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Comment Axa assure sa transformation digitale

Un projet de transformation numérique n’est jamais terminé : ce processus continu va de pair avec un changement de mentalité dans la gestion informatique, et en particulier de l’intégration des données. C’est ce que rappelle Olivier Vansteelandt, DSI chez Axa Luxembourg et Axa Wealth.

La transformation digitale est un projet perpétuel ; tel est le rappel qu’a récemment lancé Olivier Vansteelandt, DSI chez Axa Luxembourg et Axa Wealth.

Lors de son intervention au MuleSoft Financial Services Summit, le responsable a détaillé les étapes de son plan pour faire évoluer la fonction IT, qu’il dirige, vers un centre de services qui soit moteur de la transformation globale de la branche locale d’AXA. « Je veux jeter des ponts entre l’IT et les métiers, deux mondes qui se comprennent souvent mal », confie-t-il.

Axa Luxembourg compte 300 employés. Une PME, comme la décrit son DSI. Mais cette PME propose de nombreux produits d’assurance, avec la même complexité que les autres entités du groupe. Seule son équipe est bien plus réduite.

« Notre équipe est extrêmement flexible et très impliquée. Elle est aussi réactive qu’une petite entreprise, mais notre modèle de fonctionnement [IT] manquait d’agilité », résume-t-il. Olivier Vansteelandt dresse le tableau d’une organisation assez semblable à celle de nombreuses sociétés de services financiers : structurée par unité métier, chacune avec son propre périmètre d’activités, ses propres produits et ses propres systèmes IT.

« La transformation [numérique] se révèle être un état permanent »
Olivier VansteelandDSI Axa Luxembourg et Axa Wealth

Et au milieu, une intégration « point à point » qui connecte tous ces systèmes éparses les uns aux autres. De manière imparfaite. « Avec ce type d’intégration, vous consacrez beaucoup de temps à concevoir des interfaces vers chaque système », explique-t-il. Sous-entendu « trop de temps ». D’autant plus que le point à point s’avère vite inadapté à la transformation digitale.

« Au départ, vous la voyez comme une transition limitée dans le temps, mais la transformation [numérique] se révèle être un état permanent », martèle Olivier Vansteeland. Conséquence de cette philosophie itérative pour l’intégration des données : « à chaque modification d’une interface, il fallait tout retester »

Pour évoluer vers plus d’agilité, une telle intégration point à point ne serait donc pas viable sur le long terme. Pourtant, selon le DSI, cet état de fait dure souvent des années. Et il serait en très grande partie responsable de la complexité de l’architecture IT et de sa maintenance coûteuse.

« Nous avons décidé de revoir notre approche », continue le DSI qui cherche alors à faciliter la synchronisation de nouvelles plateformes et à éviter de démultiplier les coûts à chaque demande d’ajout de systèmes ou de fonctionnalités de la part des métiers.

Cette nouvelle approche devait passer par les API, et se recentrer au passage sur les utilisateurs.

À l’époque, Olivier Vansteelandt monte une équipe chargée d’une double mission : centraliser la stratégie API, et définir un modèle pérenne et unifié de données utilisables qui permettent à toutes les composantes métier d’utiliser le même catalogue de données. Toutes les gammes de produits Axa ont alors adopté une taxonomie commune. Après quatre ans à suivre cette approche, toute nouvelle intégration se fait aujourd’hui avec Mulesoft. Et architecturalement, les API se répartissent en trois couches : système, processus et expérience.

Une stratégie commune a également l’avantage de favoriser le recyclage d’un projet à un autre. Selon Olivier Vansteelandt, une architecture qui exploite des API est ainsi bien plus flexible. « Inutile de tout reprendre à zéro à chaque intégration point à point, les composants se réutilisent », ajoute-t-il.

« Deux éléments devenaient indispensables : la connectivité et l’intégration à l’échelle des acteurs de l’écosystème. »
Olivier VansteelandtDSI chez Axa Luxembourg et Axa Wealth

Parce que la plateforme est flexible, si une seule petite partie de l’architecture est redéveloppée, il est inutile de redévelopper et retester tout le reste, ajoute-t-il.

Chez Axa Luxembourg, le DSI voit un troisième avantage à cette stratégie d’API, étroitement lié aux évolutions du secteur de l’assurance. Beaucoup de ces produits – par exemple, l’assurance incluse pour l’achat d’une nouvelle voiture – deviennent des « commodités ». Par ailleurs, avec Internet, la concurrence s’amplifie et le conseil est tombé en désuétude. Enfin, les assureurs tentent de se recentrer « sur des marchés de niche qui ont encore besoin de l’expertise d’assureur. »

Cette complexification du métier augmente le besoin d’un écosystème d’APIs pour gérer simultanément ces différents modèles, explique Olivier Vansteelandt. « Bien gérer les relations avec chaque client est essentiel. Pour cela nous avons besoin de fonctionnalités qui vont de simples produits Internet basiques à des API que nous mettons à la disposition de nos partenaires pour de nouveaux types de services. Deux éléments deviennent alors indispensables : la connectivité et l’intégration à l’échelle des acteurs de l’écosystème. »

Olivier Vansteelandt insiste sur un autre point clef. Pour lui, une stratégie d’API réussie passe par une nouvelle culture IT : il faut arrêter de se faire des projets déconnectés les uns des autres pour adopter à la place une vision globale et articulée, avec une équipe architecture à la manœuvre. « Il s’agit d’aligner tout le monde sur les mêmes objectifs », résume-t-il.

L’autre question brûlante touche au budget. « Qui paie la facture ? » demande Olivier Vansteelandt, ajoutant qu’il faut absolument définir clairement les règles. 

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