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Datacenters : Data4 obtient l’un des nouveaux contrats CAPN d’EDF
Succédant au système ARENH, le nouveau système commercial d’EDF réduit la quantité d’électricité nucléaire achetable à un tarif préférentiel. Pour les gros consommateurs d’énergie, comme les datacenters, il devient critique de parvenir à en obtenir.
Data4 se félicite d’avoir signé l’un des premiers Contrats d’allocation de production nucléaire (CAPN) qu’EDF propose désormais aux plus gros consommateurs d’énergie. Ce contrat engage Data4 à acheter, entre 2026 et 2037, un volume de 230 GWh d’électricité par an. En retour, EDF s’engage à lui proposer un tarif préférentiel pour cette électricité et à la lui fournir avec une puissance de 40 MW.
Les CAPN succéderont en 2026 à l’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) qu’EDF proposait jusqu’ici directement aux industriels (dont les gros datacenters) et aux fournisseurs d’électricité. Ces contrats consistent à répartir une quantité donnée d’électricité d’origine nucléaire entre des clients qui peuvent l’acheter à l’avance.
Un enjeu économique…
Très avantageux, l’ARENH représentait un volume disponible de 100 TWh par an vendus à un coût fixe de 42 € par MWh consommé. Les CAPN n’ont plus qu’un volume annuel de 10 TWh à partager, ce qui réduit d’autant les consommations facturées à un tarif préférentiel. Réussir à obtenir un CAPN devient donc d’autant plus critique pour une chaîne de datacenters que, selon les estimations de RTE, la part de consommation électrique de ce secteur devrait doubler d’ici à dix ans.
Les data centers représentent environ 2 % de la consommation électrique en France et les projets de construction de nouveaux sites devraient faire passer cette part à 4 % en 2035. La France produit actuellement un peu moins de 540 TWh par an ; 50 TWh ne sont pas consommés sur place, mais exportés vers le reste de l’Europe. Mis bout à bout, cela signifie que plus de la moitié de l’électricité consommée par les datacenters ne pourra pas être achetée via un CAPN.
Par ailleurs, le tarif du mégawattheure dans un CAPN devient variable, essentiellement selon la demande. EDF avait précédemment annoncé un prix de départ de 70 €/MWh.
Notons enfin que la quote-part de CAPN se fait plutôt à présent sur le partage de la puissance disponible à un instant T, laquelle est arbitrairement fixée à 1,8 GW pour l’ensemble des CAPN. Mais cela ne change rien à la pénurie de contrats peu chers.
… plus qu’écologique
Le communiqué commun publié par les deux cosignataires fait la part belle à une énergie « bas carbone », entretenant la confusion entre les 40 MW de puissance que Data4 consommera sur le réseau électrique national à un instant T et les 40 MW issus de centrales nucléaires qu’EDF injectera en même temps dans ce réseau.
Si l’électricité nucléaire peut effectivement être considérée comme peu émettrice de gaz à effet de serre, le courant qui circule sur le réseau national mélange la production de différents types de centrales. Parmi celles-ci, outre le nucléaire, on trouve des éoliennes, des panneaux solaires, mais aussi des centrales thermiques au charbon, au fioul ou au gaz qui, elles, ne sont absolument pas « bas carbone ».
Dans les faits, tout le monde profite en France d’une électricité moins carbonée qu’ailleurs en Europe ou aux USA, grâce au mix énergétique local. Le charbon, le fioul et le gaz ne sont utilisés qu’exceptionnellement sur le territoire (5 % de la production), pour faire correspondre en temps réel la production avec la consommation. Ils compensent le caractère aléatoire de l’éolien, de l’hydraulique et du solaire, mais aussi la lenteur à réajuster l’énergie nucléaire.
Le mix énergétique de la production d’électricité en France peut être suivi au quotidien depuis des consoles comme éCO2mix de RTE.
Des coûts supplémentaires pour faire baisser le bilan carbone
Cependant, le fait d’acheter ces 40 MW via un CAPN octroie à Data4 la possibilité d’acheter, en plus, des bons GO (Garantie d’Origine). Ces bons stipulent que la consommation aura suscité une production équivalente d’énergie décarbonée par EDF. Ils permettent à un client de réduire son bilan carbone dans sa comptabilité. Selon la centrale qui les délivre, les bons GO peuvent coûter entre 2 à 10 €/MWh.
Afficher un bilan carbone faible est critique pour le secteur des datacenters. Ils sont régulièrement pointés du doigt pour leurs dépenses en énergie carbonée aux USA, où ils sont censés pousser comme des champignons, alors que l’énergie fossile y représente 80 % de la production d’électricité. De manière plus globale, les data centers font aussi une grande consommation d’eau, qu’ils recrachent dans la nature avec une température plus élevée de 10 à 20 °C.
Pour obtenir des bons GO, les datacenters peuvent également souscrire à des contrats PPA (Power Purchase Agreement), alias Cader en français (Contrat d’achat direct d’énergies renouvelables), l’équivalent des CAPN pour les éoliennes et les panneaux solaires. L’électricité est toujours la même, celle du réseau national, et les tarifs que les clients s’engagent à payer pendant plusieurs années varient aussi selon la demande, aux environs de 65 à 85 €/MWh, selon le cabinet Energies Dev Consulting.