Hausse des tarifs EDF, un levier supplémentaire pour le Green IT

La hausse des prix de l'électricité en France devrait contribuer à maintenir l'énergie au poste de dépense n°1 des entreprises et des datacenters. Quelle que soit son impact immédiat, l'augmentation annoncée devrait jouer l'effet d'un levier sur la mise en place de stratégie de Green IT. Et venir en soutien de programmes de longue haleine qui auraient pu être gelé en période de crise.

C'est officiel : la facture d'électricité a augmenté de 2,3% en moyenne en France ce samedi 15 août. Une hausse de 1,9% pour les particuliers et de 4 à 5% pour les entreprises, a précisé EDF. A l'heure où la consommation énergétique et la réduction des coûts associés restent l'enjeu n°1 des entreprises IT, cette augmentation met en pleine lumière les programmes Green IT. Du coup la question de l'accélération du déploiement de plans plus verts pour les datacenters de l'Hexagone se pose pour les exploitants ou constructeurs, même si finalement cette hausse fait toujours de la France l'un des pays européens à la facture la moins élevée...

C'est une des conséquences possibles selon Thierry Derom, ingénieur d'affaire chez APL France, société spécialisée dans la conception de datacenters. Selon lui, cette hausse du prix de l'électricité, même si finalement tout le monde y a été sensibilisé en amont par EDF, doit faire prendre un peu plus conscience aux acteurs de l'IT des méthodes de réductions énergétiques et de leurs mises en place dès la construction des salles informatiques. « Le Green IT est un concept sur lequel nous travaillons depuis plusieurs années maintenant, souligne-t-il, tout en relativisant cette hausse. Nous nous efforçons ainsi d'amortir les augmentations qui de toute façon étaient prévues ». En clair, si l'augmentation des tarifs permet de soutenir un discours global sur la nécessité de faire des efforts ces derniers s'inscrivent dans une logique de longue haleine, audelà des variations tarifaires éventuelles.

D'autant que si cette augmentation débouchera sur une facture finale plus salée, la note présentée aux entreprises de l'Hexagone demeure tout de même parmi les moins chères d'Europe. Eurostats, l'institut de sondage de l'Union européenne, rapporte ainsi qu'en 2008 le prix de l'électricité pour les industries de taille moyenne en France était l'un des trois plus bas de la zone Europe. Derrière l'Estonie et la Bulgarie.

Un argument des prix bas souvent évoqué par la direction d'EDF mais qui n'a pourtant pas touché les entreprises, toujours avides d'économie souligne Loïc Renaudon, directeur des infrastructures sécurisées et de l'hébergement des plates-formes de services chez France Télécom. L'ex-dirigeant du projet Eco Center affirme que « les hausses de tarifs de l'énergie sont toujours un levier pour les projets Green. Quand les prix sont hauts, la recherche pour optimiser les coûts est mise en avant ».

Selon lui, c'est la virtualisation – l'un des piliers du Green IT – qui pourrait en bénéficier. Le projet Eco Center a ainsi permis de générer une économie de quelque 2,1 mégawatts grâce à la virtualisation de quelque 9 000 serveurs.

Des projets de centres plus verts

La hausse des prix engendre donc un cercle virtueux dans la mesure où elle ajoute à l'argumentaire de ceux qui poussent à une rationalisation de la consommation des datacenters. Aujourd'hui, un datacenter de 4 000 m2 moyen en France consomme environ 2 KWh/m2 (avec un PUE de 2). L'objectif des nouveaux centres de données est de faire passer le PUE sous la barre des 1,5, voire sous 1,3 pour les datacenters HQE (haute qualité environnementale) avec réutilisation de la chaleur produite.

Hausse des prix ou pas certains ont déjà pris de l'avance en terme d'optimisation de la ressource comme Natixis Altaïr dont le projet Antarès vise à la création d'un data center à Val d'Europe (Seine et Marne), étendu sur 6 ha, et qui doit réutiliser la chaleur produite pour chauffer le futur centre aquatique intercommunal. Un pilote qui devait faire école.

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