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Datacenter et énergie : les opérateurs doivent se préparer à un durcissement de la régulation

Le spécialiste de la colocation Digital Realty affirme que les opérateurs de datacenters doivent se préparer à un durcissement des régulations en matière de niveaux d’émission et de gestion de l’énergie.

Le marché des datacenters doit revoir son approche en matière de développement durable avant que de nouvelles régulations en matière d’émission et de gestion de l’énergie entrent en vigueur, a alerté Digital Realty, le spécialiste de la colocation.

Lors d’un entretien chez nos confrères britanniques de ComputerWeekly (groupe TechTarget, propriétaire du MagIT), Ricky Cooper, vice-président EMEA chez Digital Realty, a expliqué que les émissions carbones de l’industrie du datacenter avaient atteint un niveau tel qu’il fallait attendre une réaction des régulateurs.

« Si l’on considère l’avenir avec les autos sans chauffeur, l’Internet des objets et la croissance des objets connectés dans la santé, il est évident que le besoin en datacenters va grandissant. Le secteur est en train d’exploser, mais nous n’en sommes qu’au début », affirme le vice-président.

« Les émissions sont aujourd’hui plus élevées que celles du transport aérien – un secteur déjà très réglementé. C’est donc juste une question de temps avant que cela ne vienne toucher le secteur des datacenters – mais comment se prépare-t-on pour cela ? », s’interroge-t-il.

Les opérateurs de datacenters sont sous pression depuis des années, notamment poussés par Greenpeace, pour augmenter leur utilisation d’énergies renouvelables, et pour améliorer globalement l’efficacité énergétique de leurs sites.

Certains ont déjà tiré la sonnette d’alarme sur les niveaux élevés de consommation énergétique de l’industrie du datacenters, comme l’Institution of Mechanical Engineers, pointant du doigt les risques que cela comportait en matière de gestion d’approvisionnement.

Via l’implication de Digital Realty dans l’European Datacenter Association, Ricky Cooper confirme savoir que les questions d’efficacité énergétique des datacenters sont déjà débattues à Bruxelles. Mais, à date, les discussions se sont limitées aux côtés serveur et stockage du problème. Selon lui, les régulateurs européens ont déjà évoqué la mise en place d’un programme de labellisation en matière d’énergie adapté aux serveurs et aux équipements de stockage – identique à celui mis en place pour repérer la consommation énergétiques des produits de grande consommation. Le problème avec cette approche : cela ne prend pas en compte les autres composants qui contribuent eux-aussi à la consommation énergétique, ce qu’une réglementation efficace devrait par ailleurs faire, ajoute-t-il.

Même  si ces régulations sont en cours d’élaboration, les opérateurs de datacenters devraient réfléchir à des actions préventives et améliorer pro-activement l’efficacité énergétique et les émissions de leurs sites. « Je pense que ces nouvelles règles sont inévitables et vont devoir être appliquées. Vous devez au moins les prendre en compte dans votre stratégie de construction de datacenters, car la mise en place de nouvelles régulations peut remettre en cause vos investissements et tout changer », soutient encore Ricky Cooper.

« Il y a toujours un coût associé aux régulations, et c’est ce qu’il faut retenir. Que ce soit autour de la pollution ou d’autre chose, cela peut au final devenir très couteux pour l’industrie des datacenters. »

Repositionner les sites

L’urgence de cette refonte est davantage prononcée chez les opérateurs britanniques, soulignent nos confrères, citant des sites âgés qui doivent être rénovés. Ceux disposant de sites intra-muros pourraient alors les vendre pour se donner les moyens financiers de construire d’autres sites plus efficaces d’un point de vue énergétique, mais en dehors des zones urbaines.

« La bonne nouvelle pour ces sites est qu’ils semblent avoir conservé leur valeur. Les repositionner n’est donc pas un problème, et les coûts de construction d’un centre en dehors de la ville peuvent être compensés. »

Dans cette même idée, Ian Bitterlin, un spécialiste du secteur, évoque le fait de construire ces usines dans les sous-sols des hôtels et ainsi alimenter les bâtiments en chauffage.

Ricky Cooper pense que l’idée est intéressante – surtout si le potentiel est bon pour repositionner ces datacenters intra-muros dans des usages commerciaux. « Ces sites sont déjà bien connectés, et c’est que vous attendez d’un datacenter à l’ère de l’Internet des objets », lance-t-il.

 

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