AMD se désengage de GlobalFoundries

Le fondeur a annoncé hier avoir cédé sa participation dans son ex-filiale en charge de la fabrication de CPU et avoir renégocié les accords contractuels liant les deux sociétés. Désormais "fabless", AMD pourra choisir librement à quel fondeur il souhaite confier la production de ses différentes puces.

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AMD a annoncé hier qu'il a amendé sa relation avec GlobalFoundries, coupant définitivement tout lien capitalistique avec son ancienne filiale en charge de la production de processeur. La première conséquence de l'annonce est la cession à GlobalFoundries des 14% de capital qu'il détenait encore dans son ex-filiale de fabrication de processeurs. Une cession qui fait définitivement d'AMD une société "fabless".

Une rupture à 703 M$

Cette "rupture" du contrat initial devrait se traduire par une provision de 703 M$ sur l'année fiscale 2012, dont 425 M$ correspondant à des versements en cash à GlobalFoundries (qui s'étaleront sur 2012 et 2013) et 278 M$ pour compenser la cession à titre gracieux des parts d'AMD dans son ex-filiale à GlobalFoundries. Rappelons qu'à l'origine AMD pensait que sa participation dans GlobalFoundries aurait un jour une valeur élevée et que l'annonce de ce jour est une admission que ce plan ne s'est pas déroulé comme prévu.

La séparation s’accompagne ainsi d’une renégociation des liens contractuels entre les deux sociétés. AMD est ainsi désormais libre de choisir le meilleur fabricant pour ses puces, l’accord d’exclusivité sur la fabrication des APU (les fameuses puces AMD qui mixent CPU et GPU) qui liait AMD et GlobalFoundries est ainsi rompu. Le développeur de processeur pourra ainsi confier librement une partie de sa production à GlobalFoundries ou à ses concurrents comme le Taïwanais TSMC.

Le partenariat entre les deux sociétés officiellement conforté

Le partenariat entre les deux sociétés sur le développement de nouvelles technologies de gravure est maintenu et AMD s'est évertué à indiquer que la renégociation n'avait pas pour but d'établir une seconde source pour la production des processeurs fabriqués chez GlobalFoundries. Par exemple, Thomas Seifert, le direceur financier d'AMD, a expliqué que GlobalFoundries, qui fabrique aujourd'hui la puce mobile Llano et fabriquera sa remplaçante (baptisée Trinity) en 2012, fabriquera aussi en 2013 la puce mobile qui succédera à sa puce Trinity en 28 nm. Dans le même temps, Thomas Seifert a confirmé qu'AMD fera fabriquer des produits en 28nm chez GlobalFoundries et TSMC (ce dernier fabrique notamment les puces graphiques d'AMD). Seifert s'est toutefois refusé à fournir des informations sur la façon dont AMD compte répartir sa production entre ses différents fondeurs, mais a indiqué espérer une croissance de 5% de ses ventes de processeurs en 2012, une croissance qui, selon la société, lui permettra de gagner des parts de marché.

Des prix renégociés pour la fabrication des processeurs

La renégociation contractuelle porte aussi sur le prix des puces. L'accord initial entre AMD et GlobalFoundries prévoyait un prix fixe pour l'achat de tranches de silicium et un engagement de capacité entre les deux sociétés. Il avait déjà été amendé pour prendre en compte l’aptitude de GlobalFoundries à produire des puces fonctionnelles sur une tranche donnée (le fameux « yield »). Le désengagement d'AMD s'accompagne d'une nouvelle renégociation. 

AMD a ainsi négocié un nouveau cadre de prix fixe sur ses tranches de silicium pour les années 2012 et 2013. Un cadre qui, selon Seifert, illustre la confiance d’AMD dans l'aptitude de GlobalFoundries à atteindre les objectifs de « yield » espérés et qui implicitement pourrait se traduire par une amélioration des marges. En payant un prix fixe par tranche, AMD fait en effet le pari que le nombre de processeurs fonctionnels par tranche s'améliorera et donc que le coût unitaire des processeurs baissera - d'où l'espoir de meilleures marges.

Terminons avec quelques considérations financières : AMD a débuté 2012 avec 2 Md$ en trésorerie. La firme doit rembourser environ 500 M$ de dettes dans le courant de l'été, payer 425 M$ à GlobalFoundries et débourser plus de 250 M$ de cash pour l'acquisition de SeaMicro. Selon Seifert, la trésorerie générée par les activités de la firme devrait lui permettre de terminer l’année avec un peu plus de 1,5 Md$ de trésorerie. Un montant que Thomas Seifert a jugé satisfaisant - il est vrai que la firme n'a plus besoin d'investir des milliards dans sa capacité de production, cette dernière étant désormais externalisée. Pour mémoire, AMD a réalisé un CA de 6,5 Md$ en 2011 et un bénéfice net de 374 M$.

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