Sigfox lance une alternative au GSM pour faire communiquer les objets

Après trois ans de mise en place discrète, la société toulousaine Sigfox se lance comme opérateur de réseau pour le M2M. Son secret ? Elle ne s’appuie pas sur le réseau GSM, mais sur des ondes radios UNB (Ultra Narrow Band).

Un nouveau réseau cellulaire a vu le jour en France. Ne cherchez pas ses abonnés, il ne concerne que des objets et ne s’appuie pas sur la norme GSM classique. La société toulousaine Sigfox vient en effet de se lancer comme opérateur spécialisé dans le M2M (Machine-to-machine). Il veut se distinguer de ses concurrents GSM en proposant un réseau en bas débit adapté aux besoins basiques des objets (signaler un incident, envoyer un relevé de consommation, etc.) et économique.

Pour cela, la société s’appuiera sur des ondes radios opérant dans des fréquences « libres » (68 MHz, 463 MHz et 868 MHz selon eux, l'Arcep précisant que seule la dernière est libre, les autres étant réservées au CSA et à l'Armée) avec des émissions sur une bande ultra-étroite de l’ordre de la centaine de Hertz. L’objet à connecter est équipé d’un modem et l’antenne captant le signal est, elle, connectée à Internet pour transmettre les informations reçues. La société se vante que dans des conditions optimales, ses antennes seraient capables de couvrir des cellules de 900 km2, ayant réussi, lors de tests, à capter à partir du Pic du midi le signal d’un objet situé à Poitiers (un peu plus de 450 kilomètres en ligne droite sans zone fortement peuplée).

Avec moins de mille antennes, la société veut couvrir l’ensemble de la métropole d’ici à la fin de l’année, avant de s’attaquer à l’international en 2013 (Royaume-Uni, Allemagne, Espagne) et de couvrir toute l’Europe d’ici à la fin 2014. Pour l’instant, avec une centaine d’antennes, Sigfox couvre les sept plus grandes métropoles de France et satisfait aux besoins de ses dix premiers clients professionnels.

Un abonnement de quelques euros par an

Parmi eux, Clear Channel compte équiper d’ici la fin de l’année l’ensemble de ses 12 000 panneaux publicitaires déroulants pour détecter les pannes et régler la programmation à distance, faisant ainsi économiser 500 000 kilomètres par an à ses équipes de maintenance. Tous les panneaux de la zone Atlantique Sud (autour de Bordeaux) utilisent déjà le réseau de SigFox, et en septembre 2012 les 2000 panneaux installés en région parisienne les rejoindront. Si le client n’a pas voulu dévoiler les termes financiers de son contrat, Sigfox parle d’un abonnement de quelques euros par an et par objet connecté, en espérant passer sous la barre de l’euro par an et par objet. L’entreprise compte également ouvrir d’ici 2 à 3 ans son service aux particuliers avec une offre de 10 €/an pour connecter l’ensemble de ses objets. Elle prévoit d’atteindre son équilibre financier fin 2014, avec un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros cette année-là (contre 2 millions d’euros attendus pour 2012).

La solution de Sigfox serait-elle le miracle attendu pour l’explosion du M2M ? Il reste quelques points à vérifier. Dans les bandes des 60 MHz et des 400 MHz, certaines fréquences sont réservées (notamment pour l’utilisation de micro HF). Dans des zones extrêmement peuplées comme les grandes villes, comment Sigfox va-t-il gérer les cas de saturations de fréquence ? D’autre part, même si la technologie propriétaire de Sigfox est brevetée dans le monde entier, elle s’appuie sur des principes connus depuis la Première Guerre mondiale. Rien n’empêcherait une société employant des radio-amateurs de créer leurs propres réseaux en achetant le matériel technologique à des concurrents américains ou chinois. Sigfox est parti avec une bonne avance, mais elle va devoir la conserver pour continuer la course en tête.

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