Taxe carbone : François Fillon ne fait qu'égratigner le GreenIT

La décision du gouvernement français de ne pas inclure la consommation électrique dans la taxe carbone va-t-elle freiner les (embryonnaires) projets GreenIT ? Non, selon les professionnels interrogés. Les entreprises considèrent la problématique verte comme un vecteur de rationalisation de coûts, qui s'inscrit dans le long terme. Et une éventuelle décision européenne, qui viendrait contredire les orientations gouvernementales, plane comme une épée de Damoclès.

La très attendue taxe carbone ne portera pas sur l'électricité, a déclaré le Premier ministre français François Fillon au Figaro. Cette taxe prévue pour 2010, dont le montant devrait atteindre 14 euros par tonne de CO2 rejeté, épargnera ainsi la consommation électrique des entreprises. Raison invoquée à cette exception : en France, l'électricité est « majoritaire fournie par le nucléaire », pour reprendre les propos du Premier ministre.

La France, terre d'accueil pour datacenters
En limitant le champ d'action de la taxe carbone et avec un prix de l'électricité parmi les plus bas d'Europe – en dépit de la très récente hausse - , l'Hexagone devient une terre d'accueil pour datacenters étrangers. «En terme de prix, il existe un écart réel avec les autres pays européens», confirme Fabrice Coquio (directeur général de l'hébergeur Interxion), tout en parlant de différence de l'ordre de 20 % sur une facture finale. « Depuis un ou deux, certaines entreprises étrangères s'installent chez nous ces raisons ». Mais attention cette attractivité reste fragile. « Nous avons un avantage à un instant T, mais il existe une réelle complexité à identifier le prix de Kw/h. […] Allons nous préserver cet atout ? Certainement avec le prix du nucléaire. A condition que le coût du traitement des déchets de cette filière ne soit pas, un jour, inclus dans le calcul final ».
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De facto, c'est un des principaux arguments des tenants du GreenIT, qui vise la mise en place d'une IT moins énergivore, qui tombe. Si l'épée de Damoclès, nom que certains observateurs donnait à cette taxe carbone, disparaît, les entreprises ne vont-elles pas renger dans les cartons les projets d'optimisation énergétique de leurs datacenters ? Non, veulent croire les professionnels que nous avons interrogés.

Conscience écologique naissante

Pour Philippe Roux, responsable du programme GreenIT et datacenter chez HP, le fait que la taxe carbone ne touche pas l'électricité ne constitue en rien un frein aux projets "verts". « Les entreprises, dans tous les projets, ont toujours besoin de rationaliser leurs coûts. Taxe ou pas taxe, il existe de toute façon un intérêt financier réel à réduire la consommation énergétique », explique-t-il.

Même analyse conjoncturelle chez Fabrice Coquio, président du Cesit (Comité des exploitants de salles informatiques et télecoms) et directeur général d'Interxion, exploitant de datacenter, qui rappelle combien l'environnement est dans la conscience collective. Mais surtout souligne que cette décision s'inscrit dans une politique de sortie de crise, « avec des problèmes de relance économique. Il s'agit de ne pas casser la reprise ». Et ajoute : « la décision ne remet pas en cause la politique de GreenIT, car nos clients sont à la recherche de bâtiments où l'efficacité énergétique est de rigueur ».

Taxe en vue à l'échelon européen

D'autant que l'Europe veille. La Commission européenne a en effet rédigé un code de conduite (Code of Conduct) pour les datacenters. Reposant pour l'heure sur une démarche volontaire des entreprises souhaitant le ratifier, ce code pourrait se transformer en une loi... avec un périmètre d'action plus large. « La taxation pourrait porter sur l'efficacité énergétique, par exemple », commente Fabrice Coquio.

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