Avec VFCache, EMC s'attaque à Fusion-io sur le marché des cartes PCI-express

En dévoilant ses cartes VFCache, EMC étend ses ambitions au stockage Flash sur les serveurs, avec toutefois une priorité mise à l'utilisation de la Flash comme un cache d'accélération sur les serveurs. En attendant l'arrivée du Projet Thunder, qui donnera naissance à une baie de stockage 100% Flash signée EMC.

EMC a officiellement présenté la semaine dernière VFCache, sa solution de cache pour serveurs à base de carte à mémoire Flash au format PCI-express, un produit jusqu’alors connu sous le nom de code “Project Lightning.” EMC a aussi profité du lancement pour lever le voile sur un second projet de stockage Flash, une appliance de stockage en réseau 100% Flash baptisée “Project Thunder”. Cette appliance devrait embarquer de multiples cartes VFCache et être disponible pour les clients pilotes un peu plus tard dans l’année.


VFCache et Project Thunder font usage de cartes PCI-express à base de mémoire flash pour améliorer les performances en lecture des applications. C’est en soit une nouveauté pour la firme d’Hopkington puisque cette dernière s’était jusqu’alors limitée à proposer des disques SSD dans ses baies de stockage, sans s’aventurer sur le marché des cartes pour serveurs, un domaine largement dominé par le pionnier du secteur, Fusion-io. En étendant son emprise aux serveurs et en positionnant la Flash au plus près du processeur, EMC entend accélérer les performances applicatives de façon plus radicale qu’en utilisant de la flash dans ses baies de stockage.

EMC entend utiliser la Flash comme cache sur les serveurs

VFCache s’appuie sur des cartes à base de modules Flash NAND en technologie SLC signées Micron et LSI et sur une partie logicielle développée par EMC pour la gestion de la Flash et le contrôle de l’usure des cellules. Ce logiciel s’exécute sur le serveur et agit comme un « filter driver » pour déterminer quelles données placer dans le cache. EMC considère VFCache comme une extension au monde des serveurs de sa technologie de tiering FAST, bien qu’il s’agisse d’un abus de langage, FAST et VFCache ne coordonnant pas leurs efforts –pour l’instant en tout cas.

VFCache a quelques limitations. Par exemple, seule une carte peut être utilisée par serveur et seuls les serveurs équipés bénéficient de l’accélération. Pour bénéficier d’un cache partagé, EMC préconise d’attendre l’appliance « Thunder ». Selon Barry Ader, le directeur en charge des produits Flash chez EMC, les tests réalisés en interne par le constructeur ont mis en évidence un triplement de la bande passante de stockage et une réduction de 60% de la latence pour les applications connectées à des baies EMC VMAX, VMAXe, VNX et VNXe. VFCache peut aussi être utilisé avec les baies de stockage d’autres constructeurs avec des bénéfices similaires.

Le concept de l’utilisation d’un filter driver pour cacher des données en local n’est pas nouveau, puisque Fusion-io dispose d’une technologie similaire depuis plus d’un an avec sa technologie Direct Cache. Mais EMC a poussé l'exercice un peu plus loin que son concurrent en supportant par exemple le cache de plusieurs volumes, là ou Fusion-io est limité à un volume (sauf utilisation d'un volume manager tiers).

L’idée générale est qu’en stockant dans le cache local les données les plus utilisées, les applications peuvent s’épargner le temps nécessaire pour aller chercher les données sur la baie de stockage. Selon Ader, le fait de coupler VFCache avec une baie de stockage permet une meilleure gestion des données et de meilleures performances sans sacrifier la protection que confère une vraie baie de stockage. Un discours également tenu par les responsables d’EMC France.


Pour EMC, la place des données reste sur les baies de stockage

" Le fait d’utiliser les cartes PCIe Flash comme un stockage local crée quelques problèmes " explique Ader. "Le premier est l’administration du stockage : comment déterminer quelles données doivent résider sur la carte ? Et surtout comment protéger ces données quand elles ne sont pas sur un système capable de délivrer une disponibilité de 99,999% ? Comment également faire évoluer sa capacité de stockage ? Nous pensons que les clients ont à la fois besoin de performances, d’intelligence et de protection".

Fusion-io, jusqu’alors le principal acteur sur le marché des cartes PCIe Flash, argue quant à lui du fait que ses produits permettent de doper les performances des serveurs standards tandis que VFCache est conçu pour compléter des baies très coûteuses. La firme indique que ses produits permettent de se passer d’un stockage SAN.
Arun Taneja, un analyste du Taneja Group, explique que l’arrivée de VFCache est un signe qu’EMC considère les cartes PCIe Flash comme une technologie clé.

“Lorsqu’EMC reconnaît qu’il lui manque un produit, la firme réagit soit avec un produit propre soit en acquérant le meilleur acteur du marché,”indique Taneja. “EMC avait le choix d’acquérir Fusion-io ou de développer un produit qu’il espère meilleur. Ils ont pris la vague[de la Flash PCIe]suffisamment tôt et ils ont maintenant un produit.”

Un des avantages de VFCache par rapport à Fusion-io est que la carte fonctionne en mode mixte, sa capacité pouvant être partagé entre stockage local (par exemple pour stocker des index ou des fichiers de swap)et cache.
EMC n’a pas communiqué le prix de VFCache tout en confirmant sa disponibilité. Selon Ader la carte devrait être proposée à un prix compétitif avec celui des autres solutions du marché.

La première étape d'une stratégie plus ambitieuse

EMC prévoit aussi des améliorations futures comme le support de la déduplication pour les données en cache, une meilleure intégration avec ses baies, le support d’un mode cluster actif-actif ainsi que la disponibilité de capacités plus larges.
EMC indique aussi qu’il débutera un programme pilote pour sa baie Thunder qui utilisera probablement InfiniBand ou une interface Ethernet rapide comme interface de connexion( EMC se borne pour l’instant à mentionner le support de RDMA, qui est une caractéristique d’Infiniband (et aussi du 10Gigabit Ethernet même si le support de la technologie n’est pas aussi mûr sur Ethernet que sur Infiniband

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