Guy Mamou-Mani, Groupe Open : « il fallait en passer par le creux de 2009 »

L'année 2009 restera un crû à oublier pour Groupe Open. Intégration de la SSII Sylis (achetée en 2008), transformation lourde des activités de régie : la SSII a vu son chiffre d'affaires baisser de 10 % à bases comparables et terminera l'exercice dans le rouge. Guy Mamou-Mani, co-président de Groupe Open, estime toutefois que sa société est désormais bien positionnée pour entamer un rebond en 2010.

LeMagIT : Comment expliquez-vous l'accélération de la décroissance de votre activité au quatrième trimestre ?

Guy Mamou-Mani : Cette accentuation de la décroissance organique résulte d'un effet mécanique. Puisque, au 4ème trimestre 2008, nous avons intégré pour la première fois le chiffre d'affaires de Sylis (SSII de 1 700 personnes acquise en 2008, NDLR). Via le mécanisme de comparaison d'un an sur l'autre, c'est donc la première fois que la décroissance des activités de Sylis est embarquée dans nos résultats. Sur l'année entière, l'activité de Teamlog recule de 7 ou 8 %, tandis que celle issue de Sylis chute de quelque 15 %. Sur l'ensemble, je retiens que Groupe Open termine l'année sur une décroissance de 10 %, puisque, en cumulant les deux sociétés, le chiffre d'affaires 2008 avoisinait les 330 millions d'euros et que nous terminons 2009 à environ 294 millions d'euros.

C'est bien sûr une année difficile mais, au moment du rachat de Sylis, j'avais été prudent sur l'évolution du chiffre d'affaires. Nous avons cumulé trois facteurs : la crise bien sûr, mais aussi la nécessaire transformation de notre modèle - car tant Teamlog que Sylis étaient des sociétés très tournées vers les activités de régie - et les pertes en ligne qu'entraîne toute fusion majeure.
Sur le plan de la rentabilité aussi, l'année ne sera pas bonne. Nous terminerons le second semestre avec une marge opérationnelle meilleure qu'en début d'année. Mais, en raison de frais de restructuration, nous serons toujours dans le rouge (sur les six premiers mois de l'année, Groupe Open a enregistré une perte de 1,7 million, NDLR). Il fallait en passer par là pour enclencher un cercle vertueux dès le début de 2010.

LeMagIT : Où en êtes-vous de l'intégration opérationnelle des équipes de Sylis ?

Effectifs : sévère dégraissage

Groupe Open s'est séparé de 300 consultants environ en 2009, la SSII finissant 2009 avec 3 200 personnes facturables. S'y ajoute le départ de 200 autres employés. Ce dégraissage s'est effectué sans plan social, Groupe Open affirmant avoir misé sur les départs naturels et les négociations à l'amiable.

G.M.-M. : Nous avons déroulé tout un programme d'intégration en 2009. Au 31 décembre, la fusion de toutes les structures était entérinée et, depuis le début d'année, nous travaillons avec une seule comptabilité, un seul service RH. Nous avons également diminué le nombre de niveaux hiérarchiques et harmonisé les processus au sein de nos centres de service. Il n'existe plus de séparation entre les équipes issues de Teamlog et celles venant de Sylis. Cet effort a aussi représenté de gros investissements qui impactent nos résultats.

LeMagIT : Finalement, n'avez-vous pas acheté Sylis au mauvais moment ?

G.M.-M. : Non, car, pour un prix très raisonnable, nous avons désormais accès à une panoplie de grands clients, comme Peugeot, MSA ou le Crédit Mutuel, chez qui nous figurons parmi les premiers partenaires. Avec les référencements de plus en plus radicaux des grands donneurs d'ordre, atteindre une taille critique devient indispensable. Des SSII moyennes qui ne l'ont pas fait cherchent aujourd'hui à se vendre.

Cette augmentation de notre taille s'accompagne d'une forte transformation du modèle, sous l'impulsion de l'évolution de la demande de nos clients. Sylis, tout comme Teamlog au moment où nous en avons pris le contrôle, était fortement tourné vers la régie, dans une proportion avoisinant les 90 %. Via les transformations que nous avons accomplies chez Teamlog d'abord, puis en 2009 chez Sylis, Groupe Open ne facture plus aujourd'hui qu'environ 50 % de ses prestations en mode régie. Le reste recouvre des contrats au forfait, à engagement de services ou des infogérances. C'est une transformation radicale.

LeMagIT : Pour se positionner sur ces contrats, votre centre de gravité très français et l'absence d'une offre offshore capable d'adresser de gros volumes ne sont-ils pas des handicaps ?

G.M.-M. : Nous ne nous positionnons pas sur les contrats globaux impliquant des milliers de personnes. Mais, chez ces donneurs d'ordre qui signent ces contrats géants, il subsiste des marchés locaux, dans lequel notre offre de centres de services de proximité, couplée à notre centre offshore en Ukraine, est bien adaptée. Nous avons par exemple signé un contrat de 5 ans avec un opérateur télécom portant sur 50 personnes : la première année 5 d'entre-elles sont situées en Ukraine, la 5ème, elles seront 45 sur 50 dans le Pays de l'Est. Sur ces contrats locaux, qui viennent en réalité remplacer des régies, nous affrontons la concurrence de grands acteurs principalement, comme HP/EDS, Capgemini, Sopra ou Steria.

LeMagIT : Vous prévoyez une "amélioration notable" de vos résultats en 2010... C'est-à-dire ?

G.M.-M. : Depuis la fin de l'année dernière, le taux d'occupation remonte. C'est pour cela que je dis que nous avons dépassé le point bas. Nous enregistrerons encore une baisse du chiffre d'affaires au premier semestre 2010 - en raison de la baisse des effectifs. Mais la rentabilité de la société va nettement s'améliorer sur 2010.

En complément :

Evolution du CA en 2009 : les chiffres pro-forma
 

Pour une meilleure lecture de l'évolution de l'activité de Groupe Open, nous avons calculé l'évolution du chiffre d'affaires pro-forma (autrement dit en calculant les taux de décroissance 2009 par rapport à la somme des activités de Groupe Open et Sylis en 2008). Information que la société a choisi de ne pas mettre en avant dans sa communication financière.

Rappelons que, sur les trois premiers trimestres de 2008, Sylis n'était pas consolidé dans les chiffres de Groupe Open.

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