L’Open Data dans les media : une voie vers la modernisation

La démarche de l’Open Data commence à murir. Le temps où on croyait que le phénomène était limité au secteur public est terminé. La France a ceci de particulier : le secteur privé s’est emparé de la question plus vite qu’ailleurs, et ce, pour le meilleur. Les synergies entre acteurs commencent à porter leurs fruits et les retours sur investissements sont de plus en plus clairs. Cette série a pour objectif de faire un état des lieux, secteurs par secteurs, des initiatives data et Open Data dans l’entreprise. Ce premier épisode porte sur l’industrie des media.

L’Open Data est un monde assez fascinant parce qu’il fait le lien entre des univers très différents. Né d’une démarche à la fois gouvernementale et technologique, le concept est aujourd’hui beaucoup plus étendu. Surtout, les données ouvertes peuvent avoir une influence sur nombre de secteur. Lorsque l’on nous demande quelles sont les données ouvertes les plus utilisées, quelles sont les données qui génèrent le plus de trafic, notre réponse est la suivante : ce ne sont pas les données de transparence des ministères ni celles portant sur  les budgets des villes mais bien celles liées aux  évènements et autres manifestations.

Par exemple, une carte intégrée des données ouvertes des vides greniers de Bretagne est un vecteur d’audience à fort potentiel. Les données de tous les évènements des Journées Européennes du Patrimoine ont chaque année un succès fou. Ces données parlent à tout le monde, elles peuvent toucher n’importe qui. Et qui mieux que les médias, et en particulier la presse quotidienne régionale pour mettre en valeur ces données et apporter l’information à ses lecteurs ?

Le secteur des médias a ceci d’intéressant :cela a été un des premiers secteurs mis en péril par la vague du numérique. Des acteurs anciens de la presse écrite aux pure players, en passant par les régies publicitaires des télévisions : tous sont parfaitement imprégnés des intermédiations et de l’importance de laudience si caractéristiques du numérique.

Malgré son rôle de pionnier, la transition numérique de ce  secteur n’est pas achevée. La campagne présidentielle américaine a mis en valeur un manque de confiance et une incapacité, malgré des moyens très importants investis dans le fact-checking et autre data-journalisme, à s’imposer face à la puissance d’intermédiation des réseaux sociaux. Le président élu a dépensé deux fois moins en spots publicitaires que sa concurrente, mais est un utilisateur assidu de Twitter depuis 2009. Une bonne partie des médias, y compris des pure-players comme FiveThirtyEight (qui ont misé sur du contenu très travaillé) en ressortent affaiblis. 

En France, le groupe Ouest-France, avec sa plateforme InfoLocale, développe certainement un des projets les plus aboutis autour de données ouvertes. En centralisant 600 000 annonces d’évènements par an, saisies par 80 000 acteurs différents (dont 60 000 associations), et en les redistribuant sous forme d’open data, le groupe media se place au coeur de l’écosystème. Le ROI devient alors assez évident, puisqu’il est facile de mesurer l’audience des pages ou parutions relatives aux évènements locaux (que ce soit une simple page web ou le guide complet des vides greniers 2016). Surtout le coût de la désintermédiation qu’aurait pu supporter le groupe en n’adressant pas cet élément clé de l’actualité locale, est facile à calculer.

Un autre exemple : MediaEdge est un groupe de média canadien qui rassemble des données provenant de sources différentes sur les restaurants de Toronto. Les données agrégées et enrichies d’informations contextuelles prennent tout leur sens et sont ensuite monétisées par le groupe. Encore une fois, le média distribue intelligemment des informations hyperlocales et en retire des bénéfices.

Comment démarrer un projet Open Data

Ces exemples ne répondent certainement pas aux questions plus larges des modèles économiques de la presse ou de la réaction à l’influence croissante des réseaux sociaux. Mais ce sont des exemples intéressants qui peuvent s’appliquer à nombre d’industries,

Tout est finalement question de point de départ et de méthode à appliquer pour mettre en place une stratégie centrée sur la donnée ouverte. Il convient de se poser quelques questions qui définissent clairement l’amorce du projet :

  1. Quel est mon positionnement ? Qu’attendent mes clients et de quoi ont-ils besoin ? 
  2. Comment développer un écosystème et animer un réseau ? Quelles sont les données externes qui pourraient enrichir les données internes ? Quelle valeur est partagée ?
  3. Comment monétiser ces données ? Quels ROI ? 

Passionné d'Open Data depuis 5 ans maintenant, Nicolas Terpollili a rejoint OpenDataSoft en tant que Chief Data Officer. OpenDataSoft propose un outil qui permet à de plus en plus de clients de valoriser leurs données simplement et efficacement. Son rôle est de faire en sorte qu'il y ait de plus en plus de données disponibles sur la plateforme, qu'elles circulent de plus en plus facilement et, surtout, qu'elles soient de plus en plus réutilisées.Nicolas est diplômé de l'Ecole Centrale de Lille. Après avoir travaillé sur l'Open Data à Manchester, il fait l'aller retour entre activités d'entrepreneur et de freelance avant de rejoindre OpenDataSoft à l'été 2015.

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