Comment Allianz a emprunté les voies qui mènent à DevOps

Andrea Hirzle-Yager, la DSI du groupe allemand, explique son passage à DevOps et au Cloud, et de la nécessité de gagner le soutien des dirigeants de l’entreprise

Le Cloud, une autoroute vers DevOps. C’est l’expérience qu’Allianz, spécialiste allemand des services financiers, a tenu à partager lors du DevOps Enterprise Summit qui s’est tenu récemment à Londres. L’équipe de management du groupe a su tirer profit d’un voyage dans la Silicon Valley et suite à ce déplacement a été convaincu par DevOps. Cela a finalement accéléré la stratégie Cloud du groupe.

De retour de ce voyage, début 2016, chaque département de l’entreprise s’est retrouvé confronté à un nouveau challenge : créer une application en un an, explique Andrea Hirzle-Yager, en charge de la DSI, chez Allianz Deutschland AG.

« Ils sont revenus avec beaucoup de bonnes idées sur ce que nous pourrions faire pour nouos rapprocher davantage de nos clients », se réjouit-elle. « Nous étions déjà proches de nos clients, mais nous avons réalisé qu’il fallait que nous le soyons encore plus. Nous comprenons mieux leurs besoins et nous pouvons désormais leur suggérer des offres plus rapidement, au moment le plus opportun et en fonction de leur situation géographique ».

Ce nouveau challenge a d’abord été accueilli avec un certain scepticisme, surtout par les équipes en charge de la sécurité IT et de la conformité. Mais Andrea Hirzle-Yager était bien décidée à soutenir jusqu’au bout les projets de la direction. « Je me suis désignée volontaire. Je mènerai ce projet à bien et les applications seront prêtes d’ici à la fin de l’année pour que cela soit possible », affirme-t-elle. Pourquoi cette implication ? L’une de ses motivations est qu’elle souhaitait éviter que son équipe (en charge des opérations IT) se retrouve confrontée à une situation dans laquelle leurs avis et leurs besoins ne sont pris en compte dans les discussions. « J’ai trop souvent été de l’autre côté de la barrière. Lors d’un déploiement de code par exemple : une personne décide quelque chose et juste avant la finalisation du projet, le jette aux opérationnels pour démêler les problèmes. Je ne veux pas que cela se reproduise. Je souhaite également que mon équipe soit présente dès le début, participe aux débats lorsqu’arrivent les problèmes et décident des méthodes pour les résoudre », commente-elle.

Pivotal : l’étincelle

Pendant son voyage dans la Silicon Valley, les équipes d’Allianz ont rendu visite à Pivotal, qui accompagne les entreprises dans la mise en place de processus de développement agile. Cette première rencontre a été suivie d’une seconde : celle des équipes de développement avec les équipes de Pivotal à Londres, pour les aider à s’approprier les concepts, comme le Paired Programming ou la collaboration cross-fontionnelle (dans la cadre d’une approche pluridisciplinaire).

Mais pour garantir une certaine continuité dans les pratiques, une fois cette formation terminée, Allianz a décidé de créer ses propres centres de formation à Munich et Stuttgart en juin 2016. Les premières équipes ont intégré ces centres un mois plus tard.

Objectifs atteints

La première vague d’applications était prête pour être testée dès août 2016. Elles se sont retrouvées sur l’appstore en avance de plusieurs mois sur le planning initial. « Ce qui veut dire que mon équipe, avec l’aide de nombreux experts, tant internes qu’externes, a dû créer cette plateforme ou au moins un environnement de test à la vitesse de l’éclair », rappelle Andrea Hirzle-Yager. « C’est quelque chose qui n’avait jamais été fait auparavant. Cela nous prend généralement plusieurs mois pour obtenir un bon de commande pour du matériel – sans parler du temps nécessaire à ce que cela fonctionne. »

La première application a été placée sur l’appstore en septembre 2016, et deux autres ont suivi en novembre et décembre de la même année. L’une permet de manipuler les contrats depuis un smartphone, alors que la seconde permet d’uploader des photos prises lors d’un accident de voiture,  et de recevoir une réponse presque immédiate sur les éventuels coûts d’une réparation. « Cela a été rendu possible grâce à un travail en commun », affirme la responsable IT.

Le passage au Cloud

Ayant dépassé les objectifs en matière de développement d’application, Andrea Hirzle-Yager a été nommée pour la mise en place de DevOps chez Allianz, qui doit permettre au groupe de migrer vers le Cloud. « Pour une compagnie d’assurance comme Allianz, passer au Cloud est un autre projet incroyable, mais c’est ce que nous avons fait. »

« Nous avons exploité tout ce que nous avions appris.  Nous avons créé une équipe pluridisciplinaire, défini et configuré un nouvel environnement pour supporter le développement d’applications, identifié les environnements legacy éligibles. Et on a demandé à mon équipe de mener le projet. »

Le soutien du management

Le soutien de l’équipe dirigeante dans le projet DevOps a permis de surmonter de nombreux problèmes que l’on rencontre généralement sur un projet de transformation numérique de cette ampleur, soutient-elle.

Avec le support assuré de l’équipe de management, cela a permis à l’entreprise d’éviter d’avoir à évangéliser DevOps en interne. « Il est nécessaire que l’équipe dirigeante et les managers comprennent ce que vous essayez de faire quand vous menez un projet, car DevOps n’est pas chose facile. Cela en vaut la peine et il faut absolument le faire, mais ce n’est pas facile et demande beaucoup de patience », affirme-t-elle. « Si vous devez expliquer votre projet dans son ensemble aux exécutifs, le temps va manquer pour les autres choses importantes. Vous devez initier cela très tôt et obtenir le soutien de ceux qui comptent. »

Evacuer les problèmes

Mais ce passage à DevOps n’a pas été exempt de problèmes. Certaines difficultés sont apparues dès les premiers jours parmi les développeurs et les équipes opérationnelles. « Une équipe demandait à l’autre de réaliser une tâche, mais personnes ne savait exactement ce qu’il fallait faire pour aller de l’avant. J’ai donc appelé les équipes pour les faire assoir à la même table », explique Andrea Hirzle-Yager. L’équipe ainsi réunie était composée de responsables de la sécurité, de l’infrastructure, des opérations et du développement d’applications. « Une fois assis ensemble, nombre de problèmes ont été résolus. Certains n’étaient d’ailleurs qu’une mauvaise compréhension des besoins de l’autre », s’amuse-t-elle. Les équipes sécurité et conformité avaient des doutes qui ont pu être dissipés dans les débats. Cela leur a donné la possibilité d’attirer l’attention sur certains points critiques – et de s’assurer au final que les développeurs et les opérationnels prennent cela en compte dans leur travail.

Démontrer la valeur de DevOps

Dans les entreprises où DevOps est initié par quelques équipes technologiques, par exemple, la pression est forte. Il s’agit de démontrer la valeur de DevOps pour gagner le soutien du management.

Il faut également garder à l’esprit que la réussite de DevOps repose aussi sur le soutien des autres responsables, et surtout le département RH. Soutien qu’il convient donc de gagner. « DevOps n’est pas qu’une histoire d’IT. Si l’ensemble de l’entreprise n’y adhère pas, cela rend les choses encore plus compliquées. »

 

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