctions de sécurité et de répartition de charge. La startup lui apportera les points de présence et des clusters Kubernetes.

L’enseigne d’e-commerce Cdiscount se lancera en mars 2020 dans la vente de services technologiques en ligne pour les entreprises et ceux-ci reposeront sur l’infrastructure de Volterra. La startup, qui est née cet été de la fusion d’Acorus Networks et des anciens développeurs du SDN Contrail, doit en l’occurrence apporter à Cdiscount ses points de présence dans différents datacenters autour du monde et sur lesquels il est possible d’exécuter des services en containers formatés pour Kubernetes.

« Nous proposons des services de logistique aux vendeurs de notre marketplace. Notre idée est désormais de leur vendre aussi des services technologiques. Et, à terme, de vendre ces services technologiques à toutes les entreprises. Nous voulons le faire avec un maillage international, car une bonne partie des vendeurs de notre marketplace sont européens, chinois. Ces services participent à notre volonté de fédérer un réseau européen, puis mondial, de marketplaces », explique au MagIT Romain Broussard, le directeur IT de Cdiscount.

L’ambition d’aller au-delà du simple e-commerce

« Ces nouveaux services sont la suite logique de notre évolution. Jusqu’à 2010, nous faisions du retail traditionnel. À partir de 2010, nous sommes passés à la marketplace, puis ensuite nous avons commencé à vendre des services pour le grand public. Citons par exemple des voyages en ligne, qui devraient à eux seuls peser à hauteur de 100 millions d’euros dans notre chiffre d’affaires cette année », ajoute-t-il.

Il se défend de vouloir transformer Cdiscount en un nouvel hébergeur de cloud, sur le modèle d’un Amazon qui a profité de son activité d’e-commerçant pour devenir une marketplace et, ensuite, développer AWS pour héberger les sites de ses revendeurs, puis les activités en ligne des entreprises de tout type. Ici, il s’agirait juste de proposer des services cloud réseau.

« Notre ambition est d’installer entre des fournisseurs – nos clients – et leurs clients des services d’infrastructure, de type résilience, optimisation de la performance avec des serveurs de cache CDN, répartition de charge vers des clusters de débordement, mais aussi cybersécurité avec des firewalls applicatifs… Bref, nous voulons proposer à nos partenaires une couche applicative qui apporte de la valeur aux services qu’ils mettent eux-mêmes en ligne. »

VoltMesh pour les points de présence, VoltStack pour exécuter les services

« Le fait est qu’il est aujourd’hui nécessaire de rapprocher les applications des utilisateurs finaux. Il était donc primordial pour nous de disposer de points de présence capables d’exécuter nos services partout dans le monde », dit Romain Broussard.

« L’intérêt de Volterra aujourd’hui est d’être localisé au plus proche des nœuds d’échange Internet, via leur réseau VoltMesh. Cela signifie que nous pouvons déployer nos services sur d’autres plaques régionales. Aujourd’hui, l’accès à notre plateforme se fait essentiellement sur les points d’échange français. Mais pour l’activité B2B que nous élaborons, il est plus opportun de nous installer à l’international. »

Techniquement, le modèle de Cdiscount consiste dans un premier temps à installer ces nouveaux services sur des clusters Kubernetes en France, dans des endroits où ils seront directement reliés au réseau international VoltMesh de Volterra. Ensuite, les mêmes services seront installés aux autres extrémités du réseau VoltMesh, dans un premier temps directement sur les clusters Volstack de Volterra. « Si l’équation économique nous l’impose, nous installerons nos propres serveurs Kubernetes sur certains points d’arrivée du réseau VoltMesh », indique Romain Broussard.

« Nous n’avons pas encore validé que nos services exploitent toute la subtilité des passerelles VoltStack, la distribution Kubernetes de Volterra agrémentée d’un SDN propre, mais c’est en cours. Pour l’heure, nous travaillons à faire en sorte que nos services fonctionnent sur n’importe quel environnement Kubernetes, y compris sur des plateformes de cloud public », précise-t-il.

Cdiscount-Volterra : un savoir-faire commun dans le support des charges immenses 

Si Cdiscount a choisi de s’appuyer sur l’infrastructure de Volterra, c’est d’abord pour des raisons historiques.

« En 2016, nous avions souffert d’une attaque DDOS assez massive. Notre fournisseur de sécurité de l’époque avait réussi à bloquer l’attaque, mais cela nous a empêchés d’assurer 20 % du CA normalement réalisable sur la période. Donc, nous avions cherché à remplacer ce prestataire et avions à cette occasion commencé à travailler avec Acorus, l’ancêtre de Volterra, qui proposait alors des passerelles anti-DDOS du nom de CloudProtect. Nous sommes heureux d’avoir fait ce choix puisque, depuis 2016, malgré les nombreuses tentatives d’attaques que nous subissons, nous n’avons plus jamais eu de problèmes », raconte Romain Broussard. Et de préciser que Cdiscount essuie aujourd’hui 120 000 tentatives d’intrusions par jour.

Ces passerelles Acorus, alliées aux serveurs Cdiscount qui préfigurent ceux qui hébergeront en 2020 les nouveaux services technologiques B2B, absorbent par mois les requêtes de 20 millions de visiteurs uniques. Selon Romain Broussard, les pics d’activités enregistrés durant le dernier Black Friday étaient de 15 000 requêtes/seconde et de 200 commandes/seconde. En clair, Cdiscount et Volterra ont acquis une haute maîtrise de la sécurité et de la répartition de charge dans des conditions extrêmes. D’où l’intérêt de revendre cette expertise sous la forme de services.

À l’heure actuelle, Cdiscount dispose de deux centres de données en propre qui hébergent 5 000 serveurs. Ceux-ci sont tantôt physiques, tantôt virtuels, tantôt sous la forme de containers. Leur rôle est de présenter un catalogue de 65 millions de produits à 9 millions de clients actifs, pour un chiffre d’affaires annuel de 3,6 milliards d’euros. La DSI de Cdiscount compte elle-même 800 personnes.

« Nous avions évalué les concurrents d’Acorus à l’époque des attaques DDOS. En revanche, nous ne nous sommes pas posé la question de faire une étude marché pour trouver le fournisseur derrière l’infrastructure de nos nouveaux projets. Néanmoins, nous les challengerons peut-être à terme, même si aujourd’hui leur offre est unique sur le marché », conclut Romain Broussard.

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