Nokia

En 2016, Nokia a limité la casse (mais pour combien de temps ?)

Malgré des résultats 2016 plutôt encourageants, l’ombre de Huawei plane lourdement sur l’avenir de l’équipementier finlandais. Tout comme d’ailleurs sur celui de l’autre européen du secteur, Ericsson.

Côté pile, Nokia a surpris les marchés. Malgré un quatrième trimestre en baisse, comparé à celui de 2015, l’équipementier est tout de même au-dessus des attentes avec un bénéfice de 940 millions d’euros (-25%) et un CA en recul de 13% sur la période.

En clair, le finlandais a accéléré ses restructurations et son plan d’économies (1,1 milliard d’euros contre 800 millions prévus à l’origine).

Côté face, Nokia (avec Alcatel) n’a réalisé « que » 24 milliards de CA sur tout 2016. Rappelons que 2016 est l’année de l’intégration d’Alcatel dans les comptes du finlandais. La structure Nokia + Alcatel avait généré 26,6 milliards en cumulé sur 2015. Le duo est donc peut-être en train de créer des synergies à marche forcée, mais il a tout de même perdu 12% de son CA.

Plus préoccupant encore, sur l’année 2016, Nokia (avec Alcatel) affiche un résultat net opérationnel en très net recul à 2.2 milliards (-25 %).

Une concentration de plus en plus forte du marché

Plus globalement, le marché des équipementiers Telecom (radio) a connu une concentration considérable ces dernières années. A tel point qu’il est devenu un jeu à quatre acteurs : Nokia, Ericsson, ZTE et Huawei.

Motorola, Nortel, Alcatel, Lucent ou encore Siemens ont tous disparu ou été rachetés.

Plusieurs problèmes risquent de surgir pour les survivants européens. Ils ne sont en effet pas les mieux placés dans les nouvelles technologies Telecom (comme MIMO). La plupart des développements initiaux ont eu lieu aux Etats-Unis pour le Wi-Fi.

Résultat, Ericsson (25 milliards de dollars de CA en 2016, en recul de -10 %) est devenu une cible potentielle d’acquisition pour Cisco. En lui apportant son activité « radio », le suédois serait un complément logique à l’activité de cœur de réseau de l’américain.

Quant aux chinois, ils ont beaucoup investi pendant que les européens pansaient leurs plaies. Et si ZTE reste modeste (environ 8 milliards de dollars en 2015), Huawei ne cesse de grossir.

Le Juggernaut Huwaei

Face aux 24 milliards d’euros de CA de Nokia, Huawei Carrier Business (la division opérateur du chinois) avoisinait déjà les 37.6 milliards de dollars en 2015. Mieux, le chinois est sur une pente ascendante ce qui en fait aujourd’hui le leader incontesté.

Et une réelle menace pour Nokia.

Car si la division opérateur de Huawei continue à progresser à vitesse grand V (+32% sur 2016) pendant que Nokia et Ericsson reculent, elle pourrait rapidement devenir aussi grosse que ses deux suiveurs.

Huawei serait alors dans la position d’un « Winner takes all » sur le marché, un mastodonte capable de faire des économies d’échelle énormes, épaulé par le gouvernement chinois, et dont les prix sont dumpés grâce à une monnaie volontairement sous-évaluée.

Le fait que Nokia – via Alcatel – produise en Chine ne ferait alors qu’ajouter une pointe d’ironie à l’histoire de cette naissance quasi-annoncée d’une position ultra-dominante du champion asiatique.

Avec Christophe Bardy

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